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En 2014, l’auteure des chroniques Défis parents et Jongler avec sa vie au quotidien a relevé un défi de la Fondation Esprit de Corps. Ce défi, offert aux chefs de famille monoparentale, consistait à vivre une expérience unique en escaladant le mont Washington. Au-delà du défi physique, Renée va prendre conscience des contributions que la monoparentalité apporte à son développement personnel.

– TABLE DES MATIÈRES –

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Mais qu’est-ce qui m’a pris au juste?

26 août 2014

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C’est par hasard que j’ai eu vent de ce défi. En fait, on sollicitait mon entreprise pour en faire la promotion. La Fondation Esprit de Corps et ses défis étant peu connus dans la région de Québec, et mon entreprise touchant directement leur clientèle, c’est avec curiosité et plaisir que j’ai accédé à leur demande (en prenant soin toutefois d’aller voir moi-même au préalable de quoi il s’agissait exactement). Et voilà que je trouve ça très intéressant, en me disant que je pourrais peut-être moi-même y participer. Donc, je plonge, je remplis le formulaire d’inscription et quelques semaines plus tard, je reçois un courriel me disant que ma candidature avait attiré l’attention. J’étais donc sélectionnée!

 

Wow! C’est bien vrai alors, je participerai, avec un groupe de 15 parents uniques* comme moi, au Défi Washington qui se déroulera du 12 au 14 décembre prochain avec la Fondation Esprit de Corps. Mais qu’est-ce qui m’a pris au juste de me lancer dans cette folle aventure où je devrai gravir le mont Washington au moment le plus hostile de l’année dans le froid et le vent le plus intense?

 

D’abord, je trouve l’idée de me retrouver avec un groupe de parents uniques très intéressante. Quand on mène notre barque seule, avec deux enfants depuis quelques années, on apprend à se débrouiller souvent seul, à en prendre beaucoup sur ses épaules, à voir au bien-être de tous tout en assurant la survie financière de la maisonnée. Ce ne sont pas les défis qui manquent. Mais ceux qui me connaissent savent que je suis une femme de défi. Je n’ai jamais hésité à foncer pour atteindre les objectifs que je me fixais.

 

Mais qu’en est-il des autres qui sont dans la même situation que moi? Je constate qu’on a, pour la plupart, un apprentissage important à faire : demander et accepter l’aide des autres. J’ai lu des témoignages de participants et ça m’a donné le goût d’aller à la rencontre d’autres parents uniques, de partager et de vivre avec eux cette expérience hors du commun pour en ressortir plus grande, plus riche.

 

Par ailleurs, je crois que ce défi me permettra de mettre en perspective ma vie actuelle, les défis passés comme parent unique et les traces qu’ils ont laissées ainsi que les défis à venir et les apprentissages que je veux en retirer.

 

Donc, je me propose de vous partager les réflexions que m’inspirera ce défi, en particulier, ce que j’apprendrai sur les défis d’un parent unique.

 

Le défi commence officiellement le 4 septembre alors merci de me suivre dans cette aventure et de partager à votre tour vos commentaires et réflexions.

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* Parent unique : chef de famille monoparentale. Une famille monoparentale est dirigée par un père seul ou une mère seule qui a la charge d’un ou de plusieurs enfants. Le parent seul habite le même logement que son ou ses enfants. Ainsi, une mère ou un père qui vit avec un conjoint ou une conjointe (même en union libre) ou dont son ou ses enfants ont quitté le domicile familial ne constitue pas une famille monoparentale.
Source : Quelques constats sur la monoparentalité au Québec, Conseil du statut de la femme, mars 2019

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2 septembre 2014

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J’ai le sentiment d’avoir déjà commencé mon défi Washington.

Réveillée tôt, je suis sortie pour aller courir comme à l’habitude. Mais portée par une inspiration subite, j’ai fait demi-tour pour prendre la direction du Cap-blanc et suivre l’exemple de deux membres de la cohorte de parents uniques qui participeront avec moi à ce défi.

Dans le fond, je voulais surtout aller tâter le terrain avant de me lancer avec les autres. Je suis habituée à montrer le chemin. Comme parent, comme psychologue, comme coach, comme conseillère. Donc, je ne veux pas être prise au dépourvu.

De plus, je ne savais pas où se trouvait le Cap-Blanc. J’en avais vaguement entendu parler. Mais pas question de demander aux membres du groupe. Je me suis débrouillée seule, comme je le fais toujours. C’est moi qui montre le chemin. Et puis, je suis supposée le savoir non?

Arrivée sur place, je commence la montée, tout en observant les autres qui s’entraînent sur place et essayant de glaner quelques trucs mine de rien. J’arrive plus rapidement que souhaité à bout de souffle. Ouais, ce sera réellement un défi, mais ça, je le savais déjà. Tout de même, je suis contente, car je pourrai quand même montrer le chemin… un peu.

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Donc, satisfaite de ce premier défrichage de terrain (et de muscles), je me rends quelques jours plus tard à mon premier entraînement collectif non officiel avec quatre autres membres du groupe au Cap-Blanc. Pour me rendre compte que je suis loin d’être capable de montrer le chemin à ces quatre femmes bien plus entraînées que moi. Je me retrouve à la traîne puis incapable de les suivre après seulement deux allers-retours et obligée de les quitter après deux autres demi-allers-retours. C’est dur pour l’ego. L’ego d’un parent unique, habitué à montrer le chemin, à démontrer à tous, à ses

enfants en premier lieu, que je suis capable toute seule. Qu’avec de la détermination et de la débrouillardise, on est capable de tout. Mais quelques fois, c’est à quel prix? Les seules fois où je mets des limites, où je demande de l’aide, c’est lorsque je suis acculée au pied du mur, souvent dans des situations où je suis à risque de tomber et que je ne peux pas me le permettre, car je dois continuer à montrer le chemin…

J’ai beaucoup à apprendre pour réussir mon défi Washington, mais je suis là pour ça. Merci d’être là avec moi.

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11 septembre 2014

Je suis très heureuse et surprise en même temps de ma première expérience d’entraînement collectif avec l’ensemble des participants de notre cohorte. J’ai pu constater toute la force de l’équipe, car déjà, j’ai dépassé des limites que je n’aurais jamais pu imaginer avant.

Je suis heureuse et surprise également de constater à quel point j’avais besoin de me retrouver en équipe, de sentir ce soutien, cette énergie. Je crois qu’après tant d’années comme parent unique, à tout faire pour me débrouiller seule, c’est un besoin dont je n’avais pas pris conscience.

Et donc, lors de cette première rencontre, ça m’a frappé de plein fouet. Le fait de me sentir entourée, encouragée, appuyée… quelle énergie ça m’a apportée!
 

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Je me rends compte que j’ai plus souvent à faire face au jugement, à l’incompréhension et même à l’indifférence jusqu’à un certain point de ce que peuvent représenter les efforts déployés pour mener la barque familiale à bon port, et surtout, la maintenir à flot au quotidien.

Chaque parent unique vit la réalité d’être un ou une chef de famille monoparentale à différents niveaux et dans différents contextes. Mais on partage tous une même réalité, des défis semblables et ça fait réellement du bien de sentir qu’il n’y a nul besoin d’expliquer, de se justifier. Il y a une sorte d’acceptation et de compréhension de facto. Et ça aussi ça rempli d’énergie.

Je sais que la réalisation de ce défi sera difficile (c’est pour ça que c’est un défi!). Mais je m’y lance avec beaucoup d’espoir et de détermination, car je sais, je sens déjà toute la force de l’équipe.
 

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21 septembre 2014

J’ai eu du mal à démarrer l’écriture de ce quatrième article. Le deuxième entraînement a été très difficile. N’étant pas habituée à l’entraînement intensif, j’avais déjà quelques faiblesses détectées lors de notre séance d’évaluation physique. Et lors de ce deuxième entraînement collectif, dès le premier exercice, j’ai eu beaucoup de mal. Puis, tout au long de l’entraînement, le mal s’est propagé avec comme résultat que j’ai eu de la difficulté à marcher pour le retour. On a dû m’aider. J’ai dû me laisser supporter. J’ai dû me laisser porter. J’ai dû me laisser soigner. L’équipe a été extraordinaire. Elle m’a permis de continuer. Mais quelle claque!

 

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Comme parent unique, et je l’ai déjà dit, tomber n’est pas une option. Mais quand ça arrive, je n’ai pas le choix, je dois demander de l’aide. Mais sentir que j’ai besoin d’aide, que je suis à la merci du bon vouloir des autres de m’aider, c’est très difficile et ça demande beaucoup d’humilité d’abord et de l’organisation. Des plans A, B et C. Souvent, mon plan A impliquait une ressource externe, que je pouvais rémunérer et à qui je ne me sentais pas redevable. Malheureusement, pour profiter de ces ressources, il y a tellement de contraintes que j’ai rarement pu en profiter. Donc, ce sont mes plans B et C qui entraient en jeu. Et ces plans impliquaient de demander de l’aide à mon entourage. Je devais alors me montrer vulnérable. Mais j’ai réalisé combien les gens qui m’entourent sont heureux de m’aider. Il y a certainement une valorisation dans le fait d’aider, celle de se sentir utile. Et comme parent unique, je donne rarement la chance à ceux qui m’entourent de m’aider. Parce que je ne leur fais pas confiance? Non. Parce que je ne veux pas me montrer vulnérable.

La semaine dernière, j’ai été vulnérable, mon corps m’a lâché. Je suis tombé. Et plusieurs membres de mon équipe ont été là pour moi. J’aurais voulu leur dire de continuer sans moi, je ne voulais pas être ce poids à traîner, celle qui ralentit les autres, mais j’ai senti que c’était un plaisir de m’aider. Et ça m’a aidé à me relever. Et je suis plus déterminée que jamais à continuer, à refaire mes forces, à construire les forces mentales et physiques dont j’ai besoin pour poursuivre mon chemin avec mon équipe et relever Mon défi Washington.
 

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12 octobre 2014

Pas toujours facile comme parent unique de trouver le moyen de se mettre en priorité. Le sentiment d’être en mode survie, c’est épuisant, surtout lorsque notre réseau est limité. Et la moindre difficulté qui s’ajoute, le moindre effort supplémentaire, peut nous faire craquer.

Comme seul soutien pour mes enfants, craquer n’a jamais été une option. J’ai donc toujours été très à l’affût de signes d’épuisement et lorsque je me voyais fatiguée sans être capable de me reposer, insomniaque, les émotions à fleur de peau, je me posais la même question : « Qu’est-ce que j’abandonne, où est-ce que je coupe, pour retrouver un peu d’air et refaire le plein d’énergie? » Et ce qui guidait souvent mes choix, c’est la question suivante : « Est-ce que cet élément, cette personne, cette activité me donne plus d’énergie qu’elle ne m’en coûte? » Et à chaque fois, ça m’a permis de préserver des activités (des relations, ou autres) qui me faisaient grand bien même si elle me coûtait en temps, et d’en couper d’autres qui n’avaient pas de valeur ajoutée.

Aussi, je pouvais demander de l’aide, un congé pour compenser les heures supplémentaires au travail, réduire mon niveau d’exigence pour la tenue de la maison, réduire le contact avec certaines personnes plus négatives et mettre mes enfants à contribution. Quand on y pense, les enfants peuvent faire toutes sortes de petites tâches et ce, dès l'âge de deux ans et alors, on constate comme ils sont fiers de pouvoir nous aider. Je me souviens entre autres de cette fois où, malade, j’étais clouée au lit. Et avec quelques consignes, mes garçons, alors âgés de six et neuf ans, m’avaient préparé un souper simple avec beaucoup de fierté.

Avec le temps, et malgré la distance de mon réseau familial, malgré les jugements et les demandes d’aide mal reçues, j’ai réussi à trouver des personnes dans mon entourage qui m’ont accueillie avec ma réalité, m’ont ouvert les bras et m’ont offert leur aide sans même que je ne le demande. Ces personnes sont précieuses, il faut savoir les reconnaître et les accueillir à notre tour dans notre vie hyper organisée et indépendante de parent unique qui sait se débrouiller toute seule.

Avec mon équipe du Défi Washington, je découvre chaque semaine la force de l’énergie partagée par chacun des membres. On a toutes nos histoires, on doit toutes jongler avec le temps, les difficultés, les responsabilités. Et c’est cette expérience commune qui permet, je crois, un accueil, une solidarité et une entraide incomparable. Retrouver l’équipe et cette énergie chaque semaine, c’est ce qui me pousse à continuer maintenant, au-delà du désir de dépasser mes limites.
 

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J’aime les défis, j’aime sentir que je progresse. Je le fais seule depuis des années. Mais pour la première fois, je constate que j’aime surtout sentir cette énergie d’équipe, me sentir entourée de parents uniques comme moi, qui ont vécu l’adversité à différents niveaux et qui ont le désir d’aller plus loin, plus fort, ENSEMBLE!

 

Merci les 7ᵉ ciels!

 

Merci Esprit de corps!

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23 octobre 2014

Lors de notre dernier entraînement, encore plus que les autres, j’ai senti l’envie de se dépasser. Chez moi d’abord, mais aussi chez chacun des membres de l’équipe. Nous sommes sortis de nos zones de confort, nous avons dépassé nos limites.

Dans ma vie de parent unique, je vis des défis tous les jours. Je dois me dépasser constamment. Et ce, parce que je suis en mode survie. Et quelquefois, il m’arrive d’être dépassée, écrasée par le poids des contraintes, des multiples responsabilités. Mais je me relève toujours. Je le dois, il le faut, pour mes enfants. Et pour leur donner cet exemple de persévérance, qu’il vaut toujours la peine de continuer, malgré les obstacles.

Être parent unique, ce n’est pas un choix. J’ai choisi de me séparer, de ne plus partager un mal-être avec le père de mes enfants. Mais je n’ai pas choisi le défi de parent unique. Je le vis, c’est tout. Mais j’ai choisi le Défi du mont Washington. Certaines personnes se sont demandé pourquoi je me lançais un défi aussi extrême. C’est bien beau aimer les défis, mais n’en aie-je pas plein les bottines comme parent unique?

La beauté d’un défi qu’on choisit, c’est de se dire qu’on a la force d’y arriver. Qu’on ne sait pas comment, mais que c’est possible. Ça me rappelle cette phrase de Pascale Otis, biologiste et membre de l’équipage du Sedna IV :

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« Apprendre, croire que tout est possible, ça prend juste le temps de comprendre comment y arriver! »

Plusieurs personnes me voient aller depuis huit ans maintenant comme parent unique et me disent : « Je ne sais pas comment tu fais! » Et je ne le sais pas non plus. Étant en mode survie, on ne se pose pas de questions, on fait ce qu’on a à faire et c’est tout. Mais le défi du mont Washington, je l’ai choisi. Et je me vois faire. Je me vois tomber. Je me vois me relever. Je me vois progresser. Je vois mes forces qui se construisent, mes forces qui se déploient. Et ça me pousse à continuer et à persévérer. Et ça me fait voir que j’ai ce qu’il faut pour poursuivre ma route de parent unique, malgré les contraintes, malgré les obstacles.


De par ce défi que j’ai choisi, je sais que j’en sortirai gagnante. J’ai déjà tant gagné. Et c’est décuplé avec ce que chaque membre de l’équipe gagne. Une synergie incroyable se crée. L’énergie de chacun se mêle à l’énergie des autres pour créer une force qui nous permet d’aller encore plus haut, plus loin, plus fort ensemble.

Et ça donne envie de continuer de choisir de se dépasser.

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23 octobre 2014

Nous venons de réaliser au mont Sainte-Anne notre défi préparatoire. Cette préparation vise essentiellement à valider notre progression après dix semaines d’entraînement et orienter les efforts d’entraînement pour les cinq semaines à venir. Nous avons maintenant une idée très claire de ce qui nous attend les 12-13 décembre au mont Washington. Nous avons été confrontés à nos limites. Des limites qui ont été repoussées grâce à l’entraide et au désir de se dépasser de chacun d’entre nous.

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Maintenant, au lendemain de ce défi, notre corps, mais aussi notre mental a besoin de récupérer. Mais il faut bien avouer que ce n’est pas toujours facile quand tout nous pousse à maintenir le rythme. Les nombreuses responsabilités, la liste sans fin de choses à faire, et aussi la volonté de ne jamais baisser la garde, de ne pas baisser les bras.

Mais récupérer ce n’est pas baisser les bras. C’est juste s’accorder une pause pour faire le plein d’énergie et revenir plus rapidement en force pour reprendre le rythme et même pouvoir l’intensifier.

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J’ai choisi une petite randonnée en forêt, seule avec moi-même et mes pensées, pour récupérer de cet effort hors du commun que j’ai réalisé hier. Et ça m’a permis de réfléchir tranquillement à toute cette expérience et à ma réalité de parent unique. Combien de fois ai-je repoussé mes limites dans le tourbillon de la vie de parent que nous partageons tous? Combien de fois me suis-je sentie au bord de l’épuisement?

Ce qui m’a permis de me relever c’est la permission que je me donne de refaire mes forces avant de les perdre complètement. Aujourd’hui, ça s’est traduit par cette petite randonnée en forêt. Dans le quotidien, en famille, ça se traduit par le « vendredi privilège », une tradition que j’ai établie au tout début de ma vie de parent unique. Il s’agit d’un moment spécial, sans corvée de cuisine, juste un moment relaxe avec mes gars avec une bouffe de resto et une petite activité simple comme regarder un film. Et vous, comment récupérez-vous?

Faire le plein d’énergie, c’est souvent simple et tout le monde y gagne. Il s’agit simplement de se donner la permission, le privilège de récupérer…
 

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4 décembre 2014

Depuis quelques jours, voyant la réalisation de mon défi approcher, je me retrouve dans une phase où je suis confrontée à mes limites. Des limites difficiles à accepter. Et en même temps, de façon paradoxale, je les utilise pour arrêter d’avancer. Comment continuer à avancer, trouver la force de rayonner, d’être une inspiration pour les autres, alors que je me vois avec tant de limites.

Mais je vous rassure tout de suite, je continue quand même, malgré ces doutes. Je continue l’entraînement. Ces dernières semaines, ces derniers jours, sont très importants. Nous avons tous conscience des difficultés qui nous attendent. Et nous comprenons que notre préparation pour y arriver est essentielle.

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Photo : Groupe Esprit de corps


Je veux réussir. Mais les doutes ralentissent mon élan depuis quelque temps. Je me renfrogne un peu face à mes coéquipiers. Et prenant conscience de ça, et lisant un témoignage d’une participante de l’an dernier à ce même défi, je me reconnecte tout à coup avec les raisons qui m’ont poussé à me lancer ce défi. Encore aujourd’hui, on me questionnait à ce sujet, me trouvant un peu folle d’embarquer dans cette aventure. Alors, je me rappelle pourquoi. Et je me reconnecte à mes coéquipières et coéquipiers. Mes difficultés sont surmontables. Elles le sont puisque je ne suis pas seule. Nous réussirons en équipe.

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C’est ce que j’ai toujours fait comme parent unique. L’échec a toujours été exclu, la réussite est vitale pour mes enfants.

M’appuyer sur mes forces, celles que j’ai développées comme parent unique, pour réussir ce défi, un défi fantastique, riche, hors du commun. Ne pas perdre de vue l’objectif, mais rester bien plantée dans le moment présent, consciente des forces nouvelles que je déploie et que j’acquière pour avancer et réaliser ce défi. Consciente aussi que je ne suis plus seule face à mes difficultés. Que d’autres sont là, les comprennent, les accueillent et me partagent un peu de leur énergie pour m’aider à continuer. En sortir encore plus grande, plus forte, plus riche des forces partagées avec les autres.

Et continuer pour honorer cette énergie partagée. Elle ne le sera pas en vain.

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18 décembre 2014

Que dire, comment exprimer ce qui s’est passé lors de la réalisation de ce défi?

Pourquoi ne pas commencer la présentation technique et en images de ce que nous avons réalisé, histoire de décanter encore un peu plus l’Expérience?

Vendredi le 12 décembre, départ au pied de la montagne vers 13 h 30 juste après un petit résumé des consignes avec nos accompagnateurs autour d’une maquette du mont Washington.

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Réunion d’information avec Sylvain Burguet et Cynthia St-Louis, accompagnateurs du Groupe Esprit de corps.

Nous nous sommes donc lancées pour une première montée de 4,3 km, chargées entre 35 et 55 lb chacune, dans des conditions féériques, température douce et aucun vent, le cœur fébrile. Mais nous étions prêtes, il était temps maintenant de nous mettre à l’épreuve, de réaliser ce pour quoi nous nous sommes entraînées pendant 15 semaines.

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Départ de la cohorte du 7ᵉ ciel, le cœur fébrile, mais prêtes.

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Avec notre accompagnateur Sylvain en tête et Cynthia qui ferme la marche, nous sommes en confiance.

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Nous profitons d’une pause pour nous désaltérer un peu, heureuses des conditions exceptionnelles à notre départ.

Nous sommes arrivées à la tombée du jour, vers 16 h 30. Nous avons rapidement guidé nos pas à l’aide de lampes frontales. Telles de petites étoiles dans la nuit, nous avons partagé un bouillon réconfortant, un repas protéiné et nos impressions de cette première étape de notre défi en appréhendant tout de même un peu la nuit froide qui nous attendait à l’abri dans ce refuge sans feu.

 

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Notre refuge

Couchées vers 19 h 30, la nuit a été relativement blanche pour plusieurs d’entre nous. Le réveil s’est fait vers 5 h par le chant du coq improvisé de notre accompagnateur en chef. Après de rapides préparatifs de remballage et un frugal déjeuner accompagné de chocolat chaud, nous avons amorcé la deuxième étape de notre défi, celle qui nous mènerait au sommet.

 

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Départ samedi à l’aube

Très concentrées sur notre ascension, nous prenions quelques secondes pour admirer l’environnement fabuleux dans lequel nous progressions.

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Montée en forêt tout en admirant notre environnement

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Vue des montagnes environnantes

Une fois sorties du bois, notre aventure ne faisait que commencer. Le vent étant déjà présent dès l’aube, il ne s’est fait que plus présent une fois la zone alpine atteinte : entre 103 km/h et 119 km/h avec des rafales à 124 km/h. La température s’est aussi montrée plus intense que la veille, surtout avec le fameux facteur vent : entre -20 et -24 degrés Celsius.

 

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Début de la zone alpine

Tout au long de notre progression vers le sommet, nous avons pu admirer des paysages exceptionnels avant d’entrer dans les nuages…

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Une légère et rapide percée de soleil

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Quelques petites éclaircies

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Un trou dans les nuages

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Paysage arctique

Notre entrée dans les nuages s’est faite avec une perte de visibilité, le vent s’intensifiant et entraînant avec lui la neige en poudrerie. Nous-mêmes étions soufflées, devant maintenir régulièrement notre équilibre à travers les rafales.

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Montée vers le rocher du Lion pour une petite pause lunch bien venteuse…

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Progression difficile dans la poudrerie

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Pause dans la blancheur des nuages

Notre arrivée au sommet s’est faite vers midi, après une progression de 743,10 m d’élévation (2 438 pieds) sur 4,4 km de distance (2,73 miles) en 6 heures dans des conditions extrêmes. Mais quel sentiment d’accomplissement!!!

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Nous sommes enfin arrivées!!!

Après une petite pause lunch à l’abri du vent tant bien que mal, nous avons amorcé notre descente par la route, les conditions étant trop mauvaises pour reprendre le chemin de la montagne. Mais justement, la montagne n’avait pas dit son dernier mot et notre défi était loin d’être terminé. Nous avons dû combattre des rafales de 125 km/h pendant une bonne heure. Le vent nous jetait littéralement par terre. Nous avons dû progresser lentement et solidement accrochées les unes aux autres pour ne pas être constamment emportées par ce vent qui manifestait sa présence avec force.

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Combat contre le vent. L’équipe a su résister.

Après un épisode de brume verglaçante qui a couvert nos masques de glace, rendant ainsi notre vue très approximative, nous avons réussi à atteindre un niveau d’altitude où le vent s’est fait plus supportable. Nous avons donc pu continuer notre descente et terminer les 16 km de route pour atteindre notre point d’arrivée vers 16 h 30 et enfin nous décharger de notre sac à dos, nous reposer et célébrer tous ensemble notre exploit!

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Dernière photo de groupe en admirant encore une fois le paysage montagneux des White Mountains
avant d’atteindre 3 miles (4,83 km) plus loin le fil d’arrivée!

Je tiens à remercier M. Gauthier, un des accompagnateurs du Groupe Esprit de Corps, qui nous a suivis tout au long de notre défi et qui a su capter en photos les merveilleuses images que je vous présente ici.

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30 décembre 2014

Retour à la normale après la réalisation de cet exploit. Il y a déjà quelque temps que je veux vous partager ce que j’ai vécu et ce que je retiens de ce défi. Le défi d’une vie pour moi. Le plus grand accomplissement après la naissance de mes deux fils. Une expérience de dépassement total et pourtant, ça n’a pas été si dur. En fait, oui, ç’a été dur. Quand on me demande si ça s’est bien passé, je ne suis pas capable de dire oui. Ça s’est passé, on l’a fait et on est contentes de l’avoir fait. Rien de ce que j’appréhendais ne s’est passé et en même temps, les conditions ont été aussi extrêmes qu’on pouvait l’imaginer…
 

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Photo : Groupe Esprit de corps

Vous voyez déjà, dans ces quelques lignes, comme ce défi est riche de sentiments et de perceptions paradoxales. Je vais essayer de vous traduire le tout de la manière la plus simple possible.

Pour le départ de notre défi, j’ai été parmi les premières en tête de file, pour donner le rythme puisque j’étais une des plus lentes. Et j’étais à l’aise avec ça. Je l’ai pris comme une forme de respect. Et j’étais rassurée. Je savais qu’au besoin, je pouvais demander de l’aide et que plusieurs personnes étaient en mesure de m’aider. Mais finalement, je n’ai pas eu besoin d’aide ou si peu, pas plus que les autres. Et ce, contrairement à la majorité des entraînements que nous avons faits.

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En toute sérénité

C’est en ce sens que je m’aperçois que réaliser ce défi n’a pas été SI dur. Et pourtant, ce fut dur : un départ dans des conditions féériques, trois heures de montée, un refuge des plus rudimentaires, sans aucune chaleur à part celle apportée par nos vêtements et nos équipements. Une nuit pour ainsi dire blanche. Un réveil encore à la nuit noire, à 5 h. Une montée dans des conditions difficiles avec des vents très présents et une faible visibilité pendant six heures. L’arrivée au sommet dans des conditions tout aussi difficiles et une descente dans des conditions extrêmes de vents, de verglas, de visibilité nulle pendant une heure et trois autres heures avant d’atteindre le fil d’arrivée.

Ce sont des conditions que je n’ai jamais affrontées. Mais le physique et le moral n’ont jamais lâché. Sauf peut-être 30 secondes où je me suis retrouvée par terre, projetée par le vent et incapable de me relever, et incapable de me faire entendre par mes collègues, le vent sifflant si fort. Mais j’ai pu compter sur eux. Ils se sont aperçus de mon absence, se sont retournés et m’ont relevée. Et j’ai pu continuer, j’étais sauvée!!! Sans blague, j’ai vraiment eu peur pendant ces 30 secondes-là…

Et nous ne pouvions lâcher, c’était une question de survie, comme c’est souvent le cas dans nos vies de parents uniques. Sauf que là, nous avons compté les uns sur les autres. Et nous avons supporté, traversé les pires conditions. Nous avons pris soin de chacune et chacun, nous assurant constamment que tous allaient bien.

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Une pause où l’on s’assure que chacun se porte bien.

Et cette fois, j’étais heureuse d’aider mes coéquipières. De POUVOIR aider. Car, quand on a besoin d’aide, on ne peut pas aider. Et pour moi, la fonction d’aide est centrale dans ma vie. Mais de voir la solidarité entre nous, pouvoir, savoir qu’on peut compter sur les autres, c’est une grande richesse, un soulagement, une force, une assurance.

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Belle illustration de l’entraide qui était au cœur de notre esprit de corps.

Par ailleurs, les bobos, les douleurs, qui m’avaient affligée pendant la période d’entraînement ne se sont pas faits très présents, pas plus que pour les autres. Nous avons certainement pu compter sur l’adrénaline pour nous soulager dans le plus fort de nos efforts. Ce n’est qu’à près de 5 km de l’arrivée que nous avons toutes commencé à ressentir douleurs et inflammations. Mais rien pour nous empêcher d’avancer. Au contraire, ça nous a poussés à accélérer le pas pour quelques-unes d’entre nous. Nous avions toutes hâtes de terminer et de nous reposer.

Je suis si fière de ma progression. Je suis allée si loin. J’ai démarré en queue de peloton. Et je les ai rejoints. Nous avons tous réussi, nous pouvons tous être fiers de cet accomplissement, nous l’avons fait ensemble et avons bien conscience que seule, cela n’aurait pas été possible.

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Fière de ma progression

Au-delà du défi physique personnel, qui en soi, représente pour moi un grand dépassement, le défi de former un Esprit de corps a été une révélation. Comme parent unique, habituée à tout faire seule, de découvrir le sentiment de faire partie d’une équipe, présente dans toutes les situations et prête à offrir son soutien, ça amène un sentiment de force hors du commun. J’ai toujours voulu être forte et rester debout face à l’adversité ou juste face à l’accumulation des charges quotidiennes. Je me dois de rester forte pour mes enfants dont j’ai l’entière responsabilité. Mais j’ai toujours eu peur de ne pas y arriver. Après le Défi du mont Washington, je vois la force, la persévérance, la détermination que j’ai démontrée pour réussir. Et j’ai maintenant la conviction qu’avec cette force que j’ai développée, qui est mienne, je resterai toujours debout. En soi, pour moi, c’est le gain le plus important que m’a apporté le Défi du mont Washington.

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Je resterai toujours debout

Un autre gain important que j’aie obtenu, c’est une autre conviction : dans les moments plus difficiles, je peux compter sur des personnes qui ont à cœur ma réussite, mon bonheur. Des personnes qui étaient là avant. Des personnes qui se sont ajoutées à mon réseau grâce au défi. Et je comprends, je mesure toute la valeur d’être bien entourée et de m’ouvrir à l’aide que ces personnes sont si heureuses de pouvoir m’apporter, comme moi je suis heureuse de pouvoir les aider.

Je réalise en même temps que j’ai hérité de l’esprit de combattante de ma mère, qui s’est battue pendant près de 12 ans contre le cancer. Elle est décédée il y a six mois. Je suis fière de pouvoir honorer cet héritage. Et d’avoir appris toute la valeur d’un réseau fort et bien entretenu. Ma mère a beaucoup donné dans sa vie. Mais elle n’a jamais hésité à demander de l’aide qu’elle puisait dans un réseau très riche. Et ça l’a aidée à survivre. Comme ça nous a aidés à réaliser ce défi dans des conditions extrêmes. Il m’a fallu ce défi pour prendre toute la mesure de cet héritage.

On termine ce défi avec un sentiment de deuil. Cet esprit de corps que nous avons bâti peut se perdre. Mais nous voulons le garder vivant. Déjà, plusieurs initiatives se dessinent entre nous. Mais il est clair que nous porterons toujours bien au chaud dans notre cœur, cette expérience hors du commun qui nous a réunis et que nous avons partagée.

Plus loin, plus fort, ENSEMBLE!

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