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Plus de 400 immigrants francophones viennent s'installer au Manitoba chaque année, depuis le début des années 2010. Qui sont-ils? D'où viennent-ils? Sont-ils heureux chez nous? Nous en avons rencontré quelques-uns dans le but de les connaître un peu et de vous les présenter.

Cliquez sur le portrait de votre choix.

Vidéo produite dans le cadre de la Semaine nationale de l'immigration francophone, du
1 ͤ ʳ au 7 novembre 2020.


La CFA de la Rivière-Seine en collaboration
avec le  magazine Le Nénuphar

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Anna, franco-malienne

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« J’ai entendu du bien du Canada et de l’hospitalité des Canadiens, c’est pour cela que j’aime le Canada. »

Écoutez Anna dire cette phrase en bambara, une des langues nationales du Mali.

« Nié Canada Nto go niuma dé mè a ni Canada mogo mani fia, ô dé a to Canada diara nié. »                

QUAND?

Je suis arrivée au Manitoba avec mon mari et notre fille le 11 septembre 2019 de
Saint-Étienne, en France.

 

POURQUOI LE MANITOBA?

Nous avons choisi le Manitoba comme nouveau chez-nous pour plusieurs raisons : 

- découvrir de nouvelles expériences tant sur le plan professionnel qu’humain;

- apprendre l’anglais dans une province majoritairement anglophone;

- rejoindre des membres de ma famille qui vivent ici.

 

COMMENT?

Nous sommes venus par choix après avoir obtenu un PVT (permis vacances travail).

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INSTALLATION

Grâce à la présence de membres de ma famille installés à Winnipeg depuis de nombreuses années et grâce aussi à ma connaissance du Manitoba pour l'avoir visité à quelques reprises auparavant, l'installation et l'intégration de ma famille ont été faciles. Cela a simplifié les choses lorsqu'il a été le temps de trouver un logement, une voiture, ouvrir un compte bancaire, etc. 

EMPLOI

Avant de venir, j'étais chargée de mission marketing territorial dans le domaine du développement économique et, grâce à Pluri-elles, j'ai pu me trouver un emploi dans le même domaine d'expertise. De plus, l'Accueil francophone m'offre des cours d'anglais.

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Anna a vécu pendant six ans à La Réunion, une île de l'Ouest de l'océan Indien.

Ses fréquents séjours au Mali lui ont permis de rester en contact avec la culture de ses parents. C'est d'ailleurs grâce à eux si elle parle le bambara avec toutefois
un léger accent français,
avoue-t-elle avec candeur.

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CULTURE

J'ai constaté entre autres deux différences culturelles :
le franc-parler (qui est plus réservé chez les Manitobains) et les recettes traditionnelles.

LANGUE

Certaines de mes expressions françaises sont moins connues ici : « du coup », « pas de soucis », « c’est nickel »¹. 
De mon côté, je n'avais pas l'habitude des « à tantôt » et « pas pire ».

COMMUNAUTÉ

J'ai participé à une cueillette de fonds pour venir en aide à un membre de ma collectivité et j'ai vécu mon premier Festival du Voyageur à titre de bénévole.

ACTIVITÉS, PASSE-TEMPS

J'aime la lecture, écouter de la musique et faire de la marche.

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¹ du coup (expression familière passe-partout) : « de ce fait », « par conséquent », « c'est pourquoi », « donc » ou « alors »

  pas de soucis : « il n'y a pas de problèmes »

  c’est nickel : « parfait », « excellent » (voir Wiktionnaire)

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Safariate, togolaise

« Ce que j’aime du Manitoba, c’est la nature : la couleur des arbres au printemps et la façon dont le feuillage change de couleur à l’automne. »

Écoutez Safariate dire cette phrase en éwé, une langue parlée au Togo.

« Hee nyikonye nyi safari. Epe ameadin eye ya mule manitoba be anyigbandjia. Ma gblobe
nuke djonadji nam le manitoba be anyigbandia ntie enyi .Gakeme zozo be game vana leke flawao wotonado ye egbewo tonado. Ne gakeme avivo be game tchan va dje anyia leke trotro vana le gbewo kata trona kola kegboe hlena keke xafi gatro vana.xafi avivo va djananyi. Eny nade nyana kpokpo le Manitoba be xixea kata me. »                

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QUAND?

Je suis arrivée à Winnipeg de Lomé, la capitale du Togo, en août 2014. Mon itinéraire incluait une escale à Paris et à Montréal.

 

POURQUOI LE MANITOBA?

J’ai choisi le Manitoba pour pouvoir continuer mes études postsecondaires en français. Après mes études, j’ai décidé d’y rester pour travailler et vivre.

 

COMMENT?

Je suis venue au Manitoba par choix, à l’aide d’un permis d’études.

INSTALLATION

Ayant entendu parler du site Web Kijiji, j’ai facilement pu me trouver un logement ainsi qu’une voiture. 

La communication avec les gens est un peu difficile parce que la majorité de la population communique en anglais. Par conséquent, ce n’est pas aisé pour moi de me faire des amis et mes échanges se limitent à mes collègues et à quelques connaissances.

EMPLOI

J’étais étudiante avant de venir au Manitoba. J’ai un diplôme en éducation de la jeune enfance et je suis actuellement éducatrice dans une garderie. J’ai trouvé ce travail sur la page d’offres d’emploi du site Web de la DSFM.

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CULTURE

Une des plus grandes différences culturelles entre moi et les Manitobains est notre manière de nous habiller. Chez moi, on s’habille souvent en pagne avec beaucoup de couleurs. Aussi, nous n’avons pas les mêmes valeurs culturelles et la même cuisine. J’aime toujours cuisiner les plats de mon pays.

LANGUE

Les expressions d’ici que j’ai apprises :

  • je suis « tannée » ou tu fais le « tannant »¹

  • « ouvrage » qui veut dire le travail

COMMUNAUTÉ

Je vais à la messe, je fais du bénévolat pour le souper paroissial annuel et, en dehors de Sainte-Anne, j’assiste aux matchs de l’équipe des Rouges à Winnipeg.

ACTIVITÉS, PASSE-TEMPS

J’aime beaucoup cuisiner, faire des jeux de société avec mon mari, aller au gym ou aller marcher quand il fait beau.

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¹ : « être tanné » : en avoir marre, être exaspéré

 tannant, tannante : qualifie un enfant espiègle (voir Dictionnaire québécois)

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Merouane, algérien

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« Ce que j'aime le plus au Manitoba c'est l'attitude des gens. Ils sont toujours souriants et prêts à aider les autres sans contrepartie. »

Écoutez Merouane dire cette phrase
en arabe, une langue parlée en Algérie.

أكثر ما يعجبني في مانيتوبا هو موقف الناس. هم دائما مبتسمون ومستعدون لمساعدة الآخرين دون تعويض. 

QUAND?

En mai 2016, nous avons pris un vol Alger-Montréal où nous avons passé deux semaines de vacances avant de venir nous installer au Manitoba.

 

POURQUOI AVOIR QUITTÉ L'ALGÉRIE?

Pour des raisons de vision à long terme. Je voyais mon pays chavirer et j’étais malheureu-sement impuissant face à cela. Nous avions une excellente situation mais ce n’était pas suffisant. Nous avions peur pour l’avenir de nos enfants.

POURQUOI LE MANITOBA?

Pour être honnête, en tant que francophone, la première idée était d’immigrer au Québec. En 2013, quand nous avions commencé à regarder les différentes options, nous avons été choqués d'apprendre que les délais de traitement du Québec avoisinaient les 6 à 7 ans. C’est là que nous nous sommes dit non, c’est trop long, regardons s’il y a d’autres programmes. C’est donc par hasard que nous avons découvert le programme d’immi-gration francophone du Manitoba. Après de longues recherches et une visite exploratoire en 2014, nous sommes tombés en amour avec la province notamment après avoir rencontré les Winnipegois et confirmé le fameux « Friendly Manitoba ».

 

COMMENT?

Nous sommes venus à titre de résidents permanents par le programme des candidats du Manitoba.

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INSTALLATION

Nous avons pu acheter une voiture la première semaine après notre arrivée. La maison que nous avons louée (et qu’on a fini par acheter ensuite) était superbe!

EMPLOI

En Algérie, j'occupais le poste de responsable marketing et ventes. J’ai été recruté par une grande compagnie manitobaine trois jours seulement après mon arrivée. Ça paraît simple dit comme ça mais on avait longuement travaillé sur ça avant de venir.

INTÉGRATION

Un petit mot au sujet de la facilité à se faire des amis. En général, il est plus facile de construire des liens avec sa communauté. Il est aussi assez difficile de casser certaines barrières avec les Manitobains car nos cultures sont différentes. Par exemple, en Afrique, dès qu’on a quelques affinités avec quelqu’un on l’invite à la maison. Ici, les codes sont différents et nous avons dû nous habituer à tout ça.

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CULTURE

Les Manitobains sont assez réservés et ne s’ouvrent pas facilement aux autres. L’autre grande différence est la gastronomie. 😊 

LANGUE

Les expressions d’ici que j’ai apprises :

  • « Laisse-moi savoir» ha ha. C'est un anglicisme pur qui sonne bien maintenant.

  • La « toilette » aussi, je n'arrive toujours pas à m'y habituer.

Mes expressions qui semblent inconnues des Manitobains :

Toutes! Surtout le fait de parler fort et ouvertement. Les Manitobains sont très réservés et font en sorte de ne pas heurter les autres. On a dû nous adapter.

COMMUNAUTÉ

Nous participons aux activités communautaires de notre quartier, surtout celles qui touchent nos enfants (nous en avons trois).

ACTIVITÉS, PASSE-TEMPS

Investir dans l'immobilier est mon passe temps favori. Et jouer au soccer (qu'on appelle football dans mon pays natal).

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Evasio, rwandais

« Ce que j'ai appris ici au Manitoba, plus précisément à Winnipeg, depuis que j'y suis arrivé en 1986, c'est de me comporter conformément à la culture d'ici. Apprendre comment communiquer avec les gens, déceler les comportements que nous avons en commun et ceux
qui sont différents, donc les choses qu’on ne fait pas ici. Ceci
m'a aidé à avoir de vrais amis que je peux appeler ma propre
famille. Également, j'ai été bien accueilli, j'ai pu cogner aux
portes et elles m'ont été ouvertes. J'ai beaucoup d'amis ici
au Manitoba qui me considèrent comme leur frère. »

Écoutez Evasio dire cedi en kinyarwanda,
la langue nationale du Rwanda.

« Icyo nigiye ahangaha muri Manitoba, cyane cyane Winnipeg, aho nahagereye, ni ukwitwara bikurikije umuco w'ahangaha. Kwiga ukuntu uganira n'abantu, nkareba imico duhuje, n'imico tudasangiye idakurikizwa ino. Ibyo byamfashije kugira abagenzi, inshuti nyakuri, nakwita umuryango wanjye. Kandi nakiriwe neza. Muri uko kwakirwa neza, nagiye nkomanga ku miryango igafungurwa, ikugururwa. Mfite abagenzi benshi bamfata nk'umuvandimwe, ahangaha muri Manitoba. » 

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QUAND?

Je suis arrivé au Manitoba en 1986 à partir de Bujumbura au Burundi.

 

POURQUOI AVOIR QUITTÉ LE RWANDA?

Je suis un réfugié du Rwanda depuis l’âge de 5 ans. Lorsque les troubles ont commencé, ma famille s’est réfugiée au Congo, puis en Ouganda, puis en Tanzanie, puis au Burundi… lorsqu’il y avait des troubles dans un pays, on se réfugiait dans le suivant. C’était une vie de vagabond. J’ai été élevé par des tantes et des oncles, un peu partout. J’ai dû apprendre à parler plusieurs langues, mais la langue dominante en Afrique centrale, c’est le swahili, qui se parle aussi au Rwanda.

J’étais trop jeune pour comprendre la situation, sauf qu’on ne pouvait pas retourner au Rwanda. Mais j’aurais aimé savoir « Pourquoi nous, pourquoi pas les autres? » J’ai appris plus tard que les colonialistes avaient créé des divisions ethniques là où il n’y avait que deux groupes sociaux qui cohabitaient[1]. Et j’appartenais à l’ethnie tutsie, celle qui était visée, donc la cible. Ce qui m’a sauvé, c’est que j’étais trop jeune pour avoir une carte d’identité. Les membres de ma famille qui sont restés au Rwanda ont tous été massacrés.

POURQUOI LE MANITOBA?

En fait, je n’ai pas choisi, ça a été choisi pour moi. J’avais environ 22 ans et j’étudiais à l’université de Bujumbura. Comme tous les étudiants, j’allais visiter les centres culturels français, américains, etc. Un jour, j’entends dire que le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés envoyait des représentants interviewer des gens comme moi pour leur offrir d’aller s’installer ailleurs. J’ai rempli le formulaire de demande pour aller soit dans un pays scandinave, en Australie, aux États-Unis ou au Canada. J’étais bien sûr plus attiré par les États-Unis, car c’était à la mode, c’était cool… mais plus maintenant, à mon avis! 

 

Je n’avais jamais entendu parler du Manitoba. Je connaissais le Québec, l’Ontario, Ottawa et Vancouver, mais pas les provinces des Prairies. J’aurais préféré attendre pour voir si je serais accepté aux États-Unis, mais le conseiller des Nations Unies m’a rassuré : « Le Canada est le pays que je te recommande. Et si tu attends, il y a des risques… »

 

COMMENT?

Je suis arrivé ici avec le passeport des Nations Unies pour les réfugiés. 

 

Les services qui existent maintenant n’existaient pas à l’époque. J’ai été accueilli à l’hôtel Balmoral et pour moi, ce fut un vrai cauchemar. À côté, il y avait un bar, j’ai commandé une bière pour me distraire et j’ai remarqué que tous les hommes regardaient dans la même direction, ce qui m’a intrigué. Quand je me suis retourné, j’ai vu des filles nues. Je n’en croyais pas mes yeux. Je croyais que c’était un endroit diabolique. Je n’ai pas fini ma boisson et je suis sorti en courant pour regagner ma chambre. J’arrive à l’ascenseur, où un homme ivre en a frappé un autre à la figure avec une bouteille et le sang pissait partout. Je n’ai pas pris l’ascenseur… et je suis monté à toute vitesse par l’escalier, arrivé à ma chambre, j’ai placé mon lit contre la porte pour que personne n’entre. 

 

Mon expérience de survie dans différents pays m’a quand même permis de me dire que ce n’était pas aussi grave que chez nous. En fait, n’importe quel endroit où je ne risquais pas de me faire couper la tête était à mon avis assez sécuritaire.

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INSTALLATION

Question logement, mon agent d’immigration m’a guidé. J’ai rencontré quelqu’un qui parlait swahili, sans toutefois être un réfugié. C’était un étudiant et il m’a donné des conseils. Il m’a dit que l’agent d’immigration allait me diriger là où les appartements sont les moins chers afin de faire économiser des sous au gouvernement, mais ils sont dans des quartiers très dangereux. Il m’avait aussi dit : « Le plus tôt tu te trouves un appartement, le mieux c’est, parce que l’hôtel coûte cher au gouvernement. » J’avais le droit de rester à l’hôtel pendant trois mois et j’y suis resté trois semaines. J’ai trouvé un appartement dans les environs de l’hôtel qui correspondait aux critères de financement. 

 

Je me sentais l’homme le plus riche du monde avec mon 4,50 $ l’heure. En 1985, c’était le salaire minimum. Et si je me souviens bien, un billet d’autobus coûtait 0,25 $.

 

Je me déplaçais en autobus et à vélo, et deux ans plus tard, j’ai acheté une Acadian rouge pour 50 $ dont le plancher troué m’obligeait à lever les pieds lorsque je roulais sur des flaques d’eau. À l'époque, il n’y avait pas encore de système d’inspection pour assurer la sécurité routière.

EMPLOI

Je pouvais recevoir une allocation du gouvernement pendant un an, mais après quelques mois, j’ai trouvé un emploi comme gardien de sécurité au Winnipeg Square. Le sous-sol, fréquenté par les sans-abri, était un endroit assez malodorant.

 

En Afrique, j’étudiais en sciences surtout à cause du prestige qu’on accordait au domaine, mais ici, j’ai découvert mon attrait pour la psychologie. J’ai obtenu un diplôme en soins cliniques. J’ai travaillé en soins palliatifs, j’ai aussi travaillé auprès des immigrants qui ont eu des traumatismes… puis j’ai eu des enfants qui sont allés à l’école française et, puisque les immigrants commençaient à arriver, j’ai proposé mes services à l’école de ma fille. Il s’agissait d’aider les nouveaux arrivants afin qu'ils puissent s'accoutumer à la culture et leur montrer comment communiquer d’une façon culturelle. J’ai commencé par y faire du bénévolat, puis on m'a embauché.

 

Ma nouvelle formation universitaire m’a mené à travailler à Mount Carmel comme conseiller en consultation interculturelle.

INTÉGRATION

Au Manitoba, il n’y a pas de repères. En Afrique, les repères c’est le soleil et les montagnes. Ici, le soleil, on le voit en bas contrairement à l’Afrique où on le voit au-dessus. Et puis il n’y a pas de montagnes pour se repérer. Mon repère est devenu le Golden Boy parce que j’habitais tout près du Palais législatif.

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Je ne savais même pas qu’il y avait un quartier francophone, ce qui, dans le fond, m’a aidé à apprendre l’anglais. Je ne connaissais que quatre endroits : ma banque, le Safeway du quartier Osborne, le cabinet du médecin et le local de mes cours d’anglais. Chaque fois que je ne pouvais pas trouver le Golden Boy, j’étais perdu. Parce que c’est à perte de vue. Et je n’ai jamais vu un ciel aussi bleu de ma vie… c’est comme si je me retrouvais dans une boule bleue… à perte de vue. Surtout en plein air, à l’extérieur de la ville. Je me sens comme si je flottais à cause de l’immensité du bleu. Sans blocage.

 

J’ai fini par connaître l’existence du quartier Saint-Boniface lorsque j’ai entendu un couple parler français en passant par le Winnipeg Square. Tout heureux d’entendre parler français, je croyais qu’il s’agissait de touristes et je me suis approché pour leur demander d’où ils venaient. Quelle ne fut pas ma surprise d’apprendre qu’ils vivaient ici, à Winnipeg, dans un quartier français. L’agent de l’immigration ne me l’avait jamais dit. Ils m’ont appris qu’il y avait même une université francophone. Il faut dire qu’après s’être assuré que j’avais un appartement, que je connaissais les quatre endroits où aller, cet agent avait fini son travail et je n’ai jamais eu d’autres contacts avec lui. C’est donc à l’été 1987 que j’ai découvert Saint-Boniface.

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CULTURE

Lorsqu'un ami m'a présenté sa copine et qu'au moment de lui faire la bise, elle a reculé, j'ai appris que ce n'était pas prisé ici.

 

Aussi le temps… dans la culture africaine, mais aussi dans la culture asiatique et latino-américaine, le temps est très élastique. Quand il y a un intérêt, le rendez-vous est respecté. Mais sinon… j’ai beaucoup appris. Par exemple, lors des rendez-vous parents-école...

Pour survivre en Afrique, on doit apprendre à mentir. Que ce soit pour se soustraire à des obligations ou pour éviter d’être tué. Plus tard, quand j’ai aidé mes compatriotes à se trouver des emplois ici, je leur ai dit : « Je suis très honnête, je suis franc. » Ici au Manitoba, la confiance, c’est comme une carte de crédit, même plus importante. Il ne faut jamais être pris à mentir. Mentir c’est voler la vérité et si on t’attrape, tu ne le sauras peut-être pas, mais c’est une disqualification complète.

 

Quand on parle de la culture, on parle de la nourriture. J’ai toujours préparé mes repas, depuis un très jeune âge. Il fallait pourtant que j’apprenne comment préparer le poulet, ici. Les poulets en Afrique, il faut avoir les mâchoires solides. Ici, quand je cuisinais le poulet à l’africaine, ça devenait un bouilli. Ça m’a pris du temps à m'habituer.

LANGUE

Pour moi, l’anglais a toujours été difficile, ce n’est pas ma langue maternelle, c’est ma cinquième langue. Le français, ça allait bien sauf quand j'entendais des expressions comme « la saison des maringouins ». Je n’avais aucune idée de ce que c’était, et plutôt que de demander pour ne pas avoir l’air idiot, j’ai imaginé qu’il s’agissait d’un animal. Jusqu’à ce que quelqu’un me dise que c’était des moustiques.

 

Et quand quelqu’un m’a dit qu’il avait failli écraser un suisse… j’ai dit QUOI? Est-ce qu’il t’a montré son identité?

 

Aussi, les chaussettes ici sont des bas et vice-versa, mais pour moi, il y a des bas et il y a des chaussettes. Les chaussettes sont minces pour l’été et les bas sont assez épais pour le sport.

 

D'autres expressions que j'ai apprises :

  • ma matante

  • passer la guenille (le torchon)

COMMUNAUTÉ

Je me suis toujours impliqué dans mon milieu, peu importe où j’étais. Par exemple, durant le Festival du Voyageur, les étudiants faisaient la « rame de nuit », c’est-à-dire qu'ils se déguisaient, faisaient la fête, dansaient, chantaient, buvaient, et moi, j’étais le conducteur bénévole des saouls. Je conduisais leur voiture et quelqu’un me suivait pour me ramener.

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PASSE-TEMPS

J’ai été président du club de photo de l’université. Puis, j’ai été le photographe officiel du Festival du Voyageur.

 

Maintenant dans mon quartier, on m’appelle le maire de la rue et chaque année, la semaine avant le retour à l’école en septembre, j’organise une fête de quartier où je demande la fermeture des rues pour que les enfants puissent y jouer sans danger, et on partage de la nourriture et de la musique.

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Landiarisoa, malgache

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« La vie au Manitoba est agréable, surtout à Steinbach la ville où nous vivons actuellement :
c’est calme, paisible, pas stressant et les gens
sont très accueillants. »

Écoutez Landy dire ceci en malgache,
la langue nationale et l'une des langues officielles du Madagascar.

« Mahafinaritra ny fiainana eto Manitoba, indrindra fa eto Steinbach izay toerana ipetrahanay, milamina, tsy misy enjikenjika ny fiainana, ny mpiara-monina koa mandray tsara daholo. » 

QUAND?

Nous (moi et ma famille) sommes arrivés au Manitoba le 8 juin 2018 par avion, 22 heures de vol au total : Antananarivo-Addis Abeba-Dublin-Toronto-Winnipeg.

Nous sommes restés trois semaines à Winnipeg pour nous occuper des papiers administratifs et chercher une maison avant de nous installer à Steinbach qui est la ville que nous avons choisie pour y vivre depuis notre départ de Madagascar.
 

POURQUOI AVOIR QUITTÉ MADAGASCAR?

Nous avons décidé de quitter notre pays pour des raisons économiques et de sécurité d’abord, mais surtout pour l’avenir de nos enfants afin qu’ils puissent trouver un bon travail et avoir une vie stable au Canada.

POURQUOI LE MANITOBA?

Nous avons choisi le Manitoba parce que c’est une des provinces où le coût de la vie est le moins cher et que l’Accueil francophone est là pour aider les gens à leur arrivée. 
Nous voulons aussi que nos enfants soient bilingues et que j’apprenne l’anglais.

 

COMMENT?

Nous sommes entrés par l’immigration économique (travailleur qualifié).

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INSTALLATION

Pour trouver un logement et une voiture, ce fut plutôt facile, car nous avons cherché sur des sites Internet. Pour trouver un emploi, par contre, je n’osais pas postuler pour du travail avec mon niveau d’anglais. Et l’Accueil francophone nous a aidés pour l’ouverture d’un compte bancaire. Ça fait partie de leurs services.

EMPLOI

Suite à l’obtention de mon diplôme de licence en gestion, option organisation à l'Université d'Antananarivo (capitale de Madagascar), j’avais obtenu un poste de comptable et de responsable administratif. 


Comptable à Madagascar c'est l'équivalent de commis-comptable au Canada, ce n’est pas expert-comptable. Sachant qu’au Canada les diplômes étrangers ne sont pas reconnus, je n’ai pas essayé de trouver un emploi dans mon domaine.

INTÉGRATION

Pour communiquer avec les gens, personnellement, j’avais peur de communiquer avec les gens anglophones avant, parce que mon niveau d’anglais est très moyen. Et pour les gens qui parlent le français (Franco-Manitobains), au début je n’arrivais pas à comprendre ce qu’ils disaient, c’est très différent du français qu’on parle en France ou en Afrique (que j’ai plus l’habitude d’entendre), en plus il y a beaucoup de verbes en anglais dans leur phrase, qu’ils conjuguent en français, il faut faire bien attention si on veut comprendre.

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CULTURE

Chez nous au Madagascar, on respecte beaucoup plus les plus âgés que les plus jeunes. Par exemple, au Madagascar, quand on est à table, on sert en premier la personne la plus âgée et après les moins âgés. Ici au Manitoba, on sert d’abord le plus jeune et après les plus âgés.

Dans mon pays, si on se réunit et qu’il n’y a pas assez de chaises pour s’asseoir, le moins âgé donne sa place au plus âgé, mais au Manitoba, c’est le contraire.

LANGUE

Les mots d’ici que je ne connaissais pas :

 

  • chandail (tee-shirt)

  • bâtisse (immeuble)

  • vas-y fort (allez-y, tu peux y aller)

  • présentement (actuellement, maintenant)

  • tuque (bonnet)

  • culotte (pantalon)

  • bienvenue (de rien, je t’en prie)

  • pupitre (table de bureau, table de l’élève)

 

Mes expressions qui semblent inconnues des Manitobains :

 

  • pomme de pin (cocotte)

  • classeur (cartable)

  • trinquer (chin chin)

  • Il y en a beaucoup d’autres, mais je ne me souviens pas de tout.

COMMUNAUTÉ

Je suis une membre active d'une communauté francophone à Steinbach.

PASSE-TEMPS

Fabriquer des bonnets avec un tricotin.
Faire de la marche.
Faire des jeux de société avec ma famille.
Se promener en voiture avec ma famille.
Tripoter mon téléphone  
😊

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Micheline, congolaise

« Le Manitoba est un bon endroit pour élever des enfants. Spécialement Steinbach, une petite ville propre non loin de Winnipeg. »

« Manitoba ezali esika moko ya malamu po na kokolisa bana. Mingi penza Steinbach ezali munene te lokola Winnipeg eza musika te na Winnipeg kasi ezali kimia pe bopeto. »

Écoutez Micheline dire ceci en lingala,
une langue bantoue parlée en République démocratique du Congo.

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QUAND?

Je suis venue au Manitoba avec mon mari et mes deux enfants en juin 2012 après un parcours compliqué à partir de Kinshasa, en République démocratique du Congo, en 2003. 

 

POURQUOI AVOIR QUITTÉ LA RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO?

J’ai dû quitter la RDC en raison du conflit armé qui s’y déroule depuis 1998 [1].

POURQUOI AVOIR CHOISI LE MANITOBA?

Nous avons abouti au Manitoba pour plusieurs bonnes raisons dont en voici deux : les études de mon mari et les traitements médicaux disponibles pour mon fils.

 

COMMENT?

Le Canada m’a acceptée à titre de personne protégée par le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés et j’ai obtenu le statut de résidente permanente.

MON PARCOURS COMPLIQUÉ

Durant ce parcours, en quête d’un bon endroit pour m’établir, je n’ai pas été oisive : entre autres, j’ai suivi des cours de coiffure et des cours d’anglais, et j’ai obtenu un certificat d’aide-soignante de l’Ontario.

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2003

de Kinshasa, RDC

à New York, New York, États-Unis

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2004

de New York, New York, États-Unis

à Annapolis, Maryland, États-Unis

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2004

de Annapolis, Maryland, États-Unis

à Charlotte, Caroline du Nord, États-Unis

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2006

de Charlotte, Caroline du Nord, États-Unis

à Fort Érié, Ontario, Canada

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2007

de Fort Érié, Ontario, Canada

à St. Catharines, Ontario, Canada

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2008

de St. Catharines, Ontario, Canada

à Ottawa, Ontario, Canada

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2010

de Ottawa, Ontario, Canada

à St. Catharines, Ontario, Canada

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2012

de St. Catharines, Ontario, Canada

à Winnipeg, Manitoba, Canada

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2012

de Winnipeg, Manitoba, Canada

à Steinbach, Manitoba, Canada

Puis, j’ai rencontré mon mari et nous avons eu deux enfants. Notre dernier enfant étant atteint de drépanocytose, une partie de nos déplacements a été occasionnée en raison de ses traitements médicaux. Par exemple, nous sommes retournés vivre à Winnipeg de 2013 à 2016 avant de revenir à Steinbach, pour que notre fils puisse y suivre un traitement.

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Mon mari nous a précédés et a facilement trouvé un logement dans un sous-sol au centre-ville de Winnipeg. Mais nous avons vite compris que ce n’était pas le meilleur quartier pour élever des enfants.

EMPLOI

Mon certificat d’aide-soignante de l’Ontario ne suffisait pas pour travailler au Manitoba. J’ai donc travaillé comme aide de maintien à domicile et, quatre mois plus tard, j’ai obtenu le certificat du Manitoba qui me permet d’exercer comme assistante de soins de santé. Mon métier en République démocratique du Congo était journaliste de la presse écrite et de la télévision, mais mon français ne correspondait pas à ce qu’on attendait ici, alors j’ai fait du bénévolat pour un journal communautaire et pour un bulletin électronique.

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CULTURE

Du côté cuisine, certains légumes (comme le chou et les épinards) que nous faisons cuire en RDC se mangent crus ici. Le petit déjeuner ici est constitué principalement de céréales et chez nous, ce serait plutôt du pain, thé ou café accompagnés de lait, porridge, etc.

La relation entre employeurs et employés est beaucoup plus flexible ici que chez moi. Aussi, je suis choquée quand j’entends des enfants appeler leurs aînés par leur prénom.

COMMUNAUTÉ

Je suis très impliquée dans la communauté francophone à Steinbach. J’ai eu cette idée de regrouper les francophones sous la Communauté francophone du Sud-Est du Manitoba (CFSEM). Je suis coprésidente de cette communauté.

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ACTIVITÉS, PASSE-TEMPS

•    Jardiner.

•    Faire du sport avec les enfants.

•    Marcher.

•    Tricoter.

•    Regarder des séries télévisées.

•    Appeler ou texter avec les membres de la communauté pour les informer des activités.

LANGUE

Les mots d’ici que je ne connaissais pas :

 

•    Il fait frais. (Il fait froid.)
•    Il mouille. (Il pleut.)
•    Ça va bien? (Comment ça va?)
•    Pas pire (Ça va bien.) 
•    À soère (À ce soir) 
•    Tu es gelé. (Tu as froid.)

 

Mes expressions qui semblent inconnues des Manitobains :

 

« Ça va de soi » et « Y’a pas de souci » à la place de bienvenue.

Chez nous, par respect, on appelle toute femme « maman »; je ne peux pas t’appeler « Jacinthe », mais plutôt « maman Jacinthe ». Aussi, nous avons du mal à tutoyer les gens.

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Bathélemy, haïtien

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« J’aime le Manitoba parce que les gens sont gentils. Ils comprennent le sens du mot amitié et sont très accueillants, et surtout, c'est une province avec une communauté francophone florissante. »

Écoutez Bathélemy dire ceci en créole haïtien,
lune des langues officielles d'Haïti.

« Mwen renmen Manitoba paske mou nn yo janti. Yo konpwann sans amitye. Yo konn akeyi mou nn e kominote fwankofon nan ap fleri anpil. »

QUAND?

Je suis arrivé au Manitoba en 2002 de Miami, en Floride, où je m’étais installé deux ans plus tôt après avoir quitté Cap-Haïtien, ville portuaire au nord d'Haïti.

POURQUOI AVOIR QUITTÉ HAÏTI?

À part mon désir de poursuivre mes études, les dictatures et les régimes autoritaires en place[1], la goutte qui a fait déborder le vase fut la mort de Jean Dominique[2] en avril 2000. Les meurtriers de ce journaliste engagé, qui dénonçait la corruption et s’était fait le porte-parole des paysans pauvres d'Haïti, n’ont pas été poursuivis à ce moment-là. Cette injustice m’a révolté et m'a poussé à quitter mon pays. Je n’y voyais plus aucun avenir.

POURQUOI LE MANITOBA?

Je croyais bien vivre plus longtemps en Floride. J’avais obtenu mon bac en éducation et en sciences ainsi qu'une licence pour enseigner aux États-Unis. De plus, je pensais entrer dans le programme de maîtrise, lequel n’existait pas à l’époque en Haïti. J’enseignais déjà dans des écoles secondaires congréganistes lorsque j’ai reçu une offre pour venir enseigner la technologie et les sciences dans une école de la Division scolaire de la Rivière Rouge à Saint-Pierre-Jolys. Cette offre me souriait puisqu’elle me permettait d’évoluer en français et me donnait un meilleur accès à des études supérieures, lesquelles comptaient beaucoup pour moi.

 

COMMENT?

Je suis venu au Canada par choix après avoir obtenu un permis de travail. J’ai toutefois vécu une période de grande incertitude, car mes papiers d’immigration n’étaient pas prêts à mon arrivée et j’avais déjà démissionné de mon poste aux États-Unis. Donc, pendant un certain temps, je n’avais aucun statut nulle part, j’étais dans les limbes.

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INSTALLATION

Comme je connaissais déjà des gens et que mon enseignante Irène Garand avait déjà fait certains arrangements ainsi que le directeur de l’Institut Collégial St. Pierre, Donald Trudel, chez qui d’ailleurs j’ai passé la première nuit après qu’il m’eut cueilli à l’aéroport. L’appartement qu’on avait préparé pour moi était juste en face de l’école et, durant les trois premiers mois au moins, je n’ai pas eu besoin de voiture. Mais après trois mois, je commençais à me sentir un peu isolé. Il n’y avait alors que trois adultes noirs sur 1 000 habitants à Saint-Pierre et chacun de mes gestes était remarqué de toute la communauté. J’ai donc déménagé à Winnipeg et fait du covoiturage avec des collègues. Après un an de covoiturage, je me suis acheté une voiture.

 

Ce qui m’a déçu, c’est que malgré le fait que j’avais un emploi stable, lorsque j’ai voulu obtenir un petit prêt pour m'aider à m’établir, la Caisse de Saint-Pierre-Jolys a refusé ma demande. C’est finalement l’établissement bancaire Niverville Credit Union qui m’a accordé ma première ligne de crédit. 

EMPLOI

C’est Irène Garand, enseignante de la congrégation des Sœurs-de-Sainte-Croix et originaire de Saint-Pierre-Jolys qui m’a suggéré de postuler pour l’emploi à l’école d'immersion de son village. Elle me connaissait pour m’avoir enseigné à Cap-Haïtien. J’ai constaté que c’était plus rémunérateur de travailler pour les écoles publiques au Manitoba que pour les écoles américaines.

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CULTURE

Du côté de la culture, il y a des ressemblances et des différences… il y a des attitudes qui sont les mêmes dans mon pays et ce n’est pas une question de culture, mais une question de choix. Entre autres, dans la façon de gérer les conflits. Par exemple, si j’ai un conflit, j’en parle, je le règle et je l’oublie. C’est fini. Ce que j’ai vu souvent ici, ce sont des situations où on ne parle pas, où on finit par garder rancune et où on essaie de descendre l’autre personne. Dans plusieurs occasions, j’ai senti ça : que les gens ont 

toujours quelque chose à régler. Dans ma vie, j’ai choisi d’être ce que je suis : si j’ai un problème avec vous, je vais vous en parler. Peu importe votre position hiérarchique ou votre titre, je vais vous dire : « Voici ce que je pense qui ne marche pas et voici pourquoi je pense que ça ne marche pas, avec tout le respect que je vous dois. » Si j’ai un problème avec X, je n’irai pas en parler avec Y, je vais en parler avec X, exprimer mon point de vue et après que c’est réglé, c’est fini. Mais ce que j’ai senti de la communauté, c’est qu’il y a des gens qui cachent des choses et qui ne veulent pas traiter de ces choses directement avec les personnes concernées. C’est ce qui me met mal à l’aise ici et ça ne veut pas dire que ça n’existe pas ailleurs, mais je vois une certaine tendance générale. Je pense que quelque part, il y a lieu de dépasser l’attitude personnelle et comprendre que si on veut faire une communauté, il y a quelque chose qui est plus grand que nous. Dans le mot communauté, il y a le mot « commun ». Il est important de respecter le pluralisme et la pluralité et de renforcer ce qui nous unit dans la mesure où on peut se respecter, même si on a des différences. Ce que j’ai senti ici, c’est le besoin de faire des cliques et des gangs, de diviser les gens entre « amis », « pas amis » et « ennemis » et ce n’est pas ainsi qu’on bâtit une communauté. 

LANGUE

Les mots d’ici :

J’ai été surpris lorsque j’ai entendu « les oiseaux qui sont jouqués », car « jouquer » en Haïti, c’est un mot créole. Même quand on sait que le créole contient beaucoup de vieux français, on se rend compte à quel point tout est intriqué. Et quand les gens disent « soère » au lieu de « soir », ça, c’est du créole, « à soère ».

Mes expressions :

Je ne crois pas avoir d’expressions méconnues des Manitobains à part certaines qui sont davantage liées à un niveau de langue. Par exemple, si je dis « Cet habit vous sied à merveille. », il y a peut-être un pour cent de la population qui va comprendre de quoi je veux parler. Ou des expressions comme « chercher midi à quatorze heures », « chercher une aiguille dans une botte de foin »… si ça n’a pas été enseigné à l’école, on ne peut pas les savoir. Ce n’est pas inhérent au Manitoba, mais plutôt à la connaissance de la langue.

COMMUNAUTÉ

J’ai fait partie du conseil d’administration de la Société de la francophonie manitobaine, animé une émission à Envol 91 FM, écrit quelques chroniques pour l’hebdomadaire La Liberté. J’ai rempli deux mandats de trois ans au WRHA (Winnipeg Regional Health Authority). Je suis aussi très engagé avec ce qui se passe en Haïti où j’ai lancé une plateforme en ligne pour les élèves du secondaire et fondé une institution postsecondaire il y a deux ans.

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PASSE-TEMPS

  • La lecture (professionnelle et technique, poésie, littérature, quelques romans)

  • Méditation (Ce n’est pas un passe-temps, mais ça occupe mon temps depuis une dizaine d’années.)

  • Enseigner (J’aime tellement transmettre mes connaissances que je peux le mettre dans cette catégorie.) : enseigner à mes enfants, enseigner à des jeunes de ma communauté ou de mon pays d’origine… pas nécessairement dans un contexte scolaire. 

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Yaya, ivoirien

« Je me sens bien au Canada, car la population vit dans la paix sans aucune instabilité. »

« N’bé dia Canada, djamanan déh bè lanfia la, mangan foye té djamanan kônô. »

Écoutez Yaya dire ceci en dioula,
une langue mandingue parlée ou
comprise en Côte d'Ivoire.

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QUAND?

Je suis arrivé par avion directement d’Abidjan, la capitale économique de la Côte d’Ivoire, le 9 décembre 2007.

 

POURQUOI AVOIR QUITTÉ LA CÔTE D'IVOIRE?

Après avoir terminé mon programme universitaire, où j’ai eu l’équivalent du baccalauréat d’ici, je voulais étudier dans un autre système d’éducation, mieux développé, où j’apprendrais de nouvelles réalités, une autre culture, un autre type de formation et dont je pourrais faire profiter les gens de mon pays. C’était ça, mon plan.

POURQUOI AVOIR CHOISI LE MANITOBA?

Je n’avais pas choisi de vivre au Manitoba au départ. Je désirais poursuivre mes études en Angleterre pour obtenir l’équivalence de ce que j’avais déjà fait comme études en Afrique, puis y retourner. Lorsqu’on a refusé ma demande d’application pour un visa, je me suis résigné à oublier mon idée d’aller étudier ailleurs et j’ai commencé à me préparer à intégrer le marché du travail.

Heureusement, une de mes connaissances avait un frère à Winnipeg et m’a un peu forcé la main en me parlant du Canada, que c’était un bon pays, un des meilleurs pays au monde… (ce que je peux confirmer maintenant). Cette dame m’a mise en contact avec son frère et après plusieurs correspondances, celui-ci a fait mon inscription à l’université, et autres démarches essentielles à mon arrivée. 

Il faut préciser que de mes quatre années universitaires, on ne m’en créditait que deux. Mais après quelque temps, je me suis dit « Pourquoi obtenir un diplôme et retourner en Afrique sans expérience? Quel avantage y a-t-il à ça? » J’ai donc décidé de sanctionner mon diplôme canadien, un baccalauréat en administration des affaires, par une expérience canadienne.

 

COMMENT?

Je suis arrivé au Manitoba avec un statut d’étudiant international pour étudier au CUSB (Collège universitaire de Saint-Boniface, aujourd’hui l’Université de Saint-Boniface).

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INSTALLATION

J’ai été chanceux parce que le frère de mon amie (celui qui vivait à Winnipeg et qui est devenu aussi mon ami) s’était occupé de me réserver une chambre à la résidence universitaire. Par contre, je suis arrivé en décembre, en plein hiver, et je n’étais certainement pas habillé pour affronter le climat d’ici. J’ai découvert que j’avais plus peur du froid dans ma tête que dans la réalité. Ce qui fait que dans le tunnel de sortie de l’avion, avant même de poser le pied dehors, j’avais commencé à grelotter. Mais avec mon crâne rasé, sans bonnet, j’ai eu le temps de me geler les oreilles pour de vrai avant de rentrer dans ma chambre.

Pour le reste, mon ami m’a facilité beaucoup de choses comme ouvrir un compte bancaire. L’année qui a suivi mon arrivée, le CUSB a créé le Bureau international pour répondre aux besoins des nouveaux arrivants : aller les chercher à l’aéroport, les aider à faire leur épicerie, aller à la banque, les aider avec leurs cours, etc. 
 

INTÉGRATION

Mon intégration a été facilitée grâce à mon ami qui m’a intégré à son réseau d’amis composé de gens d’ici et d’ailleurs, et j’ai pu ainsi profiter de leur expérience.

 

EMPLOI

 

Quand j’étais à l’université, j’ai obtenu le poste de chef de résidence seulement huit mois après m’y être installé, ce qui m’a permis d’être logé gratuitement pour le restant de mes études. Non seulement je n’avais pas de loyer à payer, mais c’était une bonne expérience de travail. À la fin de mes études, j’ai remplacé la personne qui m’avait embauché et je suis devenu agent au bureau de logement. Ce poste-là était rémunéré. Puis, j’ai été un des premiers employés du bureau international créé au CUSB, à titre d’agent d’accueil j’accompagnais les étudiants nouvellement arrivés.

 

J’ai commencé ensuite à travailler pour l’Accueil francophone et en même temps je m’impliquais auprès de l’Alliance des radios communautaires de l’Ouest et des Territoires (ARCOT). Une chose en entraîne une autre et la directrice d’Envol, la radio communautaire du Manitoba, m’a offert un poste en comptabilité, emploi qui correspondait à ma formation universitaire. Mes fonctions ont évolué avec le temps pour finir par aboutir à la direction d’Envol.

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CULTURE

D’abord, le style d’enseignement est différent de celui en Afrique. Ce dernier, qui s’appuie sur le système français, met l’accent sur la mémorisation et n’accorde pas beaucoup de place à la pratique. Ici, c’est le contraire, moins d’accent sur la mémorisation, mais beaucoup de pratique. 

Il y a aussi une grande différence dans le degré de respect accordé aux personnes âgées. Dans mon pays, on n’appelle

pas une personne âgée par son nom, comme les enseignants d’ailleurs. Ce sera monsieur ou madame, et avec beaucoup de déférence. En plus, on ne fixe pas ces personnes dans les yeux quand on leur parle, ce serait impoli. Mais ici, si on ne regarde pas une personne dans les yeux quand on lui parle, c’est considéré comme étant impoli et même, on peut penser que tu cherches à cacher la vérité. Ça fait partie du défi. 

La distanciation aussi, et là, je ne parle pas de la distanciation forcée actuelle comme moyen de limiter la transmission de la COVID-19, mais de l’habitude des Africains de manifester fréquemment des marques d’affection entre amis et amies de même sexe, et entre les membres d’une même famille comme se donner des bises ou se faire l’accolade. Si une personne ne s’approche pas de moi, en Afrique, c’est comme si cette personne me rejetait. Alors qu’ici, c’est plutôt la norme de se tenir à l’écart pour respecter l’espace des gens.

Et lorsqu’on retourne en Afrique avec nos nouvelles habitudes acquises ici, on est mal vu! Avec le temps, on développe une nature hybride en quelque sorte. Pas tout à fait canadien, plus tout à fait africain…

LANGUE

Les mots d’ici que je ne connaissais pas :

  • brocheuse => agrafeuse

  • cartable => classeur ou sac

  • il mouille => il pleut

  • salle de bain => toilettes

 

Mes mots que les Manitobains comprennent moins (essentiellement le français de France) :

  • classe => cours

  • pointe => clou

COMMUNAUTÉ

J’ai participé au Festival du Voyageur avec mes amis, puis avec ma famille. Je suis membre du conseil d’administration de l’organisme Abri Marguerite, une initiative mise en place pour répondre au besoin de logement des familles immigrantes. Je suis aussi membre du conseil d’administration de l’Alliance des radios communautaires du Canada. Je n’ai plus le temps comme

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avant de m’impliquer dans les activités de ma communauté, mais j’en ai fait beaucoup auparavant, surtout lors d’ateliers d’intégration des nouveaux arrivants organisés par l’Amicale de la francophonie.

ACTIVITÉS, PASSE-TEMPS

•    Lecture

•    Faire du sport

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Maha, tunisienne

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Ce qui me plaît le plus ici, c’est que les gens sont toujours prêts à aider, sans rien attendre en retour. De plus, il n'y a aucun jugement par rapport à ton physique, ta religion ou ton genre.

Écoutez Maha dire ceci en tounsi (arabe tunisien), un dialecte parlé en Tunisie.

أكثر ما يعجبني هنا، هو أن الناس يساعدون الغير بدون حساب وخاصةً ليس هناك حكم على الاخرين بالمظهر ، الدين أو الجنس

QUAND?

Je suis partie de Tunis, la capitale de la Tunisie, pour me rendre jusqu’à Winnipeg à la fin de juillet 2019, en faisant une escale à Berlin en Allemagne et une autre à Montréal au Québec.

POURQUOI AVOIR QUITTÉ LA TUNISIE?

Depuis la révolution de 2011¹, il y avait une dégradation économique en Tunisie. C’était un peu le rêve de mon mari, d’aller vivre ailleurs et, lorsque nous nous sommes mariés, nous avons commencé à penser à l’avenir, surtout pour nos futurs enfants. Mais la Tunisie est un très beau pays et il me manque beaucoup. Mais grâce à la technologie, nous avons de fréquents contacts visuels.

POURQUOI LE MANITOBA?

On avait une amie qui venait d’immigrer au Manitoba. Elle nous a parlé de son expérience et ça nous a encouragés à faire une demande au programme d’immigration, surtout après la visite exploratoire en 2017. Nous étions sûrs que c’était le bon endroit pour commencer un nouveau chapitre de vie pour notre petite famille. 

 

COMMENT?

Nous avons présenté une demande dans le cadre du programme d’immigration offert par le gouvernement canadien (résidents permanents).

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Ce fut plutôt facile de se dégoter une voiture, mais un peu plus difficile de trouver un logement. Normalement, quand vous êtes un nouvel arrivant et que vous n’avez pas de référence ou de personne garante, du coup, vous éprouvez de la difficulté à vous trouver un foyer rapidement. Mais pour nous, ce fut assez rapide, car nous avons bien utilisé notre temps en rencontrant tous les organismes qui pouvaient nous aider à l’époque. Alors dès les premières journées, nous avons trouvé du travail pour nous deux et un logement. Par contre, j’ai su que certaines agences de logement profitent des immigrants en les obligeant à payer plusieurs mois à l’avance, même si c’est interdit par la loi.

INTÉGRATION

Suite aux recommandations d’autres immigrants, on a pris des rendez-vous dans des banques et puis on a choisi celle qui nous convenait le mieux. La communication avec les gens était facile, les cultures sont très variées ici, les gens sont gentils et nous sommes naturellement sociables… de plus, notre bilinguisme nous a aplani les difficultés. Se faire des amis est assez facile quand on est ouvert d’esprit, lorsqu’on comprend ses limites et les limites des autres. Après ça, il faut bien entendu choisir ses amis avec soin. 

EMPLOI

J’étais responsable marketing dans mon pays. Ici, je n’ai pas postulé pour un emploi en marketing. D’abord, pour être franche, on doit avoir un diplôme canadien et je n’ai pas encore l’expérience canadienne qui me permettrait de valider le tout. Comme je suis une personne très réaliste, j’ai choisi de faire les choses petit à petit. 

Par contre, j’ai commencé un mini projet afin de présenter nos plats traditionnels de la Tunisie, et ça obtient un succès inattendu. Vous pouvez vous rendre sur la page Facebook Jiji’s Kitchen pour y trouver mes créations.

 

 

 


 

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CULTURE

Même s’ils sont ouverts d’esprits et qu’ils acceptent la variété des cultures, les Manitobains sont réservés et ils prennent du temps avant de nouer des amitiés. Alors que nous, surtout les Maghrébins, nous sommes très sociables. Aussi, du côté de la gastronomie, nous n’avons certainement pas la même cuisine ni les mêmes goûts. 😊

LANGUE

Je travaille avec des anglophones, alors je n’ai pas eu la chance de communiquer avec des francophones pour le moment.

COMMUNAUTÉ

Je ne participe malheureusement pas encore à des activités communautaires. D’abord, parce que j’étais très concentrée sur mon travail et ma maison, et surtout mon nouveau-né. Mais je considère vraiment m’investir plus dans les activités de bénévolat.

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PASSE-TEMPS

Depuis que j'ai eu mon bébé, mes « passe-temps » ont changé. Mais j'essaie de me réserver du temps à moi parce que c'est très important pour mon équilibre personnel et mon bien-être. Aussi, la marche avec mon bébé, une heure chaque jour. Et la lecture.

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Janaína, brésilienne

Ce que j’aime le plus au Manitoba, c’est la relation avec la nature, la présence autochtone, les animaux que je vois dans les rues et dans les forêts. J’aime aussi voir les flocons de neige tomber et entendre plusieurs langues.

O que eu mais gosto do Manitoba é a relação com a natureza, a presença indígena forte, os animais que eu vejo nas ruas e florestas. Gosto também de ver a neve cair e de escutar muitas línguas.

Écoutez Janaína dire ceci en portugais, la langue officielle
du Brésil.

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QUAND?

Je suis venue m’installer au Manitoba en avril 2019. Partie de Porto Alegre, au Brésil, je me suis arrêtée dans la ville de Québec pour une réunion avant d’arriver à Winnipeg.

 

POURQUOI AVOIR QUITTÉ LE BRÉSIL?

Pour plusieurs raisons, à commencer par le fait que le Brésil a élu, en 2018, un président d’extrême droite[1], ce qui voulait dire que la réalité socioéconomique chez moi allait changer drastiquement. En plus de cela, j’avais envie d’habiter ailleurs.  

POURQUOI AVOIR CHOISI LE MANITOBA?

À l’hiver 2017, une amie m’avait invitée à connaître la province et l’Université de Saint-Boniface. L’année suivante de cette première visite, j’ai obtenu une bourse du gouvernement du Canada pour faire un stage doctoral, alors je suis revenue pour trois mois. Ce fut pendant ce stage que j’ai eu enfin l’offre d’emploi qui me ferait venir habiter dans la province. 

Au départ, je n’ai pas choisi le Manitoba comme mon nouveau chez-moi… j’avais en tête que ce serait une expérience de mobilité intéressante tant du point de vue personnel que professionnel. Une fois sur place, nous nous sommes, mon mari et moi, de plus en plus vus comme habitants du Manitoba et nous voulons donc rester. Si je pense, c’est vrai, à acheter une maison et élever mes futurs enfants ici, je ne cesse pourtant pas de songer à retourner au Brésil… ça prend du temps à bâtir notre chez-nous.

COMMENT?

Je suis venue grâce à un permis de travail temporaire. Maintenant, mon mari et moi avons présenté une demande de résidence permanente.

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Pour avoir travaillé bénévolement pour le Centre de la francophonie des Amériques depuis plusieurs années, je connaissais déjà le fonctionnement de la société canadienne. Et, parce que je savais comment aller chercher des références et naviguer dans les systèmes administratifs, ce fut assez facile de trouver un logement, un emploi et une voiture, et plutôt facile d’ouvrir un compte bancaire. J’aimerais préciser que la facilité que j’ai eue pendant l’établissement n’est pas due au système, mais à ma connaissance du système. 

 

INTÉGRATION

Malgré ma facilité à communiquer avec les gens, j’éprouve de la difficulté à me faire des amis ici. Est-ce dû à la différence de culture ou à un certain degré de fermeture de la part des Manitobains, et plus encore des Franco-Manitobains? L’avenir le dira… il faut dire qu’avec les conditions actuelles, je n’ai pas eu la chance de rencontrer beaucoup de gens encore.

 

EMPLOI

 

Au Brésil, j’étais enseignante de français et je finissais mon doctorat en linguistique. J’ai pu trouver un emploi dans mon domaine ici.

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CULTURE

La manière d’établir des relations avec les personnes est différente ici. Au Brésil, on est beaucoup plus ouverts, on touche beaucoup plus, on se serre dans les bras plus facilement.

LANGUE

Mon travail au Centre de la francophonie des Amériques m’ayant déjà initié au français canadien, je n’ai pas encore détecté beaucoup de différences avec le français du Manitoba.

COMMUNAUTÉ

Je n’ai pas eu la chance encore de participer à des activités communautaires dans mon quartier. D’abord parce que je n’ai pas eu le temps, mais ensuite parce que je ne connais pas beaucoup de personnes au Manitoba. Et encore une fois, la situation exceptionnelle que nous vivons actuellement s’y prête un peu moins.

ACTIVITÉS, PASSE-TEMPS

•  Lire

•  Regarder des séries télévisées et des films

•  Faire la cuisine

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[1] Le Brésil, un pays divisé, Dossier Radio-Canada

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Malick, sénégalais

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Bonjour, bienvenue au Manitoba! Le Manitoba se trouve au Canada et c’est une très belle province. En été, on a des arbres partout et c’est beau, en hiver on a de la neige. Le Manitoba est beau, j’aime bien le Manitoba.

Écoutez Malick dire ceci en wolof,
une langue parlée au Sénégal.

Nanguen deef, daalal akk jaam fiii sii Manitoba, Manitoba mingui neek sii reew bouniouy wakh Canada. Manitoba deeuk bou nekh la deuk bou raféte. Si tangor biii, daniouy ame gaarap you barii siii seeday bii niou ame neige. Manitoba neekh naa rafete naa, beug na trop Manitoba....

QUAND?

Je suis arrivé au Canada en 2012 par un vol Dakar-Paris-Vancouver-Winnipeg.

POURQUOI AVOIR QUITTÉ LE SÉNÉGAL?

Les programmes d'études canadiennes sont très respectés à travers le monde, et on sait qu’étudier au Canada nous ouvre des portes plus tard. Je voulais faire mon bac en administration des affaires. Et j’ai fini par décider de rester ici après mes études.

POURQUOI LE MANITOBA?

Il s’est avéré que l’un de mes oncles avait un contact avec le ministère de l’Éducation où il y avait un représentant de l’Université de Saint-Boniface à Dakar. C’est cette personne qui a fait toutes les demandes, y compris la demande d’admission à l’université. Aussi, le Manitoba me donnait la chance d’apprendre l’anglais plus facilement.

 

COMMENT?

Je suis entré au Canada au moyen d’un permis d’études.

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Tout s’est fait assez aisément. L’Université de Saint-Boniface offre des logements à ses étudiants et j’avais déjà présenté ma demande depuis le Sénégal. Des membres du personnel du bureau d’accueil de l’université m’ont aussi aidé dans certaines démarches, en m’accompagnant par exemple, pour aller ouvrir un compte bancaire.

INTÉGRATION

Une excellente façon pour moi de rencontrer des gens et de me faire des amis a été de m’impliquer dans des organismes communautaires, et en devenant représentant des étudiants à l’Association de Saint-Boniface ainsi qu’à l’Association sénégalaise du Manitoba.

EMPLOI

Après mes études, j’ai pu trouver un travail dans mon domaine d’études en comptabilité.

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CULTURE

Dans la culture africaine, toutes tes connaissances, qu’ils s’agissent de camarades de classe ou de collègues de travail, sont des « amis ».  Mais j’ai remarqué qu’ici, ces mêmes connaissances peuvent te croiser dans la rue en dehors de la salle de classe ou après le travail et ne te salueront pas. Au Sénégal, cela serait interprété comme une manifestation d’indifférence envers les autres, parce

que là-bas, tes connaissances t’accordent beaucoup de temps, même lors de rencontres fortuites.

 

LANGUE

Les mots d’ici :

Je suis excité. (Transposition littérale de l'anglais « to be excited by »)

Mes expressions :

Pour ce qui est de mes expressions qui pouvaient ne pas être connues des Manitobains, je n’ai pas fait suffisamment attention pour remarquer s’il y avait des réactions d’incompréhension de la part de mes interlocuteurs.

COMMUNAUTÉ

Je suis membre de la Coop Vélo-Cité et je travaille bénévolement dans leurs locaux. Lorsque j’étais à l’université, j’étais représentant des étudiants au sein de l’Association Étudiante de l’Université de Saint-Boniface et dans ma communauté, des étudiants de l’Association des Sénégalaises et Sénégalais du Manitoba - Canada. Je fais toujours d’ailleurs du bénévolat pour cette dernière.

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Je fais aussi partie de groupes de coureurs, dont le Winnipeg Running Group. Avant le début de la pandémie, on se rencontrait chaque samedi pour courir ensemble. Maintenant, je cours seul.

PASSE-TEMPS

Courir, nager et faire du vélo.

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Gonzalo, argentin

Le Manitoba et ses habitants ont un charme authentique. Les résidents des villes et des villages font partie de sa beauté et il n’y a qu’à sortir de Winnipeg pour trouver des trésors naturels et vivre des aventures en plein air.

Manitoba y su gente tienen un encanto genuino.
La gente que habita las ciudades y pueblos hacen a su belleza, y basta con alejarse un poco de Winnipeg para encontrar tesoros naturales y aventuras al aire libre.

Écoutez Gonzalo dire ceci en espagnol
la langue officielle de l’Argentine.

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QUAND?

Je suis arrivé en 2011 par un vol Buenos Aires – Sao Pablo (Brésil) – Toronto. Lorsque j’ai déménagé à Winnipeg, trois mois plus tard, j’ai pris l’autobus (Greyhound). Ouch! Je dois dire que les autobus en Argentine sont plus confortables que le Greyhound.

 

POURQUOI AVOIR QUITTÉ L'ARGENTINE?

Pour connaître d’autres pays et cultures.

POURQUOI AVOIR CHOISI LE MANITOBA?

Après avoir terminé mes études à l'Université de Buenos Aires, j'ai décidé de partir à l’aventure et d’aller vivre au Canada quelque temps. J'ai habité quelques mois à Toronto avant de déménager à Winnipeg où j’ai obtenu un emploi au restaurant Hermanos, un restaurant sud-américain qui a maintenant fermé ses portes. J’ai fini par y travailler sept ans. 

COMMENT?

J'avais un permis de travail ouvert dans la catégorie vacances-travail, grâce auquel on peut travailler n’importe où au Canada, mais pendant seulement un an. Après ça, je devais avoir une offre d’emploi pour pouvoir rester, ce qui a été le cas.

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Comme j’ai la chance de parler assez bien l'anglais, trouver un logement et une voiture ainsi qu’ouvrir un compte bancaire fut assez aisé. Cependant, il y a une différence entre trouver un emploi et trouver l'emploi qui correspond à mon éducation et à mon profil professionnel et ça, ça a pris du temps. 

 

INTÉGRATION

En général, tout le monde est très gentil. La communication avec les gens était plutôt facile. Ce qui m’a bien aidé, ce sont les services de l’organisme WELARC (Winnipeg English Language Assessment and Referral Centre) qui oriente les nouveaux arrivants et les met en contact avec les services qui leur permettront d’améliorer leur langue.

 

EMPLOI

 

Pendant mes études à plein temps en sciences politiques en Argentine, je travaillais aussi pour des organismes à but non lucratif. J’ai fait la même chose ici, car, pour arriver à trouver un emploi dans son domaine d’expertise, ce sont les contacts et le réseautage dont on a besoin, en plus de l’expérience et de l’éducation.

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CULTURE

J'apprécie la diversité culturelle au Manitoba. Les gens sont très aimables, mais peut-être que nous, les Argentins, sommes plus proches de notre famille. Bien que je sois content de vivre ici, ma famille me manque beaucoup.

LANGUE

Lorsque je suis arrivé ici, je ne parlais aucun français. Toutes les expressions étaient nouvelles pour moi! Maintenant que je me débrouille assez bien en français, je vois la différence entre la façon de parler des Manitobains, leur accent, leurs expressions, et ce que j’apprends durant mes cours à l’Alliance française.

COMMUNAUTÉ

Je fais partie du conseil d'administration d’Altered Minds Inc., un organisme à but non lucratif qui aide les nouveaux arrivants à s'adapter au changement et à surmonter les obstacles afin d’avoir une bonne qualité de vie. J’ai aussi été bénévole pour le Bear Clan Patrol, un organisme communautaire qui offre des services axés sur la sécurité et l'appartenance, le mieux-être mental, la résolution de conflits et la prévention de crimes aux gens vulnérables de

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la collectivité. Je suis aussi impliqué dans le projet Living on the edge d’United Way Winnipeg, qui sensibilise les participants aux défis et barrières auxquels font face les gens à faible revenu à Winnipeg.

ACTIVITÉS, PASSE-TEMPS

J'adore faire du camping dans l'arrière-pays, des voyages en canoë (spécialement au parc provincial Nopiming), de la voile au lac Falcon et toutes sortes d’autres activités en plein air. En hiver, je fais du ski de fond et je reste plus souvent à la maison, en lisant des romans.

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Synthèse

QUI SONT-ILS?

Dans cette chronique, nous avons questionné 12 immigrants venus de 12 pays différents pour s’installer dans la province du Manitoba, au Canada, pour la plupart au cours des dix dernières années. Nous voulions connaître leur parcours et les présenter aux lecteurs du Nénuphar.

Ils nous ont dit, en bambara, en éwé, en arabe, en kinyarwanda, en malgache, en lingala, en créole, en dioula, en tounsi, en portugais, en wolof et en espagnol… qu’ils aimaient le Manitoba pour la beauté de sa nature et parce qu’on peut y vivre en paix. Ils ont aussi trouvé les Manitobains accueillants, hospitaliers, charitables et d’une humeur égale.

Ils sont partis à l’aventure, pour acquérir de nouvelles expériences, pour fuir la guerre et l’intolérance, pour faire de meilleures études et pour procurer un avenir plus sécuritaire à leurs enfants.

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LE MANITOBA

Ils ont été aiguillés au Manitoba ou ont choisi d’y venir parce qu’ils pouvaient apprendre l’anglais tout en évoluant en français, avoir accès à des études supérieures dans un endroit où le coût de la vie était raisonnable… ou parfois simplement parce qu’ils y connaissaient quelqu’un. 

Ils sont arrivés à titre d’étudiant international, de travailleur qualifié ou de réfugié et leur porte d’entrée fut une bourse du gouvernement canadien, un programme d’immigration, un permis d’études, un permis vacances-travail, un permis de travail temporaire, un passeport des Nations Unies pour les réfugiés ou le programme des candidats du Manitoba.

Leur installation a été relativement aisée lorsqu’ils avaient des amis ou de la famille en place, qu’ils avaient déjà une certaine connaissance du Manitoba, qu’ils ont reçu l’aide d’un agent d’immigration, de l’Université de Saint-Boniface ou d’un service d’établissement comme l’Accueil francophone. Certains ont rencontré des difficultés parce que leur niveau d’anglais n’était pas suffisant ou se sont sentis détonner dans l’environnement homogène d’un petit village.


Certains ont trouvé un emploi dans leur domaine d’expertise ou leur domaine d’étude, d’autres ont dû se réorienter et poursuivre d’autres voies, le certificat ou diplôme obtenu dans leur pays d’origine n’étant pas reconnu au Canada. Pour bien des nouveaux arrivants, ce sont leur bénévolat auprès d’organismes à but non lucratif et leur implication dans leur communauté qui leur a permis de se tailler une place sur le marché du travail.
 

INTÉGRATION – CULTURE

Plusieurs ont éprouvé de la difficulté à s’intégrer et à se faire des amis, trouvant les mailles de la société manitobaine tricotées trop serrées pour laisser entrer des gens d’un autre milieu, d’une autre culture. Parfois, le manque de connaissance de l’anglais s’est avéré un obstacle et d’autres fois, ce fut la différence entre l’accent et la parlure francophone très différente de la leur à laquelle ils se sont butés.

Au-delà de la gastronomie, le plus grand écart culturel constaté par la majorité des immigrants se situe dans la façon de traiter les aînés, de gérer les conflits, d’établir des relations et de manifester physiquement son affection.

Les plus grandes différences langagières portent sur les régionalismes, anglicismes, et tics de langage de part et d’autre.

La plupart se sont impliqués dans leur communauté, auprès d’associations étudiantes ou sportives ou encore de regroupements culturels. Le bénévolat leur a permis de créer des liens, de trouver un emploi et de mieux s’intégrer à la société manitobaine.

Leurs choix de passe-temps ressemblent à ceux de tout le monde : lire, écouter de la musique, faire de la marche et du vélo, exercer des sports, jouer à des jeux de société, jardiner, regarder des séries télévisées, etc.

LA VÉRITÉ VRAIE

Pour savoir réellement comment ils se sentaient dans leur nouveau « chez-eux », nous leur avons demandé de répondre le plus franchement possible à deux questions en leur promettant l’anonymat. Voici leurs réponses compilées :

 

1. Comment avez-vous trouvé l’accueil en terre manitobaine?

 

  • Amical

  • Chaleureux

  • Chaleureux, mais davantage chez les anglophones que les francophones, dans mon cas, en tout les cas.

  • Du point de vue individuel, c’est très bien, mais du point de vue organisationnel, l’accueil fut très pauvre pour ne pas dire inexistant.

  • En général très gentil et amiable. 

  • Il existe de la ségrégation. Dans mon milieu professionnel, les exigences sont différentes à mon égard. Les gens devraient être jugés en fonction de leur travail, pas selon leur culture.

  • Il y a une certaine méfiance de l’étranger que je pourrais attribuer à la peur de perdre son héritage.

  • La preuve du « friendly Manitoba » est faite.

  • La vie communautaire est excellente.

  • Les membres de la communauté se protègent entre eux et le gouvernement protège les communautés.

  • Lorsque les Manitobains te connaissent, ils te font totalement confiance.

  • Pas ouvert à la diversité.

  • Très réservé et un peu hésitant sur la démarche à suivre. Comme si on avait peur de faire des faux pas.

 

2. Qu’est-ce qui manquerait à votre épanouissement à long terme au Manitoba?

 

  • Des amis et le contact avec des gens de ma culture.

  • Des fruits et des poissons frais

  • Des montagnes

  • Des températures plus douces

  • La chaleur

  • La mer et la plage

  • Le goût de la nourriture : elle a moins de goût ici.

  • Ma famille

  • Me connaître mieux et apprendre des autres.

  • Meilleure administration, moins de contrôle et plus de tolérance

  • Meilleure équité pour les immigrants : l’expression « ayant droit » est utilisée dans le mauvais sens.

  • Meilleure gestion municipale de Winnipeg, mon quartier semble avoir été oublié.

  • Plus d’espaces verts à Winnipeg.

  • Reconnaissance de la valeur du travail et critique constructive pour pouvoir s’améliorer professionnellement.

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