Qu’en est-il exactement du legs de la colonisation sur les peuples autochtones de l’île de la Tortue? Quels sont les enjeux contemporains en ce qui a trait à la réconciliation? Cette chronique vous donne l’heure juste en plus de fournir des actions concrètes, individuelles et collectives pour entreprendre ce processus que nous appelons la réconciliation.
TABLE DES MATIÈRES
Éveillée par mon tambour
– 1ʳᵉ partie –
Bienvenue, chères lectrices et chers lecteurs à ma chronique RéconciliACTION, une toute nouvelle chronique dans Le Nénuphar. Je m’appelle Janelle Delorme. Je suis une femme métisse de la Rivière-Rouge. Mes familles métisses sont les Delorme et les Nault (parmi les nombreuses familles métisses que je ne pourrais vous lister). Eh oui, je suis parenté à Louis Riel en tant que descendante de sa tante Josette « La Cyprès » Lagimodière. Cela fait 10 ans que je chemine sur cette voie que nous appelons « la réconciliation avec les peuples autochtones » et j’aurai le plaisir de partager avec vous ce que j’ai appris… et ce que je continue à apprendre. Avant de me lancer dans le vif du sujet, j’ai cru bon de vous raconter mon cheminement personnel.
Le début
En été 2011, je me suis sentie appelée à participer à un projet d’envergure, même si j’étais occupée à faire ma maîtrise et que je n’avais pas vraiment le temps de m'investir dans autre chose. En septembre 2011, dans le cadre du Service d’animation spirituelle à l’Université de Saint-Boniface, Sœur Norma McDonald m’a recruté pour que je me joigne à un groupe d’étudiant·es et de membres du personnel cherchant à élargir nos connaissances et mieux comprendre les défis sociaux, culturels et politiques, du passé et du présent, qui résultent de la Loi sur les Indiens, surtout les répercussions du système des pensionnats autochtones. Notre groupe « réconciliACTION » s’est engagé à prendre part à un projet de solidarité dans le but de forger des relations entre les Autochtones et les non-Autochtones pour promouvoir la guérison et la réconciliation.
Nous avons participé à plusieurs activités de sensibilisation, de rassemblements et de cérémonies. Par exemple, nous avons rencontré Theodore Fontaine (décédé en mai 2021) qui nous a parlé de son expérience dans le pensionnat indien de Fort Alexander (communauté de la Première Nation de Sagkeeng) et au pensionnat indien d'Assiniboia dans le quartier River Heights, de Winnipeg. Nous nous sommes unis aux grands-mères autochtones dans une cérémonie et une marche pour la protection de leurs enfants et petits-enfants. Nous avons passé du temps dans la communauté de la Première Nation de Hollow Water. Nous avons aussi participé à Returning to Spirit/Retour à l’Esprit, un atelier qui m’a permis de grandir en tant que personne.
Le projet réconciliACTION s’est terminé avec un voyage de solidarité en Colombie-Britannique. Du 7 au 23 mai 2013, un groupe de six femmes est allé rencontrer et forger des amitiés avec des membres de communautés des Premières Nations sur la côte ouest : Tlo-qui-aht, Hesquiaht, Ahousaht, Squamish – Lil’wat et Musqueam. Notre séjour a été magnifique! J’aimerais tellement vous en dire plus, mais cela devra se faire dans une autre chronique puisque j’ai une autre histoire à vous raconter cette fois-ci. Entre temps, je vous présente quelques photos pour vous donner un aperçu.
Groupe RéconciliACTION avec le Chef Simon à Tlo-qui-aht (Tofino), Colombie-Britannique
Rassemblement communautaire à Tlo-qui-aht
Dans une classe à l’école d'Ahousaht
Mon tambour
Parmi toutes les belles expériences que j’ai vécues lors du Projet RéconciliACTION, l’occasion de fabriquer mon tambour a été très significative pour moi. À quelques jours de la Lune de la moisson / l’équinoxe d’automne 2012, nous étions un groupe (majoritairement) de femmes qui se sont rassemblées au centre de retraite « Lumière des Prairies » pour une journée de fabrication de tambour. Nous étions accompagnées par l’aînée Mae Louise Campbell, ainsi que sa fille Jamie Goulet et sa nièce.
Ainée Mae Louise Campbell (Ojibwa, Saulteaux, Métis)
Voici l’enseignement dont nous a fait part Mae Louise. (Le texte ci-dessous a été traduit à partir de ses mots.)
Le tambour de la paix
Enseignement traditionnel raconté par ISHKOTE ODEIMA KWE, Fireheart Turtle Woman (Femme tortue vaillante), l'aînée Mae Louise Campbell.
Il y a longtemps, lors d’un rêve, une femme Ojibwé a reçu une révélation lui montrant la raison de battre du tambour. Elle a appris que les femmes devaient s'unir pour battre du tambour afin d'apporter la paix à leurs tribus en guerre. Les femmes devaient prendre l'initiative d'apporter la paix, car les hommes étaient trop occupés à se quereller. Elle a reçu des instructions précises pour la fabrication du tambour communautaire. Elle a réuni les femmes de sa tribu pour construire le tambour, et lorsqu'il a été terminé, amis et ennemis ont été invités à venir jouer ensemble. Alors que le rythme du tambour les unissait, les deux tribus ont fait la paix.
Avec Jamie Goulet, en train de serrer la peau sur l’anneau en bois
L'aînée Mae Louise Campbell bénit nos tambours avec de l’eau et du tabac
Après la bénédiction
Non seulement le tambour est un symbole de paix, mais son rythme représente le battement de cœur de la Terre mère – celle qui nous nourrit, celle qui nous donne la vie. Il représente aussi le battement de cœur de notre propre mère – celle qui nous a portés et amenés dans ce monde. Nous y sommes naturellement attirés puisque le battement de cœur de notre mère est le premier son que nous entendons. Quel bel enseignement!
Colorée des couleurs d’automne et réchauffée par un dernier vent chaud avant l’hiver, la journée même était magique. Ce qui a le plus résonné en moi c’est que nous sommes maintenant porteuses d'un tambour. Il est donc notre devoir, notre responsabilité de le jouer. Malheureusement, nous ne pouvions pas jouer de nos tambours ce jour-là puisque les peaux n’étaient pas encore sèches. Tout de même, ce qui en a suivi quelques mois plus tard a déterminé le cours de ma vie.
Restez à l’écoute pour la suite. Je vous raconterai le moment où j’ai eu l’occasion de jouer de mon tambour pour la première fois. Et pourquoi fabriquer mon tambour m’a été si cher.
Sur ce, à la prochaine!
Me voici jouant du tambour lors du voyage de solidarité en 2013
Éveillée par mon tambour
– 2ᵉ partie –
Lorsque j’ai fabriqué mon tambour, nous avions reçu les consignes explicites que nous avions la responsabilité de le jouer. Mais je dois vous admettre, je ne savais pas où j’allais le jouer. Allais-je me sentir à l'aise de le jouer seule à la maison, sans connaître aucune chanson? Allais-je avoir l’occasion de le prendre avec moi lors d’un événement communautaire?
L’occasion s’est présentée à la veille du jour de l’An 2013. Le 31 décembre 2012, j’ai reçu un texto d’une amie me disant qu’il y aurait un grand rassemblement Idle No More aux coins des rues Portage et Main.
En automne 2012, Sylvia McAdam, Sheelah McLean, Jessica Gordon et Nina Wilson, quatre femmes de la Saskatchewan, dont deux femmes autochtones, avaient organisé des ateliers destinés à vulgariser les impacts des projets de loi C-38 et C-45 sur les Autochtones. Ces lois omnibus de plusieurs centaines de pages, déposées par le gouvernement conservateur du temps, allaient modifier plusieurs lois en matière de protection environnementale, de pêche et de soins de santé. Sans qu’elles aient pu l’imaginer, elles ont fondé un mouvement qui est devenu le mouvement Idle No More.
Ce n’est pas surprenant que mon amie et moi nous nous soyons jointes à l’événement qui revendiquait entre autres la perte de protection de 98 % des cours d’eau au Canada. Quelques mois plus tôt, en juin 2012, nous sommes allées en voyage de solidarité au Brésil pour la Conférence des Nations Unies sur le développement durable – Rio+20. Parallèlement, nous avons participé au Sommet des peuples et à la Conférence internationale de développement durable et d’autodétermination des peuples autochtones où nous avons appris au sujet des fausses solutions vertes, ainsi que les solutions apportées par les représentants de diverses nations autochtones.
Au beau milieu de l’intersection Portage et Main, je me suis rendu au centre de la danse ronde où jouaient les tambours. Et pour la première fois, j’ai joué de mon tambour. Boum, boum, boum. La résonance des battements, ces battements synchronisés, comme des battements de cœurs. Une vague d’émotions est venue me frapper. C’était plus puissant que moi. J’ai pleuré.
Prête à jouer de mon tambour pour la première fois
Avec Barbara Gajda – Rassemblement
Idle No More, le 31 décembre 2012
Au milieu de la danse ronde à l’intersection Portage et Main
Par la suite, j’ai répondu aux appels des danses rondes dans les centres commerciaux. Je me souviens quand on était au milieu de Polo Park – wow, il y avait du monde! Des centaines de personnes – et les tambours! Ça vibrait d’énergie et nos chansons résonnaient dans tout le centre commercial! C’était puissant.
Janelle Delorme, Monique Woroniak et Gramma Geraldine Shingoose.
Photo : Robert Dearden
En été 2013, j’attachais mon tambour sur mon sac à dos (j’avais l’air d’une tortue ninja) et je me rendais à vélo aux événements tels les rencontres « Water Wednesdays » tous les mercredis dans le parc Mémorial. En septembre 2013, j’ai eu l’occasion de me rendre au rassemblement national de la Commission de vérité et réconciliation (CVR) à Vancouver. À la marche finale, nous étions 80 000 personnes, sous une grande pluie. Mais cela n’a pas terni nos sourires et notre sens de convivialité. Malgré la pluie, j’ai réussi à jouer de mon tambour jusqu’à ce qu’il devienne si mouillé et étiré que je ne pouvais plus le jouer.
Sœur Norma McDonald, Nora Martin, Janelle Delorme et Margaret Eaton
Dans la marche de la CVR à Vancouver, septembre 2013
Encore novice, j’ai été invité à jouer de mon tambour lors d’un rassemblement intergénérationnel organisé par KAIROS. Je connaissais UNE chanson relativement bien en Anishinaabemowin (la langue Anishinaabée). Mais quelquefois je trébuchais sur des mots – n’oubliez pas que les chansons sont dans des langues autochtones, et je ne suis pas locutrice. Je tremblais dans mes bottes, parce qu’en plus, la co-fondatrice de Idle No More, Sylvia McAdam, était présente! J’ai pris tout le courage que j’avais, je me suis mis au-devant d’une salle comble d’environ une centaine de personnes et j’ai chanté le plus fort que je pouvais. Ceux et celles qui connaissaient la chanson se sont joints au refrain. Un souvenir précieux que je n’oublierai jamais.
Avec Sylvia McAdam (co-fondatrice de Idle No More)
Éléments de Justice KAIROS, octobre 2013. Photo : Matt Ryan
Cinq ans après avoir joué de mon tambour pour la première fois et d’avoir joint le mouvement Idle No More, il eut une autre danse ronde aux coins des rues Portage et Main pour célébrer l’anniversaire du mouvement qui a secoué et mobilisé, tant les non-Autochtones que les Autochtones, une nouvelle génération pour les droits fondamentaux des peuples autochtones, ainsi que la protection et la sauvegarde de l’environnement.
Idle No More, 31 décembre 2017.
Photo : Michael Yellowwing Kannon
Avec Magaly Paquet (une autre chroniqueuse du Nénuphar) au 5ᵉ anniversaire de Idle No More
Au fil des ans, les occasions de jouer de mon tambour ont été nombreuses. J’apporte mon tambour aux Exercices des couvertures (C’est quoi? On en parlera une autre fois). Je réponds aux appels aux tambours quand je le peux. J’ai fondé de belles amitiés. J’ai appris des chansons en me joignant à différentes marches et manifestations. Et maintenant je partage ces chansons avec d’autres. Être porteuse de tambour m’a permis de me sentir plus connecté avec l’esprit de qui je suis. Mon tambour est une extension de moi et je me sens comblée d’être porteuse de tambour.
Maintenant que vous me connaissez un peu plus, le mois prochain nous aborderons la raison d’être de cette chronique. D’ici là, je vous invite à lire The Winter We Danced.
Pour vous donner un avant-goût de la prochaine chronique, voici une photo prise lors de la marche Every Child Matters / Chaque enfant compte du 1ᵉʳ juillet 2021 et une petite vidéo de la marche de la première Journée de vérité et réconciliation et la Journée du chandail orange du 30 septembre 2021.
Marche Chaque Enfant Compte avec mon fils Olivier, 1ᵉʳ juillet 2021
Vidéo : La chanson de l’ours – Marche de la Journée de vérité et réconciliation, 30 septembre 2021
Maarsii ben lii zaamii!
Réconciliation rime avec éducation
On me demande souvent d’où m’est venu le désir de faire cette chronique. À la suite d’un été 2021 très mouvementée, j’ai voulu créer une plateforme quelconque pour parler d’enjeux et de justice autochtone. Lorsqu’il eut la confirmation de l’existence de sépultures sur d’anciens sites de pensionnats autochtones, d’innombrables personnes m’ont écrit pour me poser des questions en espérant que je puisse y répondre.
Questions d’élèves après avoir écouté le balado.
En septembre, mon idée avait mûri et j’ai proposé à Yan Dallaire d’Envol 91 FM, la radio communautaire du Manitoba, de faire une chronique chaque deux semaines qui porterait sur la réconciliation avec les peuples autochtones en mettant l’accent sur les actions concrètes qu’on peut prendre. L’événement qui nous a propulsés à la démarrer rapidement fut la première Journée de vérité et de réconciliation, jour de commémoration nationale pour les survivant·es des pensionnats autochtones, qui se déroulait le 30 septembre 2021 : la Journée du chandail orange.
D’où est venue la Journée du chandail orange?
Après un faux départ, la Commission de vérité et de réconciliation (CVR) a commencé son travail en juin 2009. La CVR est l’un des résultats de la Convention de règlement relative aux pensionnats indiens (CRRPI), le plus grand recours collectif de l’histoire du Canada. C’est le recours collectif et l’entente qui a déclenché la mise sur pied de la Commission de vérité et de réconciliation.
La CVR avait été créée et mandatée pour aller dans les communautés récolter les témoignages d’anciens pensionnaires, ainsi que pour organiser des événements nationaux. Le premier événement national eut lieu à Winnipeg, en juin 2010. Ensuite, il s’est tenu à Inuvik (2011), à Halifax (2012), à Saskatoon (2012) et à Montréal (2013). En septembre 2013, à la suite de mon engagement de deux ans dans le projet RéconciliACTION, j’ai voulu être témoin pour entendre les histoires; je me suis donc rendue à Vancouver, où avait lieu le prochain événement national. (Celui à Edmonton, étant le dernier en 2014.)
Avec Marie Wilson
et Sœur Norma McDonald
Avec L'honorable juge Murray Sinclair
et Sœur Norma McDonald
L’honorable juge Murray Sinclair et Marie Wilson sont deux des trois commissaires de la Commission de vérité et de réconciliation à Vancouver en septembre 2013.
La Journée du chandail orange est le résultat d’événements entourant le rassemblement national à Vancouver. Lors de son mandat, la Commission de vérité et de réconciliation a visité plus de 70 communautés, mais invitait aussi les communautés à faire des événements communautaires et des activités publiques de sensibilisation. Le « Commemoration Project Reunion » a eu lieu au lac William en Colombie-Britannique en mai 2013, avant l’événement national de Vancouver. Ce projet était la vision du chef Fred Robbins, lui-même un survivant du pensionnat autochtone de la Mission de Saint-Joseph (St. Joseph Mission Residential School) qui a ouvert ses portes en 1891 et les a fermées en 1981. Lors de cet événement, les anciens pensionnaires ont été invités à témoigner de leurs expériences, mais ont aussi été invités à suivre un chemin de guérison et à s’engager dans un processus de réconciliation. L’honorable juge Sinclair a donné le défi à tous les participants de continuer à garder le processus de réconciliation en vie de façon continuelle et quotidienne.
C’est lors du « Commemoration Project Reunion » que la survivante Phyllis (Jack) Webstad a partagé son histoire.
Elle est rentrée au pensionnat autochtone à l’âge de 6 ans. Avant sa rentrée, sa grand-mère lui a proposé d’aller acheter un nouveau chandail pour sa première journée d’école. Phyllis a trouvé un chandail orange qui scintillait. Elle était tellement fière de l’habit qu’elle avait choisi pour sa première journée. Mais dès la rentrée, on lui a enlevé son chandail orange, et on lui a enfilé un uniforme d’école. Dès ce moment-là, elle a compris dans sa tête d’enfant « Je ne compte pas. » En tant qu’enfants autochtones, « Ils ne comptaient pas. » Quand ils pleuraient seuls dans leur lit, « Ils ne comptaient pas. » Quand ils avaient des problèmes, « Ils ne comptaient pas. » Phyllis eut la vision d’organiser un événement pour affirmer que chaque enfant compte, d’où est venue la fameuse citation qui représente maintenant tout un mouvement : « Every Child Matters / Chaque enfant compte ».
Affiche de la 1ʳᵉ Journée du chandail orange en septembre 2013
La première Journée du chandail orange s’est donc déroulée après le grand événement national à Vancouver en septembre 2013. La date choisie, soit le 30 septembre, coïncide avec le temps de l’année où les enfants retournaient dans les pensionnats.
Depuis, cette journée semble prendre de l’ampleur. On commémore chaque année la Journée du chandail orange. En plus de porter un t-shirt orange, c’est une journée d’éducation et de sensibilisation au sujet des pensionnats autochtones, où l’on met en évidence les témoignages d’anciens pensionnaires. D’ailleurs, dans les écoles, le mouvement a pris de l'ampleur et l'on prend le temps d’éduquer les élèves au sujet du système des pensionnats.
Phyllis a écrit quelques livres et ressources (certains disponibles en français) pour partager son expérience. « Le chandail orange de Phyllis » s’adresse aux enfants de 4 à 6 ans.
Première journée de vérité et de réconciliation
La 1ʳᵉ Journée de vérité et de réconciliation s’est déroulée le 30 septembre 2021. La création de ce jour férié fédéral est le résultat d'amendements législatifs apportés par le Parlement. Le 3 juin 2021, le projet de loi C-5 a reçu la sanction royale.
C’est une journée de pause et de commémoration pour les enfants disparus et pour les survivant·es des pensionnats, leurs familles et leurs communautés.
Logo pour la Journée de vérité et de réconciliation
Vers la fin du mandat de la Commission de vérité et de réconciliation, le Centre national pour la vérité et la réconciliation a été créé comme site d’archivage permanent pour les 7000 déclarations d’anciens pensionnaires et les cinq millions de dossiers. Hébergé à l’Université du Manitoba, le centre a aussi la tâche d’éduquer et de rendre les ressources accessibles au public.
Dans le cadre de la Semaine de la vérité et de la réconciliation 2021, le CNVR a rendu publiques les séances enregistrées (la plupart en anglais) et diffusées dans les salles de classe à travers le pays. Non seulement y avait-il des témoignages d’anciens pensionnaires, mais on a parlé de revitalisation des langues autochtones, de danses, de musique et d’artisanat. Julie Desrochers, une jeune femme métisse de la Rivière-Rouge, copropriétaire de Prairie Owl Beads, a partagé ses connaissances sur le perlage métis.
La Fondation autochtone de l’espoir est un autre organisme qui a pour but d'éduquer et de sensibiliser le public quant au système des pensionnats autochtones, ses impacts intergénérationnels, ainsi que la rafle des années 60. Parmi les ressources, il est possible d’écouter les témoignages de gens qui ont donné leur permission de se faire filmer afin d'éduquer le public.
L’éducation est la clé
La réconciliation, c’est un cheminement. On ne peut pas s’attendre à changer les choses du jour au lendemain. L’honorable juge Sinclair, l’un des commissaires de la Commission de vérité et de réconciliation, a dit que nous avons eu 500 ans de colonisation, ça pourrait prendre 500 autres années pour renouer la relation entre les peuples autochtones et les non autochtones. Son appel est vraiment porté sur l’éducation et l’écoute des témoignages des anciens pensionnaires, d’écouter les familles qui ont subi les traumatismes intergénérationnels, d’écouter les communautés qui ont subi ce génocide.
Le résultat de la Commission de vérité et de réconciliation a été les rapports, en plus des 94 appels à l’action. Les actions visent différents secteurs de notre société. Plusieurs visent l’éducation sous toutes ses formes. L’intention derrière cette chronique a toujours été l’éducation. L’honorable juge Sinclair l’a répété à plusieurs reprises : c’est l’éducation qui nous a mis dans cette situation, c’est l’éducation qui va nous en sortir.
« L’éducation est le nouveau bison » - sculpture à La Fourche / Nestaweya
L’éducation par l’entremise du balado (et du Nénuphar)
Depuis que j’ai commencé cette chronique, je m’amuse beaucoup à la faire parce que c’est une façon pour moi de partager mes connaissances sur la réconciliation et les perspectives autochtones. J’aime aussi partager ce que je découvre en effectuant mes recherches.
Pour en savoir plus sur la Convention de règlement relative aux pensionnats indiens (CRRPI), la Commission de vérité et de réconciliation (CVF), ainsi que sur la Journée du chandail orange/Journée de vérité et de réconciliation, vous pouvez écouter l’entièreté du premier épisode de la chronique RéconciliACTION à Envol 91FM.
Décoloniser sa bibliothèque :
livres autochtones pour enfants
C’est le printemps! Et c’est le temps de… décoloniser sa bibliothèque. 😊 Je dis souvent qu’il faut diversifier les livres dans sa bibliothèque et par là, je veux dire d’aller découvrir des auteurs autochtones, des auteurs noirs, des livres qui sont écrits « par » et non « au sujet de ». Je vous présente donc des livres que j’ai découverts en diversifiant notre bibliothèque, des livres écrits et illustrés par des personnes autochtones. Il est important non seulement de populariser les livres écrits par des personnes autochtones, mais aussi que les images leur ressemblent et qu’ainsi les jeunes autochtones se voient représentés.
Livres sur la sauvegarde de l’environnement
Nous sommes les PROTECTEURS de l’eau
Auteure : Carole Lindstrom, Anishinaabe et Métisse de la communauté ojibwée des collines Turtle
Illustrations : Michaela Goade, Tlingit et Haida d'Alaska
Traduction : Gérard Muguet, en collaboration avec Natasha Kanapé Fontaine, Innu
Âge suggéré : 1ʳᵉ à 3ᵉ année
L’auteure a écrit ce livre lorsqu’elle a vu plusieurs nations sur l’île de la Tortue s’opposer à des projets d’oléoducs de bitume, dont celui de l’oléoduc Dakota Access à Standing Rock. Ces projets étaient vivement contestés, car ils allaient avoir un effet dévastateur sur les cours d’eau et l’environnement. « Cet ouvrage à la fois audacieux et lyrique lance un cri de ralliement pour protéger l’eau de notre Terre contre la pollution et la corruption. »¹ J’aurais préféré que l’on traduise le titre comme suit : « Nous sommes les PROTECTRICES de l’eau », parce que ce sont les FEMMES qui sont les protectrices et les porteuses de l’eau.
Les images sont tellement belles! Michaela Goade est une illustratrice de livres pour enfants. Elle décrit son style d’aquarelle comme étant des images réalistes avec une touche magique. Ses peintures sont tellement magnifiques qu’elle est la première femme autochtone et de couleur à remporter la médaille Caldecott, le prix le plus prestigieux pour l'illustration dans la littérature pour enfants.
I Sang You Down From The Stars
(traduction libre : J’ai chanté pour te faire descendre des étoiles…)
Auteure : Tasha Spillett-Sumner, une femme Crie et Trinidadienne de Winnipeg; Illustrations : Michaela Goade.
Bien que ce livre ne soit pas encore disponible en français, il a un message très touchant. Veuillez cliquer sur l'icône ci‑contre pour entendre la réaction de deux jeunes filles afro‑autochtones, Élikia et Amani, au livre de Tasha.
Nokomis et la marche pour l'eau
Auteure et illustrations : Joanne Robertson, Anishinaabe de la communauté Atikameksheng Anishnawbek
Traduction : Sylvie Nicolas
Âge suggéré : 1ʳᵉ à la 4ᵉ année
Ce livre raconte l’histoire de Josephine, la grand-mère (nokomis) qui, par amour pour l’eau (nibi), entreprend une longue marche
afin de sensibiliser les gens à l’urgence de protéger nibi pour les générations à venir et pour assurer la préservation de la vie sur Terre.
Josephine Biidaasige-ba Mandamin est une aînée Anishinaabe, militante et défenseuse des droits relatifs à l’eau, commissaire en chef des eaux de la nation Anishinaabe. Elle a marché autour des Grands Lacs de 2003 à 2017 afin de sensibiliser la population aux problèmes de la pollution de l’eau et de la dégradation environnementale des Grands Lacs et des réserves autochtones au Canada. En 2015, elle aurait fait jusqu’à 4 500 000 pas! Lors de sa dernière marche en 2017, Josephine a marché de Spirit Mountain à Duluth au Minnesota jusqu’à Matane au Québec, une distance couvrant plus de 8 000 km. On dit qu’elle aurait marché un total de 17 000 km!
Nibi a soif, très soif
Auteure : Sunshine Tenasco, Anishinaabe de la communauté Kitigan Zibi Anishinabeg au Québec
Illustrations : Chief Lady Bird, Chippewa et Potawatomi de Rama First Nation et Moosedeer Point First Nation
Traduction : Hélène Rioux
Âge suggéré : 1ʳᵉ à 5ᵉ année
C'est l'histoire d’une jeune Nibi² qui est assoiffée, mais l’eau du robinet est brune. À la recherche d'eau potable, elle affronte des défis. Elle manifeste dans les rues et son message commence à résonner avec ceux qui l'entourent. À la fin du livre, il y a une déclaration sur le besoin d'eau potable. Vous pouvez écouter Nibi a soif, très soif sur YouTube, lu par Mlle Lengàl, une expatriée qui enseigne aux États-Unis.
Cliquez sur l'image pour écouter la lecture du livre.
L’auteure Sunshine Tenasco est aussi une entrepreneuse sociale et activiste pour l’eau. En 2015, elle a fondé Her Braids pour sensibiliser les gens au sujet des problèmes d’eau potable dans les communautés des Premières Nations. Elle vend des pendentifs en perles, anime des ateliers et a également créé un organisme à but non lucratif, Pow Wow Pitch, pour appuyer les entrepreneurs autochtones en leur offrant du mentorat et de la formation, ainsi que des fonds pour démarrer leur entreprise.
Livres bilingues
La revitalisation des langues autochtones est importante et nécessaire pour l’épanouissement des cultures autochtones qui ont été grandement affectées par la colonisation. Voici trois livres disponibles en français, présentés parallèlement avec une langue autochtone.
J’ai le cœur rempli de bonheur • sâkaskinêw nitêh miywêyihtamowin ohci
Auteure : Monique Gray Smith, Crie, Lakota et Écossaise
Illustrations : Julie Flett, Crie et Métisse
Traduction : Rachel Martinez
Âge suggéré : préscolaire à 1ʳᵉ année
Ce livre a été distribué à plus de 550 000 élèves de 1ʳᵉ année à travers le Canada*. En l’honneur de l’année 2019 désignée Année internationale des langues autochtones, les éditions anglaise et française ont inclus le texte en cri des plaines.
Ce livre est illustré par Julie Flett, une auteure et illustratrice Crie-Métisse. Ses illustrations consistent à l’utilisation de découpes numériques, de textures aux pastels et à l’aquarelle et de couleurs chaudes, terreuses. Des dix-sept livres qu’elle a illustrés, cinq sont en français et plusieurs ont remporté de prestigieux prix en littérature jeunesse, dont le GG, le prix TD et le prix Christie Harris.
*Depuis l’année 2000, le Centre du livre de jeunesse canadien offre à tous les élèves de 1re année un livre de jeunesse canadien en collaboration avec les ministères de l’Éducation, les conseils scolaires et les organismes bibliothécaires du Canada, et entièrement financé par le Groupe Banque TD.
Les libellules cerfs-volants • Pimithaagansa
Auteur : Tomson Highway, Cri
Illustrations : Julie Flett, Cri et Métisse
Traduction : Rachel Martinez
Âge suggéré : 1ʳᵉ à 5ᵉ année
Voici un autre livre qu’a illustré Julie Flett. Il fait partie de la série Chansons du vent du nord écrite en cri. À travers les
aventures et l’imagination de deux jeunes frères cris Joe et Cody, on nous présente le territoire, les peuples et les coutumes du nord du Manitoba. Autres livres dans cette série :
Le chant des caribous • Ateek Oonagamoon
Un renard sur la glace • Maageesees maskwameek kaapit
Tomson Highway est un écrivain, dramaturge, pianiste, auteur-compositeur de Brochet, au nord du Manitoba. Durant sa jeunesse, il a été pianiste de concert. Décoré de l’Ordre du Canada et ayant reçu 10 doctorats honorifiques, il parle couramment le cri, le français et l'anglais.
La Terre me parle • Mii maanda ezhi-gkendmaanh
Auteure : Brittany Luby, Anishinaabe du Traité nº 3
Illustrations : Joshua Mangeshig Pawis-Steckley, Anishinaabe de la communauté Wasauksing First Nation
Âge suggéré : préscolaire à 2ᵉ année
Dans cette histoire écrite en anishinaabemowin et accompagnée d’une traduction en français, une jeune fille et sa grand-mère prennent le temps d’apprécier le changement des saisons.
Les illustrations captivantes et le texte poétique encouragent les lecteurs à se connecter à la Terre et à l’écouter.
Livres sur les pensionnats
Il y a beaucoup de parents et d’enseignants qui cherchent à expliquer aux enfants ce que sont les pensionnats et qu’est-ce qui s’est passé là-bas.
Les mots volés
Auteure : Melanie Florence, Crie et Écossaise
Illustrations : Gabrielle Grimard
Âge suggéré : 1ʳᵉ à 4ᵉ année
Ce livre porte sur la perte de la langue dans les pensionnats
autochtones. C’est un livre très touchant d’une fille qui encourage son grand-père à dire un mot en cri, mais il ne s’en souvient plus.
Voici un trio de livres dont l’histoire suit la même jeune fille, présentée à différents âges. Basés sur la vraie histoire de Margaret Olemaun Pokiak-Fenton, une des co-auteures, on y raconte l’histoire d’Olemaun (Oo-lee-mawn) une fille inuvialuit (inuk) qui quitte sa famille pour aller au pensionnat d’Aklavik. À 8 ans, elle veut aller à l’école pour apprendre à lire. Contre son propre gré, son père dépose sa fille au pensionnat. Plutôt que de leur enseigner à lire, les religieuses du pensionnat ont un autre plan en tête : effacer son identité, entre autres, en lui enlevant son nom et en lui donnant un nom chrétien « Margaret ».
Auteures : Christy Jordan-Fenton et Margaret Pokiak-Fenton, Inuites
Quand j'avais huit ans
Illustrations : Gabrielle Grimard
Nombre de pages : 32
Âge suggéré : maternelle à 4ᵉ année
Les bas du pensionnat
Illustrations : Liz Amini-Holmes
Nombre de pages : 112
Âge suggéré : 4ᵉ à 6ᵉ année
Étrangère chez moi
Illustrations : Liz Amini-Holmes
Nombre de pages : 124
Âge suggéré : 4ᵉ à 6ᵉ année
Ce livre est la suite de l’histoire, à son retour à la maison après deux ans au pensionnat.
Le chandail orange de Phyllis (l’histoire du chandail orange)
Auteure : Phyllis Webstad, Secwpemc de la nation Stswecem’c Xgat’tem, et de descendance irlandaise et française
Illustrations : Brock Nicol
Âge suggéré : 4 ans à 6 ans / 7 ans et plus
La fondatrice du mouvement « Chaque enfant compte » partage dans ces livres son expérience au pensionnat (pour les 7 ans et plus). Un guide pour les enseignants est disponible avec des leçons et des activités, ainsi qu’un guide de discussion pour les élèves de 7e année et plus.
Livres pour adolescents
Cheval Indien
Auteur : Richard Wagamese
Âge suggéré : secondaire / 11ᵉ et 12ᵉ année
On raconte l’histoire du jeune Saul Cheval Indien qui, dans les années 1950, est forcé d’aller dans un pensionnat autochtone. Malgré les atrocités qu’il vit et dont il témoigne, Saul trouve du réconfort dans le hockey et devient un très bon joueur.
Un guide pédagogique en français est disponible pour ce livre devenu un long métrage. Le film est disponible sur Netflix.
Elle s'appelle Echo
Auteure : Katherena Vermette, Métisse de la rivière Rouge
Illustrations : Scott B. Henderson et Donovan Yaciuk
Âge suggéré : 5ᵉ à 9ᵉ année
On suit une jeune métisse, Echo Desjardins, âgée de 13 ans qui habite à Winnipeg. Dans cette série de quatre bandes dessinées,
on suit Echo à la recherche de son identité métisse et l’on découvre ses ancêtres européens et autochtones qui se sont battus et sacrifiés pour écrire une page importante de l’histoire.
Tome 1 : La guerre du Pemmican
Tome 2 : La résistance de la rivière Rouge
Tome 3 : La résistance du Nord-Ouest
Tome 4 : L’ère des réserves routières
On trouve une appréciation récemment publiée de cette série sur le site Web Page par page.
Voici quelques endroits où vous pouvez vous procurer les livres mentionnés dans cet article :
GoodMinds.com est une entreprise familiale autochtone qui se passionne pour l'éducation autochtone. Vous y trouverez plein de ressources et de produits éducatifs des Premières Nations, des Métis et des Inuits.
Les libraires (La librairie À La Page fait partie de ce réseau – achetez local, c’est vital!)
Medecine Wheel Education offre plusieurs livres en français qui portent sur les enseignements traditionnels, comme La Roue Médicinale et Le Cercle de partage.
N’oubliez pas d’écouter l’épisode de ma chronique à Envol qui porte sur les livres autochtones.
¹ Nous sommes les protecteurs de l’eau, Bayard Jeunesse
² eau en anishinaabemowin
Connaître la terminologie :
les mots à utiliser et ceux à proscrire
o Les Dénésulines (ou Chipewyans)
o Les Tlichos (Plats-côtés-de-chien)
o Les Dinjii Zhuh (Gwich’in, Kutchins ou Loucheux)
o Les Esclaves du Sud (Dénés du Deh Cho et la bande dénée Deh Gah Got’ine)
o Les Esclaves du Nord (Sahtú), qui comprennent les K’ashot’ine (K’asho Got’ine ou Lièvres), Sahtúot’ine (Bearlake) et les Shuta Got’ine (Montagnards)
o Les Tutchonis du Nord et du Sud
o Les Dane-zaa (Castors)
o Les T’atsaot’ine (Couteaux-jaunes)
o Les Tsuut’ina (ou Tsuu T’ina ou Sarsis/Sarcee)
o Les Kaska Dena
o Les Tsek’ehne (Sékanis)
o Les Tsilhqot’in (Chilcotins)
o Les Dakelh (Porteurs)
Les mots sont importants parce que c’est le langage qu’on utilise pour décrire les choses, pour indiquer les lieux et pour identifier des personnes ou groupes de personnes. Parfois, on n’est même pas au courant que certains mots peuvent avoir une connotation négative, une interprétation différente selon les gens ou que ces mots représentent un terme colonial.
« Indien(s) »
Le terme « Indien » est désormais considéré comme obsolète et offensant. Historiquement, les explorateurs croyaient avoir atterri en Inde donc on a identifié les habitants sous le gentilé d’« Indiens » et désigné ainsi les peuples autochtones des Amériques. Ce terme est uniquement utilisé pour faire référence à des termes définis par la loi, p. ex. La Loi sur les Indiens.
Le mot « Aboriginal » en anglais est aussi un mot de moins en moins utilisé, mais encore dans le contexte de la loi, surtout lorsqu’on fait allusion aux « Aboriginal rights » (droits des Autochtones). On retrouve encore le mot « Aboriginal » dans le texte des rapports de la Commission de vérité et de réconciliation.
Le mot « amérindien », voulant dire « Indien des Amériques », est aussi désuet et ne devrait plus être utilisé.
Indigenous
Le terme anglais Indigenous est le terme actuellement accepté pour parler des Premières Nations, des Inuits et des Métis. Mais il ne faut pas utiliser le mot « indigène » en français. Le mot présentement acceptable est AUTOCHTONE, tel qu’utilisé par exemple, dans la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones. En anglais, cette déclaration est connue sous l’acronyme UNDRIP (United Nations Declaration of the Rights of Indigenous Peoples).
Autochtone
Ce mot est utilisé pour identifier les premiers peuples de l’île de la Tortue (Amérique du Nord). La Constitution canadienne (paragraphe 35(2) de la Loi constitutionnelle de 1982 du Canada) reconnaît trois peuples autochtones : les Premières Nations (« Indiens »), les Métis et les Inuits, chacun se distinguant par son patrimoine, sa langue, ses habitudes culturelles et ses croyances.
Autochtone ≠ Premières Nations
Il faut éviter de dire « les Autochtones et les Métis » puisque c’est un pléonasme. Autochtones englobe les trois peuples : les Premières Nations, les Métis et les Inuits. On suggère de dire « les Premières Nations et les Métis ».
Premières Nations
Les Premières Nations sont parmi les premiers peuples de l’île de la Tortue. Ce sont les Autochtones du Canada autres que les Métis et les Inuits. « Premières Nations » est le terme maintenant utilisé pour remplacer l’ancien terme de pratique pour désigner les « Indiens » (aux termes de la Loi sur les Indiens).
Les Autochtones qui font partie des Premières Nations comprennent les « Indiens » inscrits/de plein droit/visés par un traité et les « Indiens » non-inscrits. Par exemple, le peuple Dakota du Manitoba qui n’a pas signé de traité avec la Couronne est quand même désigné comme peuple des Premières Nations.
Au Manitoba, il y a cinq grands peuples répartis dans 63 Premières Nations distinctes et occupant 376 réserves. À noter que les personnes autochtones ne vivent pas toutes dans des réserves. Winnipeg a la plus grande proportion d’Autochtones urbains au Canada.
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Anishinaabe – Ce sont les peuples de la famille des langues algonquiennes qui s’identifient aux groupes Odawa, Ojibwé/Ojibway, Saulteaux/Saulteux et Chippewa. Les Chippewas ne sont pas apparentés aux Chipewyans qui font partie de la nation Déné.
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Ininew/Nehiyaw – On les connaît comme les Cris. Ce sont les peuples de la famille des langues algonquiennes qui s’identifient à un dialecte cri.
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Anishininew – On les connaît comme les Oji-Cris. Ce sont les peuples dont la langue et la culture sont dérivées des traditions mixtes des groupes Anishinaabe et Cri, mais qui sont généralement considérés comme une nation distincte. Ils vivent principalement dans une zone transitive entre les terres traditionnelles du peuple Anishinaabe, au sud, et les terres traditionnelles des Cris, au nord. Au Manitoba, ils se retrouvent dans le nord-est, dans la région d’Island Lake.
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Dakota – Ce sont les peuples de la famille des langues sioux qui s’identifient avec les groupes distincts Assiniboine, Dakota, Lakota et Nakoda.
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Déné – Ce sont les peuples (principalement) nordiques de la famille des langues athapascanes qui s’identifient aux groupes Dénés. Au Manitoba se retrouvent les Dénésuline (Chipewyans) qui habitent les terres situées au nord de la rivière Churchill, à l'ouest de la baie d'Hudson. Les Dénés comprennent plusieurs groupes :
Métis
Les Métis sont l’un des trois peuples autochtones reconnus au Canada. Les Métis ou Michif sont « la noovel naasyoon » (la nouvelle nation). Un peuple né à partir de la fin des années 1700 et du début des années 1800 de pères Voyageurs (d’origine européenne) et de mères Premières Nations, dans la vallée de la Rivière-Rouge et allant dans l’Ouest canadien (cela inclut une partie de l’ouest du nord de l’Ontario et des T.N.-O.). Ils ne ressemblaient ni à leurs cousins Premières Nations ni aux colons de souche européenne, et ont formé une toute nouvelle culture avec son propre fonctionnement de gouvernance, ses coutumes, ses formes d’art et une nouvelle langue – le michif. Selon la région, il y a plusieurs variations au michif, dont le michif français à Saint-Laurent, le michif « héritage » et le michif cri.
Ce groupe distinct est connu sous différents noms selon les autres groupes qui les identifiaient :
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Français : Michif, Métis, Gens libres, Bois brûlés
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Anglais : Freemen, H*lf-Br**d, Country born, Mixed-blood
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Dakota (Sioux) : flower beadwork people = les gens du perlage floral
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Cri : âpihtawikosisân – apitah = moitié; kosisân = du peuple; otipemisiwak = les gens libres / les gens qui se possèdent
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Chippewa : wisahkotewan niniyak = les hommes à moitié brûlés
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Odawa : aayaabtawzid / aya:pittawisit = celui qui est moitié
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Language des signes : signe pour « homme avec chapeau » + signe pour « charrette »
TRÈS IMPORTANT de faire la distinction entre « Métis » et « métissé ».
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Si une personne a un père Cri et une mère blanche, l’enfant est Cri, l’enfant n’est pas « Métis ». Cette personne se considérerait d’ascendance mixte (ou métissée).
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Aussi, une personne ayant UNE ancêtre Première Nation qui date des années 1600/1700 n’est pas non plus Métis (grand M).
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Un groupe mixte c’est les personnes afroautochtones qui sont des personnes mixtes noires et autochtones.
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L’inuvialuktun (provenant de la région d’Inuvialuit, dans les Territoires du Nord-Ouest),
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l’inuinnaqtun (dans l’ouest du Nunavut),
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l’inuktitut (de l’est du Nunavut),
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l’inuktitut (du Nunavik),
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le nunatsiavumiuttut (de Nunatsiavut).
Inuit
Les Inuits sont les premiers peuples nordiques qui habitent l’Arctique : au nord du Manitoba, principalement de Churchill, au Nunavut, aux Territoires du Nord-Ouest, au nord du Labrador et au nord du Québec. Il existe huit principaux groupes ethniques inuit : les Inuits du Labrador, d’Ungava, de l’île de Baffin, d’Iglulik, du Caribou, de Netsilik, du Cuivre et de l’Arctique de l’Ouest (qui remplacent les Inuits du Mackenzie). On utilise le mot « Inuk » lorsqu’on parle d’une seule personne inuite.
L’inuktitut est la langue inuite et comprend cinq dialectes principaux au Canada :
Il est à noter que « Inuit » n’est pas la même chose que « Innu » (prononcé inou). Les Innus sont une nation au Québec qu’on connaît sous le nom colonial « Montagnais ».
Des mots à ne jamais utiliser
Eskim** est un mot à ne jamais utiliser!!! Tout comme plusieurs noms associés aux différents groupes autochtones sur ce territoire, c’est un nom colonial. Un fait peu connu est qu’entre 1941 et 1978, le gouvernement du Canada a mis en place un système de numéros de disque « esquim** » comme identifiants administratifs individuels pour la population des Inuits, similaire à l’étoile de David portée par les Juifs pendant la Deuxième Guerre mondiale. Ces disques étaient généralement cousus sur les vêtements ou portés autour du cou avec un lacet. Pendant ce temps, le gouvernement a aussi imposé aux Inuits des noms de famille.
D’autres mots incendiaires et désobligeants à ne JAMAIS utiliser!!!
Sq**w
S**v*ge
Peau-r**ge
H*lf-Br**d (certains Michifs s’identifient encore avec ce terme, mais ce n’est pas un mot pour décrire une personne)
Aussi, il faut éviter à tout prix le POSSESSIF. Il ne faut pas dire « nos » peuples autochtones, plutôt « les ». Il faut dire « les peuples autochtones AU Canada » plutôt que les peuples autochtones DU Canada. Les autochtones n’appartiennent pas à l’état colonial qu’on connaît comme le Canada. Encore mieux, on pourrait dire « les peuples autochtones de ce territoire » ou « les peuples autochtones de l’île de la Tortue ».
Finalement, lorsqu’on parle de personnes autochtones, il faut faire attention à ne pas surutiliser le mot parapluie « autochtone » ou « Indigenous ». On peut tomber dans le piège de la panautochtonisation. Attention, nous ne sommes pas tous pareils! Par exemple, il existe plus de 630 communautés des Premières Nations au Canada, qui représentent plus de 50 nations et 50 langues autochtones. Donc SVP, utiliser le nom de la nation d’appartenance de la personne ou du groupe selon leur auto-identification.
Dans la prochaine chronique, nous parlerons du territoire, des noms des lieux et de la réappropriation des noms originaux d’endroits.
Le territoire
Avant la soi-disant « découverte » des Amériques, on estime qu’il y avait 60 millions de personnes autochtones vivant sur ce territoire. Les nations avaient leurs propres systèmes de gouvernance, de lois, d’éducation, de cultures et de langues. De plus, il y avait des protocoles et des accords pour visiter les territoires des autres d'une manière respectueuse.
Avec la colonisation, des noms français, anglais ou espagnol ont été utilisés pour identifier des territoires qui étaient déjà occupés et identifiés par les peuples autochtones. Des exemples de noms coloniaux sont : la Nouvelle-Écosse, Terre-Neuve, la Colombie-Britannique.
Île-du-Prince-Édouard : Le premier nom documenté de la province donné au territoire par les Mi’kmaq était « Abeqweit », qui signifie « bercé par les vagues ».
Quoique l’origine du nom « Les Amériques »¹ soit remise en question, le consensus est que le « Nouveau Monde » a été nommé d’après l’explorateur Amerigo Vespucci, de Florence en Italie. Peu importe, ce n’était pas l’appellation qu’utilisaient les peuples autochtones. Plutôt, l’Île de la Tortue est le nom par lequel certains peuples autochtones désignent le continent de l’Amérique du Nord. Vu de l’espace, cela ressemble à une tortue. Prédatant toute image à partir de l’espace, l’Île de la Tortue est une histoire de création du peuple Anishinaabe.
D’autres noms de lieux ont des origines de mots autochtones, mais ont parfois été mal interprétés, par exemple :
Canada : En 1535, l’explorateur Jacques Cartier rencontre des membres de la nation Haudenosaunee (connus en français comme les Iroquois). Il demande le nom de cette terre. Pointant vers le village, on lui répond « kanata » prononcé « gah-NAH-dah » en kanien’kéha (prononcé « gah-nyen--geh-hah »)².
Cliquez sur les mots surlignés en rose ci-dessus pour en écouter la prononciation.
Vous pouvez aussi explorer les origines des toponymes du Canada et de ses provinces et territoires en cliquant ici.
Certains lieux ont des noms adaptés de mots autochtones :
Manitoba : Le nom de la 5ᵉ province à entrer dans la Confédération canadienne, en 1870, a des origines autochtones. Elle provient du mot cri « man-into-wah-paow » ou du mot en Anishinaabemowin « manidoobaa » qui signifie « le passage du Grand Esprit ». Ou aussi du mot Assiniboine (nation Sioux/Dakota) « minnetoba » qui voulait dire « lac des Prairies », une appellation qu’utilisaient les explorateurs français.
Saviez-vous que la province du Manitoba est la seule province* fondée par une personne (et un regroupement) autochtone : le gouvernement provisoire métis et son « père fondateur du Manitoba », le leader Métis Louis Riel.
(*À noter qu’en 1999, grâce à un traité moderne, les Inuits ont fondé le Nunavut,
le 3ᵉ territoire au Canada. Nunavut signifie « notre terre » en Inuktitut.)
Voici la carte du Manitoba lors de sa fondation (1870) ainsi qu'une carte qui incorpore l'élargissement du territoire et le déplacement de la frontière au fil des ans :
Winnipeg : le nom de la capitale manitobaine tire son nom des mots cri : « win » qui signifie boueux et « nipee » qui signifie l’eau. Elle désigne les eaux boueuses du lac (lac Winnipeg) au nord de cette ville.
Les traités
« Nous sommes tous liés par les traités ». En effet, l’intention derrière les traités était de permettre une cohabitation harmonieuse entre les nouveaux arrivants (colons) et les habitants d’origine. Il est donc important de connaître le territoire sur lequel nous sommes. Et plus particulièrement pour les personnes non autochtones, de connaître les terres qu’elles habitent. Les traités signés ne devaient pas servir à céder des terres, mais à s’entendre sur leur partage.
Carte de Native-land.ca
Cinq traités ont été signés sur le territoire appelé maintenant le Manitoba, et deux autres qui ont été signés à l’extérieur de ses frontières impliquent des communautés des Premières Nations sur le territoire manitobain. La Commission des relations découlant des traités dans la province du Manitoba a créé une carte ainsi qu’une légende accompagnée d’explications sur les communautés des Premières Nations qui ont participé à ces traités.
C’est important de connaître non seulement le territoire, mais son nom, et idéalement son nom d’origine, plutôt que son nom colonial. Par exemple, Sagkeeng, connu pendant un temps sous le nom de Fort Alexandre est la communauté de la Première Nation Sagkeeng. Nestaweya était le nom cri utilisé pour le lieu que l’on connaît comme La Fourche. Depuis cette année, le sentier riverain d’hiver porte le nom cri de Nestaweya. Dans le meilleur des mondes, les noms d’origine des lieux qui nous entourent seront un jour utilisés de façon quotidienne.
Voici une carte (en anglais) des communautés des Premières Nations et leurs noms originaux/traditionnels :
Le devoir que je vous donne ce mois-ci : après avoir regardé les cartes et découvert le territoire sur lequel vous vous situez, je vous invite à écrire une reconnaissance du territoire qui vient du cœur. En tant qu’habitant sur ce territoire, quel est votre engagement?
¹ Le nom de l'Amérique vient-il d'Amerigo Vespucci? The Conversation
² kanyen’kéha : la langue des Kanien’kehá:ka[1] (peuple des silex), appelés Mohawks par les colons.
Le pow-wow et la courtepointe à motif d’étoile
Je ne me souviens pas de mon premier pow-wow. Cependant, celui dont j’ai de bons souvenirs s’est déroulé à La Fourche (Nestaweya) lors de la Journée nationale des peuples autochtones en 2015. Mon amie, une danseuse de cerceaux et de châle, y participait.
Shanley Spence lors de la compétition de la danse du châle en 2015
Ce que j’ai apprécié de cette expérience, puisque j’y suis allée avec une amie, c’est de pouvoir poser plusieurs questions au sujet d’une tradition qui ne m’était pas familière.
Ce que j’ai appris est que la majorité des pow-wow sont ouverts à tout le monde, comme celui à La Fourche lors des célébrations de la Journée nationale des peuples autochtones ou au Festival Manito Ahbee. Les gens sont les bienvenus, ils peuvent assister à ces célébrations de la fierté culturelle des Premières Nations. Ces événements vibrants au rythme des battements de tambour et remplis de couleurs vives, sont une célébration par l’entremise de danses et de régalias cérémoniels, et mettent aussi en valeur la cuisine et l’artisanat.
Mais si vous n’avez pas la chance de connaître quelqu’un qui pourrait vous y accompagner. Voici quelques petites astuces tirées de Destination Autochtone, si jamais vous participez à un pow-wow.
Le pow-wow le plus mémorable que j’ai vécu était celui du Full Circle for Indigenous Education, où j’ai eu l’honneur de recevoir le prix de Championne de l’éducation autochtone 2022 (site Web en anglais). Les trois autres récipiendaires avec qui j’ai partagé cet honneur sont :
Deidre Gregory
Diane Maytwayshing
Rylee Nepinak
Une 5ᵉ récipiendaire était l’aînée Dʳ Myra Laramee qui a reçu le prix d’excellence pour l’ensemble de ses réalisations.
C’était la première fois que cet organisme offrait le prix lors d’un pow-wow. Et quelle expérience inoubliable ce fut!
Procession de la Grande Entrée
Chacun des récipiendaires a été honoré avec une courtepointe à motif d’étoile.
Quelques membres du comité de sélection du prix d’excellence en éducation autochtone
de Full Circle for Indigenous Education ainsi que les récipiendaires de 2022.
Devant : Dr Myra Laramee; Debout de gauche à droite : Carlie Cane, Jennifer Oborne Crolly , Jenna Firth, Diane Maytwayshing, Deidre Gregory, Rylee Nepinak, Janelle Delorme, Wes Nelson
Procession des récipiendaires
Les nations qui possèdent cette tradition ont chacun leurs enseignements traditionnels sur la courtepointe à motif d’étoile. Elle est offerte pour marquer les événements importants de la vie, tels les mariages ou les naissances. Elle est aussi utilisée pour reconnaître les aîné·es, gardien·nes du savoir et toute autre personne ayant accompli quelque chose de significatif.
À l'origine, les peaux de bison étaient utilisées comme couvertures et avaient aussi beaucoup d’autres fonctions. Elles étaient drapées autour des épaules des guerriers et des chasseurs lorsqu'ils revenaient d'une bataille, d'une chasse réussie ou au début d'une quête de vision. Les peaux étaient également présentées lors des funérailles pour honorer les êtres chers lors de leur dernier voyage vers le monde des esprits. Avec la politique coloniale du gouvernement qui a autorisé l’abattage massif des bisons, les textiles ont remplacé les peaux. Aujourd’hui, une peau de bison coûterait dans les environs de 2000 $.
Chez les Lakota/Dakota/Nakota/Oglala (Sioux), la courtepointe à motif d’étoile représente l'honneur et la générosité. Elle est composée de petits diamants assemblés en huit sections, qui sont réunies pour créer une étoile à huit pointes. Chaque diamant représente un·e ancêtre ou une personne dans votre entourage. Cela signifie que vous êtes entouré de ceux qui vous aiment et vous soutiennent - vous êtes gardé, protégé et soigné. L'étoile est inspirée de l'étoile du matin, la dernière étoile la plus brillante dans l'horizon oriental avant l'aube. Selon la légende Lakota, l'étoile du matin représentait la façon dont les esprits venaient sur terre et elle servait de lien entre les vivants et ceux qui sont passés.
Photo gracieuseté de La Liberté
Recevoir une courtepointe à motif d’étoile est non seulement un grand honneur, mais aussi une responsabilité – une responsabilité envers sa communauté et une invitation à continuer de partager ses talents. Il va sans dire que je n’ai pas l’intention d’arrêter ce que je fais sur le plan de la sensibilisation des perspectives autochtones en français, et je me sens choyée de pouvoir continuer la chronique RéconciliACTION dans Le Nénuphar et à Envol 91 FM. Un grand merci à Jacinthe pour son appui – Maarsii, Miigwech, Ekosi.
Que faire cet été? Quelques sites à visiter
Que ce soit à Winnipeg, ou à l’extérieur de la capitale manitobaine, voici quelques sites à visiter cet été. En les découvrant, ou redécouvrant, vous pourrez les apprécier sous un œil différent.
Nestaweya et la boucle riveraine Dibaajimowin
La boucle riveraine « Dibaajimowin » est une boucle de 2,5 km qui longe les rives du confluent de la rivière Rouge et de la rivière Assiniboine.
À chaque station, il y a une petite explication qui raconte un bout d’histoire de ce lieu. Les plaques sont écrites en français, en anglais et dans une langue autochtone. Par exemple, un des piliers sur le côté de Saint-Boniface parle de Louis Riel (il a été vandalisé donc il n’est plus là pour le moment), dont la langue autochtone était le michif.
Pilier sur la rive est, sur le sentier qui longe l’avenue Taché
Il y a une carte au coin de l’Esplanade Riel et de l’avenue Taché. On peut entreprendre un itinéraire à partir de n’importe quel point sur le circuit. Disons que vous faites le circuit dans le sens horaire, il y a deux piliers le long du sentier du côté est. Ensuite, il faut traverser le pont Norwood.
Prenez le premier sentier à votre droite pour rentrer sur le site de La Fourche ou Nestaweya. Vous marcherez sous la grande œuvre d’art de KC Adams, Jaimie Isaac et Val Vint appelée Niimaamaa qui veut dire « ma mère » en cri, anishinaabe et michif. Cette œuvre représente la forme d’une femme enceinte.
Ensuite, vous passerez par le nouveau wigwam qui a été installé en juin 2021 ainsi que l’œuvre l’Éducation est le nouveau Bison de Val Vint.
Croisez le pont piéton en bois et allez voir le monument dédié aux femmes, filles et personnes bispirituelles disparues ou assassinées. Explorez aussi le Cercle Oodena et la nouvelle œuvre Le 8ᵉ et dernier feu de Jaimie Isaac.
Ensuite, plutôt que de continuer sur le chemin, faites un petit détour pour aller voir un autre site important. Coupez à travers La Fourche et rendez-vous sur la Main entre Broadway et Assiniboine, sur le site d’Upper Fort Garry.
Si ça vous tente, avant de vous y rendre, allez-vous chercher une crème glacée à Fête (300, avenue Assiniboine); une des propriétaires est Métisse.
Sur le côté ouest du site, il y a un mur du patrimoine qui s’illumine et joue de la musique. Plus de quatre cents pieds d’acier et de lumière, ce mur marque la hauteur, la profondeur et l’emplacement du mur ouest de la structure originale d’Upper Fort Garry. L’imagerie de cette murale montre d’abord les Premières Nations, les Métis et le commerce des fourrures, puis les colons d’origine européenne et les événements menant à l’entrée de la Rivière-Rouge dans la Confédération et, enfin, la transformation des Prairies, la construction de Winnipeg et le développement du Nord manitobain. En 2018, une appli « Upper Fort Garry » a été lancée pour les cellulaires. On peut y découvrir le spectacle qui est présenté actuellement, et aller explorer tous les détails du mur du patrimoine.
Le gouvernement provisoire d’Assiniboia a été fondé à l’Upper Fort Garry. En automne 1869, les Métis ont pris les armes et c’est le Comité national des Métis (mené par John Bruce - président et Louis Riel – secrétaire) qui s’empare d’Upper Fort Garry. C’était un fort important de la Compagnie de la Baie d’Hudson qui, au printemps de 1869, avait convenu de vendre la Terre de Rupert et le Territoire du Nord-Ouest au Dominion du Canada. Ce site est aussi le lieu de l’exécution du fameux Thomas Scott.
En 1882, l'année même où le chemin de fer du Canadien Pacifique a été prolongé jusqu'à Winnipeg, l’Upper Fort Garry a été vendu et les murs ont été démolis au cours des années 1881 à 1888. Il existe quelques explications différentes concernant la raison pour laquelle les murs ont été détruits, notamment la réutilisation des matériaux pour d'autres chantiers de construction et l'utilisation du terrain pour redresser la rue Main. Après la démolition de presque l’entièreté des murs, sauf l’entrée nord d’Upper Fort Garry dans les années 1880, grâce aux efforts de la Société historique du Manitoba, un parc a été construit sur le site et a été offert à la ville de Winnipeg en 1897 par la Compagnie de la Baie d'Hudson. Ce terrain a servi de parc pendant des décennies. En 1978, la première fouille archéologique a été effectuée sur le site d'Upper Fort Garry, et les fouilles se sont poursuivies dans les années 1980 et 1990. Bien que les fouilles aient confirmé la nature historique du site, la valeur du terrain augmentait en raison de son emplacement stratégique au centre-ville. Heritage Winnipeg était déterminé à sauvegarder le site d'Upper Fort Garry, et pas seulement la passerelle, et a commandé une étude de faisabilité en 2004. En 2008, les Amis d’Upper Fort Garry ont réussi à collecter 10 millions de dollars en seulement 107 jours pour sécuriser l’achat du terrain du Grain Exchange Curling Club. Et de prouver à la ville qu'ils pouvaient construire leur parc du patrimoine et préserver le site du développement pour les générations à venir. La ville, ainsi que le Petro-Canada qui se situait sur une partie de cette parcelle de terre, a fait don du terrain et les travaux ont commencé immédiatement. Le site a été officiellement inauguré en tant que parc provincial le 18 octobre 2014. Ce qui existe sur le site présentement est la porte originale du fort datant de 1853, ainsi qu’un mur en bois (côté nord) qui est une réplique du fort lors de l’expansion au début des années 1850.
Source : Héritage Winnipeg et Upper Fort Garry.
Vous reviendrez à travers l’Union Station, n’oubliez pas de regarder en haut l’architecture puisqu’elle a été créée par les mêmes architectes que pour la gare de Grand Central Station à New York. Passez sous l’arche, remarquez que Broadway et Provencher sont parfaitement alignées et ont été bloquées par la station de train. Passez par le Musée canadien des droits de la personne et ensuite vous retrouverez les derniers piliers à chacun des bouts de l’Esplanade Riel.
La ligne bleue du transport rapide :
« Connecting Roots Along the Red River »¹
Dans le quartier de Fort Garry, tout au long de la ligne bleue du transport rapide, il y a des œuvres d’art à chaque arrêt d’autobus. Non seulement est-il possible de les voir à partir de l’autobus, mais il est aussi possible de faire ce circuit à vélo. La grande majorité des œuvres le long de la ligne bleue sont des œuvres d’artistes métis ou qui évoquent l’histoire des Métis. Il y a une œuvre qui fait référence aux lots de rivière, deux autres qui font référence aux charrettes de la Rivière-Rouge et les trajets que faisaient les Métis.
À l’arrêt Beaumont, il y a une grande bouilloire cuivrée de l’artiste métis Ian August. Cette bouilloire représente les familles métisses de Rooster Town. On dit que lorsque l'on frappait à la porte, la réponse immédiate était de crier : « Entrez, il y a de la place! » tout en se levant pour mettre la bouilloire à chauffer pour le thé. La sculpture aborde également le fait qu’une population de 500 personnes vivant à la périphérie de Winnipeg (là où se situent le Grant Park Mall et la piscine Pan Am) de 1901 à 1961 n’avait pas accès à de l’eau potable.
À l’arrêt Markham, Tiffany Shaw-Collinge, une architecte métisse, nous présente L’Utilisation des terres par les Métis (Métis Land Use). Son œuvre explore les efforts des Métis en matière de droits fonciers. Cinq grands marqueurs ont été créés pour représenter les emplacements des forts de la rivière Rouge vers 1870. Dans l'allée latérale entourant les bornes, des lignes peintes indiquent les chemins liés à la récolte du foin, à la cueillette des baies, à la chasse, à l'exploitation des sucres, aux sentiers de charrette de la rivière Rouge, etc. Les marqueurs, combinés au tracé en béton, témoignent de l'utilisation et de l'occupation de longue date par les Métis de la région de la rivière Rouge. L'autre partie de l’œuvre est constituée de copies de haute résolution de script qu’ont reçu les Métis qui ont été placés sur les panneaux vitrés de la station Markham. Cette portion de l’œuvre met en évidence un chapitre essentiel sur la façon dont les droits fonciers ont été accordés aux Métis après l’entrée du Manitoba dans la Confédération. Au cœur de l’entente, le gouvernement fédéral s’était engagé à réserver 1,4 million d’acres (566 560 hectares) pour les enfants des Métis habitant au Manitoba. Ces fausses promesses ont permis l'avancement du gouvernement canadien dans l'extinction des titres autochtones pour les Métis.
Vous pouvez vous joindre à une des tournées guidées de la ligne bleue. Le 21 août et le 18 septembre sont des tournées en autobus et le 25 août est une tournée en vélo : https://www.eventbrite.ca/o/winnipegs-public-art-program-47384363853
Sites à l'extérieur de Winnipeg
Lower Fort Garry
On ne peut pas parler d’Upper Fort Garry sans parler du Lower Fort Garry. Plus bas, le long de la rivière Rouge est situé le fort en pierre. Le 3 août 1871, le Traité no 1 a été signé à ce fort entre les représentants de la Couronne et les communautés Anishinaabe suivantes : Brokenhead, Long Plain, Peguis, Roseau River, Sagkeeng, Sandy Bay et Swan Lake.
Un livre écrit par la Franco-Métisse Aimée Craft, Breathing Life Into The Stone Fort Treaty, porte sur la perspective Anishinaabe au sujet des négociations qui ont amené à la signature du Traité no 1. Récemment, elle a écrit un livre pour enfant (pas encore disponible en français) : Treaty Words - For As Long As the Rivers Flow.
Réserve écologique de la zone humide de Brokenhead
(Brokenhead Wetland Interpretive Trail)
Cette réserve écologique est située à environ une heure au nord de Winnipeg sur la route 59. Elle est à quelques kilomètres au nord de la Communauté Ojibway de Brokenhead, et à 1 km avant l’intersection de la route 12.
Le sentier d'interprétation de 2,6 km offre un rare aperçu de la flore et de l'écologie d'une tourbière calcaire - l'un des types de zones humides les plus rares d'Amérique du Nord. Ce sentier accessible aux personnes en fauteuil roulant consiste principalement en un trottoir de bois traversant la forêt boréale et longeant le bord d'un marécage. La plupart des orchidées du Manitoba se trouvent dans les parties de ce sentier qui sont des marécages de cèdres et des marais. On peut trouver des mares de carbonate précipité le long du trottoir de bois magnifiquement construit, ainsi qu'un certain nombre de plantes carnivores, dont la sarracénie pourpre et le rossolis. Un certain nombre de panneaux d'interprétation le long du sentier expliquent l'importance de ce lieu naturel et l’importance chez les peuples autochtones de cette zone humide.
Les pétroformes dans le Whiteshell
À moins de deux heures de route à l'est de Winnipeg, vous trouverez le parc provincial Whiteshell, situé à la frontière entre le Manitoba et l'Ontario et, géographiquement, au centre de l'île de la Tortue (Amérique du Nord). Le parc est appelé Whiteshell en raison du cauris blanc sacré utilisé par les Anishinaabe dans de nombreuses cérémonies, encore pratiquées de nos jours.
Le parc provincial de Whiteshell est un espace magnifiquement préservé qui s'étend sur plus de 2 500 km² et qui est connu pour ses nombreux lacs, ses rivières, forêts et terrains accidentés et rocheux. Les peuples autochtones ont utilisé ces rochers pour créer des formations rocheuses, c'est-à-dire des placements de pierres en forme de cercles, de tortues, de serpents, de créatures aquatiques, de formations de femmes et bien d'autres, afin d'éduquer, de raconter des histoires et d'enregistrer l'histoire. Bien que le site des formations rocheuses ait été baptisé Bannock Point Petroforms, nombreux sont ceux qui reconnaissent encore le site sous son nom d'origine en Anishinaabemowin, Manidoo-Abi, traduit en français par « Où l’Esprit se repose »².
Vous pouvez trouver le site de Bannock Point Petroforms sur la route 307 entre les lacs Heart et Betula. Les tournées des pétroformes viennent de recommencer (suite à l’état d’urgence dans la région à cause d’inondation). Contactez Diane Maytwayashing, récipiendaire du prix de Championne en éducation autochtone du Full Circle for Indigenous Education, pour des visites guidées : (204) 348-2031 ou giizhigookwelodge@gmail.com ou pour plus de renseignements, visitez https://whiteshellpetroforms.com/ (en anglais).
Celles-ci ne sont que quelques suggestions. Je vous invite à vous amuser cet été et à explorer vos environs.
¹ Renseignements supplémentaires sur le site Web du Winnipeg Arts Council (en anglais) :
- dépliant
- description des œuvres d’art public
² Traduit de l’anglais « Where the Spirit Sits »
La Semaine de la vérité et de la réconciliation
Cette année, la Semaine de la vérité et de la réconciliation se déroulera du 26 au 30 septembre. Pour bien vous préparer pour cette semaine importante, je vous propose quelques ressources et astuces.
Pour les écoles
Le Centre national pour la vérité et la réconciliation (CNVR) offre une programmation depuis 2018. Cette année, voici ce qu’offrira le CNVR :
La SEMAINE DE LA VÉRITÉ ET DE LA RÉCONCILIATION 2022 est un programme national offert à toutes les écoles du Canada. Cette année [le] thème est « N’oublions pas les enfants ». Commémorons ensemble les enfants disparus dans les pensionnats et rendons hommage aux survivants et à leurs familles. Apprendre et commémorer la vérité sur notre histoire grâce aux gardiens du savoir des Premières Nations, des Métis et des Inuits est une partie importante de la voie vers la réconciliation. Cette année, le programme élargi propose du matériel adapté aux élèves de la 1re à la 12e année. Toutes les séances se tiendront en mode virtuel. L’inscription est obligatoire pour assister aux séances en direct ou préenregistrées et pour participer à la période de questions. – Source : site Web du Centre national pour la vérité et la réconciliation
Pour le grand public
On peut prendre connaissance du contenu de la programmation enregistrée en 2021 sur le site Web du CNVR : Programmation de la Semaine de la vérité et de la réconciliation pour les enseignants. Certaines conférences sont disponibles en français (cherchez la mention « en français »).
Un autre organisme national dont le mandat est d'éduquer et de sensibiliser le public quant au système des pensionnats autochtones est la Fondation autochtone de l’espoir. En plus de témoignages de survivant·e·s des pensionnats, il y a aussi des témoignages de gens qui ont survécu à la rafle des années 60 ainsi que du contenu sur les femmes, les filles et les personnes bispirituelles assassinées et disparues. Il est possible d’écouter ce contenu sur la page de leur site Web sur Vimeo – dont certains sont disponibles en français.
Si vous souhaitez inviter une personne autochtone à votre milieu de travail ou à votre école, il est temps d’envoyer votre invitation. Les conférencières et conférenciers autochtones sont incroyablement sollicités durant la Semaine de la vérité et de la réconciliation, donc faites vite!
Le 30 septembre 2022 – Journée nationale de la vérité et de la réconciliation
En cette deuxième Journée nationale de la vérité et de la réconciliation, plusieurs d’entre vous auront la journée de congé. Je vous invite à participer à une marche commémorant les survivantes et les survivants, suivi d’un pow-wow. Organisée par le Wa-Say Healing Centre, la marche commence à La Fourche à 11 h et se rend jusqu’au Centre des congrès pour la grande entrée du pow-wow à 13 h.
Si vous n’êtes pas capable de vous y rendre, je vous invite à utiliser cette journée pour continuer à vous éduquer, à lire un livre d’un·e auteur·e autochtone, ou à faire un don (voir ci-dessous). Dans le même esprit que le jour du Souvenir, cette journée en est une de commémoration et non de vacances.
Chandails orange
En honneur du mouvement qu’a commencé Phyllis (Jack) Webstad (voir l'article à ce sujet dans Le Nénuphar), le 30 septembre, on invite les gens à porter un chandail orange. Cette journée est maintenant officiellement la Journée nationale de la vérité et de la réconciliation. Si vous n’avez pas encore de t-shirt orange, je vous encourage fortement à l’acheter directement d’une entreprise ou d’un organisme autochtone.
Si cela n’est pas possible, SVP vous assurez que l’artiste qui a fait le design est autochtone et que les profits de la vente sont envoyés à un organisme autochtone. Voici une liste non exhaustive d’entreprises et d'artistes autochtones qui vendent des t-shirts « Chaque enfant compte » pour la Journée du chandail orange. Ces sites Web sont en anglais seulement, sauf celui surligné en vert :
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Red Rebel Armour (Winnipeg)
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Dreamcatcher Promotions (Headingly)
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Resist Clothing Co (Toronto)
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Moonstone Creation (Calgary)
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Turtle Lodge Trading Post (Clayton – Almonte, ON)
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Totem Design House (Courtenay, CB)
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Nish Tees (Peterborough, ON)
Vous avez déjà un t-shirt orange? Achetez une épinglette ou des pendants d’oreilles d’un·e artiste autochtone. Il y a trop d’artisan·e·s pour les énumérer ici, mais j’aimerais faire une mention spéciale à une dame qui aide des femmes autochtones incarcérées à vendre leurs perlages. Il est possible de la retrouver sur Instagram@womenhelpingwomen_beadwork
Organismes à qui donner
La Semaine de la vérité et de la réconciliation est le moment opportun pour faire un don à un organisme de bienfaisance autochtone. La plupart des sites Web des organismes présentés ci-dessous sont en anglais, sauf ceux surlignés en vert :
Appui aux survivant·e·s / Centres de guérison
Indian Residential School Survivors Society
Cet organisme a été énormément partagé dans les médias sociaux suite aux premières annonces de sépultures à Kamloops. Toutefois, l’IRSSS n’est pas un organisme national. Son mandat est d’aider les gens des Premières Nations de la Colombie-Britannique à reconnaître et à s'autonomiser de manière holistique des effets primaires et intergénérationnels des pensionnats autochtones en soutenant la recherche, l'éducation, la sensibilisation, les partenariats et la défense de la justice et de la guérison.
Wa-Say Healing Centre
Le centre offre des services et des programmes au Manitoba pour soutenir les personnes, les familles et les communautés touchées par le système des pensionnats autochtones. Il fournit aussi une liste de centres de guérison au Manitoba : http://www.wa-say.com/healing-centres-manitoba
Clan Mothers Healing Village
Le village de guérison est présentement dans sa phase de construction sur un site à Bélair au Manitoba. Le centre fournira un soutien à moyen et à long terme aux femmes qui ont été victimes de traumatismes multigénérationnels, de violences sexuelles, d'exploitation sexuelle et de traite des êtres humains, alors qu'elles entament leur parcours de guérison.
Sensibilisation et éducation
Centre national pour la vérité et la réconciliation
Le Centre national pour la vérité et la réconciliation (CNVR) se veut un espace d’enseignement et de dialogue où les vérités sur les pensionnats autochtones seront honorées et protégées, pour qu’en bénéficient les générations futures. Le CNVR a été mis sur pied dans le cadre du mandat de la Commission de vérité et réconciliation du Canada (CVR), à qui l’on avait demandé d’entendre les survivantes et survivants, leurs familles, les communautés ainsi que toute autre personne sur qui le système des pensionnats autochtones avait eu un impact, et de sensibiliser l’ensemble de la population canadienne à ce qu’avaient vécu ces gens. Les déclarations, documents et autres matériels ainsi recueillis sont au cœur de la mission du CNVR. Les archives et collections du CNVR sont les fondements sur lesquels s’appuient les activités continues d’apprentissage et de recherche. Les survivantes et survivants ainsi que leurs familles, les éducateurs, les chercheurs et le public peuvent jeter un regard approfondi sur le système des pensionnats autochtones, dans le but de favoriser la réconciliation et la guérison. Les bureaux du CNVR sont aux campus Fort Garry de l’Université du Manitoba.
La Fondation autochtone de l’espoir
La Fondation autochtone de l’espoir, organisme de bienfaisance autochtone national dont le mandat est d'éduquer et de sensibiliser le public et de mieux comprendre le système des pensionnats indiens, y compris les impacts intergénérationnels tels que le retrait de générations d'enfants autochtones de leur famille, la rafle des années 60, le trouble de stress post-traumatique que de nombreux gens des Premières Nations, Inuits et Métis continuent de subir, tout en essayant de lutter contre le racisme, de favoriser l'empathie et la compréhension et d'inspirer des mesures pour améliorer la situation des peuples autochtones d'aujourd'hui. La Fondation autochtone de l’espoir soutient le processus de guérison continu des survivants des pensionnats indiens et de leurs familles et sollicite leurs commentaires sur des projets qui les honorent.
KAIROS
KAIROS est l'organisme œcuménique qui a développé l’exercice des couvertures avec des personnes autochtones à la suite de la publication de la Commission royale sur les peuples autochtones en 1996. Depuis, l’exercice en est à sa 5e édition et a été mis à jour avec les conclusions de la Commission de vérité et réconciliation du Canada, ainsi que les suggestions d’un cercle de personnes autochtones. L’exercice des couvertures est un atelier expérientiel où les participants, pendant un bref moment, se mettent à la place d’une personne autochtone et vivent les impacts de 500 ans de colonisation.
Réconciliation entre les personnes autochtones et non autochtones
Reconciliation Canada
Réconciliation Canada offre une série d'ateliers de dialogue sur la réconciliation à travers le Canada. Il engage les Canadiennes et Canadiens dans un dialogue entre les peuples autochtones et non autochtones.
Returning to Spirit
Returning to Spirit offre des ateliers de réconciliation d’une durée de quatre jours et vous donne les outils, les techniques et les moyens pour vous réconcilier avec votre passé et votre présent afin de transformer l'avenir. Les ateliers vous offrent un espace où il peut y avoir des conversations honnêtes. Ce sont des séances participatives qui VOUS réconcilient avec VOUS, VOUS avec LES AUTRES et VOUS avec la vie. Les bureaux de RTS sont au Centre La Vérendrye à Saint-Boniface. C’est un organisme national dirigé par une DG autochtone, Lisa Raven, mais il est gouverné par un conseil d'administration composé d'un nombre égal de membres autochtones et non autochtones.
Par et pour la jeunesse autochtone
Canadian Roots Exchange / Échanges racines canadiennes
Échanges racines canadiennes (CRE) est un organisme de bienfaisance qui offre des expériences de leadership, d’apprentissage et de réconciliation à tous les jeunes qui participent à ses programmes. La CRE organise trois principaux types d’activités : des programmes de formation au leadership, des ateliers et des rassemblements. La nécessité de réunir les jeunes autochtones et non autochtones est au cœur de la programmation de la CRE, et le dialogue est nécessaire pour favoriser la compréhension et la réconciliation.
Waterways Recreation
Waterways a été fondé en 2020. Leur mission est de favoriser le bien-être des communautés en utilisant le canot et les loisirs de plein air pour permettre aux jeunes autochtones d'acquérir des compétences et des identités culturelles. Waterways vise à engager les participants autochtones dans un processus de bien-être holistique par le biais de programmes de canotage qui sont culturellement pertinents, sûrs et qui affirment leurs identités et leurs relations avec leurs communautés.
Anishiative
Anishiative est un organisme sans but lucratif fondé par Rylee Nepinak, un des récipiendaires du prix de Champion de l’éducation autochtone 2022 (voir l'article à ce sujet dans Le Nénuphar) de Full Circle for Indigenous Education, et dirigé par de jeunes Anishinaabe. Ils offrent des camps/retraites pour de jeunes autochtones. Ils aident des communautés éloignées dans le Nord. Ils offrent leur appui à des événements communautaires dans le North End de Winnipeg.
Patrouille et appui dans les quartiers de Winnipeg
Bear Clan Patrol
Le Bear Clan Patrol a été co-fondé par James Favel dans le North End de Winnipeg en 1992. Après plusieurs années, le groupe de bénévoles a pris une pause. En juillet 2015, ils ont recommencé à patrouiller dans les rues. Le concept derrière la patrouille est que les gens de la communauté travaillent avec ses membres pour assurer la sécurité personnelle dans les quartiers du North End, d'Elmwood, du West Broadway et du West End, d'une manière non menaçante, non violente et solidaire.
Mama Bear Clan, par le biais du North Point Douglas Women’s Centre
Inspiré par le Bear Clan, issu d'un group