Connaître la terminologie :
les mots à utiliser et ceux à proscrire
o Les Dénésulines (ou Chipewyans)
o Les Tlichos (Plats-côtés-de-chien)
o Les Dinjii Zhuh (Gwich’in, Kutchins ou Loucheux)
o Les Esclaves du Sud (Dénés du Deh Cho et la bande dénée Deh Gah Got’ine)
o Les Esclaves du Nord (Sahtú), qui comprennent les K’ashot’ine (K’asho Got’ine ou Lièvres), Sahtúot’ine (Bearlake) et les Shuta Got’ine (Montagnards)
o Les Tutchonis du Nord et du Sud
o Les Dane-zaa (Castors)
o Les T’atsaot’ine (Couteaux-jaunes)
o Les Tsuut’ina (ou Tsuu T’ina ou Sarsis/Sarcee)
o Les Kaska Dena
o Les Tsek’ehne (Sékanis)
o Les Tsilhqot’in (Chilcotins)
o Les Dakelh (Porteurs)
Les mots sont importants parce que c’est le langage qu’on utilise pour décrire les choses, pour indiquer les lieux et pour identifier des personnes ou groupes de personnes. Parfois, on n’est même pas au courant que certains mots peuvent avoir une connotation négative, une interprétation différente selon les gens ou que ces mots représentent un terme colonial.
« Indien(s) »
Le terme « Indien » est désormais considéré comme obsolète et offensant. Historiquement, les explorateurs croyaient avoir atterri en Inde donc on a identifié les habitants sous le gentilé d’« Indiens » et désigné ainsi les peuples autochtones des Amériques. Ce terme est uniquement utilisé pour faire référence à des termes définis par la loi, p. ex. La Loi sur les Indiens.
Le mot « Aboriginal » en anglais est aussi un mot de moins en moins utilisé, mais encore dans le contexte de la loi, surtout lorsqu’on fait allusion aux « Aboriginal rights » (droits des Autochtones). On retrouve encore le mot « Aboriginal » dans le texte des rapports de la Commission de vérité et de réconciliation.
Le mot « amérindien », voulant dire « Indien des Amériques », est aussi désuet et ne devrait plus être utilisé.
Indigenous
Le terme anglais Indigenous est le terme actuellement accepté pour parler des Premières Nations, des Inuits et des Métis. Mais il ne faut pas utiliser le mot « indigène » en français. Le mot présentement acceptable est AUTOCHTONE, tel qu’utilisé par exemple, dans la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones. En anglais, cette déclaration est connue sous l’acronyme UNDRIP (United Nations Declaration of the Rights of Indigenous Peoples).
Autochtone
Ce mot est utilisé pour identifier les premiers peuples de l’île de la Tortue (Amérique du Nord). La Constitution canadienne (paragraphe 35(2) de la Loi constitutionnelle de 1982 du Canada) reconnaît trois peuples autochtones : les Premières Nations (« Indiens »), les Métis et les Inuits, chacun se distinguant par son patrimoine, sa langue, ses habitudes culturelles et ses croyances.
Autochtone ≠ Premières Nations
Il faut éviter de dire « les Autochtones et les Métis » puisque c’est un pléonasme. Autochtones englobe les trois peuples : les Premières Nations, les Métis et les Inuits. On suggère de dire « les Premières Nations et les Métis ».
Premières Nations
Les Premières Nations sont parmi les premiers peuples de l’île de la Tortue. Ce sont les Autochtones du Canada autres que les Métis et les Inuits. « Premières Nations » est le terme maintenant utilisé pour remplacer l’ancien terme de pratique pour désigner les « Indiens » (aux termes de la Loi sur les Indiens).
Les Autochtones qui font partie des Premières Nations comprennent les « Indiens » inscrits/de plein droit/visés par un traité et les « Indiens » non-inscrits. Par exemple, le peuple Dakota du Manitoba qui n’a pas signé de traité avec la Couronne est quand même désigné comme peuple des Premières Nations.
Au Manitoba, il y a cinq grands peuples répartis dans 63 Premières Nations distinctes et occupant 376 réserves. À noter que les personnes autochtones ne vivent pas toutes dans des réserves. Winnipeg a la plus grande proportion d’Autochtones urbains au Canada.
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Anishinaabe – Ce sont les peuples de la famille des langues algonquiennes qui s’identifient aux groupes Odawa, Ojibwé/Ojibway, Saulteaux/Saulteux et Chippewa. Les Chippewas ne sont pas apparentés aux Chipewyans qui font partie de la nation Déné.
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Ininew/Nehiyaw – On les connaît comme les Cris. Ce sont les peuples de la famille des langues algonquiennes qui s’identifient à un dialecte cri.
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Anishininew – On les connaît comme les Oji-Cris. Ce sont les peuples dont la langue et la culture sont dérivées des traditions mixtes des groupes Anishinaabe et Cri, mais qui sont généralement considérés comme une nation distincte. Ils vivent principalement dans une zone transitive entre les terres traditionnelles du peuple Anishinaabe, au sud, et les terres traditionnelles des Cris, au nord. Au Manitoba, ils se retrouvent dans le nord-est, dans la région d’Island Lake.
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Dakota – Ce sont les peuples de la famille des langues sioux qui s’identifient avec les groupes distincts Assiniboine, Dakota, Lakota et Nakoda.
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Déné – Ce sont les peuples (principalement) nordiques de la famille des langues athapascanes qui s’identifient aux groupes Dénés. Au Manitoba se retrouvent les Dénésuline (Chipewyans) qui habitent les terres situées au nord de la rivière Churchill, à l'ouest de la baie d'Hudson. Les Dénés comprennent plusieurs groupes :
Métis
Les Métis sont l’un des trois peuples autochtones reconnus au Canada. Les Métis ou Michif sont « la noovel naasyoon » (la nouvelle nation). Un peuple né à partir de la fin des années 1700 et du début des années 1800 de pères Voyageurs (d’origine européenne) et de mères Premières Nations, dans la vallée de la Rivière-Rouge et allant dans l’Ouest canadien (cela inclut une partie de l’ouest du nord de l’Ontario et des T.N.-O.). Ils ne ressemblaient ni à leurs cousins Premières Nations ni aux colons de souche européenne, et ont formé une toute nouvelle culture avec son propre fonctionnement de gouvernance, ses coutumes, ses formes d’art et une nouvelle langue – le michif. Selon la région, il y a plusieurs variations au michif, dont le michif français à Saint-Laurent, le michif « héritage » et le michif cri.
Ce groupe distinct est connu sous différents noms selon les autres groupes qui les identifiaient :
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Français : Michif, Métis, Gens libres, Bois brûlés
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Anglais : Freemen, H*lf-Br**d, Country born, Mixed-blood
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Dakota (Sioux) : flower beadwork people = les gens du perlage floral
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Cri : âpihtawikosisân – apitah = moitié; kosisân = du peuple; otipemisiwak = les gens libres / les gens qui se possèdent
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Chippewa : wisahkotewan niniyak = les hommes à moitié brûlés
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Odawa : aayaabtawzid / aya:pittawisit = celui qui est moitié
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Language des signes : signe pour « homme avec chapeau » + signe pour « charrette »
TRÈS IMPORTANT de faire la distinction entre « Métis » et « métissé ».
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Si une personne a un père Cri et une mère blanche, l’enfant est Cri, l’enfant n’est pas « Métis ». Cette personne se considérerait d’ascendance mixte (ou métissée).
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Aussi, une personne ayant UNE ancêtre Première Nation qui date des années 1600/1700 n’est pas non plus Métis (grand M).
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Un groupe mixte c’est les personnes afroautochtones qui sont des personnes mixtes noires et autochtones.
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L’inuvialuktun (provenant de la région d’Inuvialuit, dans les Territoires du Nord-Ouest),
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l’inuinnaqtun (dans l’ouest du Nunavut),
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l’inuktitut (de l’est du Nunavut),
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l’inuktitut (du Nunavik),
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le nunatsiavumiuttut (de Nunatsiavut).
Inuit
Les Inuits sont les premiers peuples nordiques qui habitent l’Arctique : au nord du Manitoba, principalement de Churchill, au Nunavut, aux Territoires du Nord-Ouest, au nord du Labrador et au nord du Québec. Il existe huit principaux groupes ethniques inuit : les Inuits du Labrador, d’Ungava, de l’île de Baffin, d’Iglulik, du Caribou, de Netsilik, du Cuivre et de l’Arctique de l’Ouest (qui remplacent les Inuits du Mackenzie). On utilise le mot « Inuk » lorsqu’on parle d’une seule personne inuite.
L’inuktitut est la langue inuite et comprend cinq dialectes principaux au Canada :
Il est à noter que « Inuit » n’est pas la même chose que « Innu » (prononcé inou). Les Innus sont une nation au Québec qu’on connaît sous le nom colonial « Montagnais ».
Des mots à ne jamais utiliser
Eskim** est un mot à ne jamais utiliser!!! Tout comme plusieurs noms associés aux différents groupes autochtones sur ce territoire, c’est un nom colonial. Un fait peu connu est qu’entre 1941 et 1978, le gouvernement du Canada a mis en place un système de numéros de disque « esquim** » comme identifiants administratifs individuels pour la population des Inuits, similaire à l’étoile de David portée par les Juifs pendant la Deuxième Guerre mondiale. Ces disques étaient généralement cousus sur les vêtements ou portés autour du cou avec un lacet. Pendant ce temps, le gouvernement a aussi imposé aux Inuits des noms de famille.
D’autres mots incendiaires et désobligeants à ne JAMAIS utiliser!!!
Sq**w
S**v*ge
Peau-r**ge
H*lf-Br**d (certains Michifs s’identifient encore avec ce terme, mais ce n’est pas un mot pour décrire une personne)
Aussi, il faut éviter à tout prix le POSSESSIF. Il ne faut pas dire « nos » peuples autochtones, plutôt « les ». Il faut dire « les peuples autochtones AU Canada » plutôt que les peuples autochtones DU Canada. Les autochtones n’appartiennent pas à l’état colonial qu’on connaît comme le Canada. Encore mieux, on pourrait dire « les peuples autochtones de ce territoire » ou « les peuples autochtones de l’île de la Tortue ».
Finalement, lorsqu’on parle de personnes autochtones, il faut faire attention à ne pas surutiliser le mot parapluie « autochtone » ou « Indigenous ». On peut tomber dans le piège de la panautochtonisation. Attention, nous ne sommes pas tous pareils! Par exemple, il existe plus de 630 communautés des Premières Nations au Canada, qui représentent plus de 50 nations et 50 langues autochtones. Donc SVP, utiliser le nom de la nation d’appartenance de la personne ou du groupe selon leur auto-identification.
Dans la prochaine chronique, nous parlerons du territoire, des noms des lieux et de la réappropriation des noms originaux d’endroits.