Le territoire
Avant la soi-disant « découverte » des Amériques, on estime qu’il y avait 60 millions de personnes autochtones vivant sur ce territoire. Les nations avaient leurs propres systèmes de gouvernance, de lois, d’éducation, de cultures et de langues. De plus, il y avait des protocoles et des accords pour visiter les territoires des autres d'une manière respectueuse.
Avec la colonisation, des noms français, anglais ou espagnol ont été utilisés pour identifier des territoires qui étaient déjà occupés et identifiés par les peuples autochtones. Des exemples de noms coloniaux sont : la Nouvelle-Écosse, Terre-Neuve, la Colombie-Britannique.
Île-du-Prince-Édouard : Le premier nom documenté de la province donné au territoire par les Mi’kmaq était « Abeqweit », qui signifie « bercé par les vagues ».
Quoique l’origine du nom « Les Amériques »¹ soit remise en question, le consensus est que le « Nouveau Monde » a été nommé d’après l’explorateur Amerigo Vespucci, de Florence en Italie. Peu importe, ce n’était pas l’appellation qu’utilisaient les peuples autochtones. Plutôt, l’Île de la Tortue est le nom par lequel certains peuples autochtones désignent le continent de l’Amérique du Nord. Vu de l’espace, cela ressemble à une tortue. Prédatant toute image à partir de l’espace, l’Île de la Tortue est une histoire de création du peuple Anishinaabe.
D’autres noms de lieux ont des origines de mots autochtones, mais ont parfois été mal interprétés, par exemple :
Canada : En 1535, l’explorateur Jacques Cartier rencontre des membres de la nation Haudenosaunee (connus en français comme les Iroquois). Il demande le nom de cette terre. Pointant vers le village, on lui répond « kanata » prononcé « gah-NAH-dah » en kanien’kéha (prononcé « gah-nyen--geh-hah »)².
Cliquez sur les mots surlignés en rose ci-dessus pour en écouter la prononciation.
Vous pouvez aussi explorer les origines des toponymes du Canada et de ses provinces et territoires en cliquant ici.
Certains lieux ont des noms adaptés de mots autochtones :
Manitoba : Le nom de la 5ᵉ province à entrer dans la Confédération canadienne, en 1870, a des origines autochtones. Elle provient du mot cri « man-into-wah-paow » ou du mot en Anishinaabemowin « manidoobaa » qui signifie « le passage du Grand Esprit ». Ou aussi du mot Assiniboine (nation Sioux/Dakota) « minnetoba » qui voulait dire « lac des Prairies », une appellation qu’utilisaient les explorateurs français.
Saviez-vous que la province du Manitoba est la seule province* fondée par une personne (et un regroupement) autochtone : le gouvernement provisoire métis et son « père fondateur du Manitoba », le leader Métis Louis Riel.
(*À noter qu’en 1999, grâce à un traité moderne, les Inuits ont fondé le Nunavut,
le 3ᵉ territoire au Canada. Nunavut signifie « notre terre » en Inuktitut.)
Voici la carte du Manitoba lors de sa fondation (1870) ainsi qu'une carte qui incorpore l'élargissement du territoire et le déplacement de la frontière au fil des ans :
Winnipeg : le nom de la capitale manitobaine tire son nom des mots cri : « win » qui signifie boueux et « nipee » qui signifie l’eau. Elle désigne les eaux boueuses du lac (lac Winnipeg) au nord de cette ville.
Les traités
« Nous sommes tous liés par les traités ». En effet, l’intention derrière les traités était de permettre une cohabitation harmonieuse entre les nouveaux arrivants (colons) et les habitants d’origine. Il est donc important de connaître le territoire sur lequel nous sommes. Et plus particulièrement pour les personnes non autochtones, de connaître les terres qu’elles habitent. Les traités signés ne devaient pas servir à céder des terres, mais à s’entendre sur leur partage.
Carte de Native-land.ca
Cinq traités ont été signés sur le territoire appelé maintenant le Manitoba, et deux autres qui ont été signés à l’extérieur de ses frontières impliquent des communautés des Premières Nations sur le territoire manitobain. La Commission des relations découlant des traités dans la province du Manitoba a créé une carte ainsi qu’une légende accompagnée d’explications sur les communautés des Premières Nations qui ont participé à ces traités.
C’est important de connaître non seulement le territoire, mais son nom, et idéalement son nom d’origine, plutôt que son nom colonial. Par exemple, Sagkeeng, connu pendant un temps sous le nom de Fort Alexandre est la communauté de la Première Nation Sagkeeng. Nestaweya était le nom cri utilisé pour le lieu que l’on connaît comme La Fourche. Depuis cette année, le sentier riverain d’hiver porte le nom cri de Nestaweya. Dans le meilleur des mondes, les noms d’origine des lieux qui nous entourent seront un jour utilisés de façon quotidienne.
Voici une carte (en anglais) des communautés des Premières Nations et leurs noms originaux/traditionnels :
Le devoir que je vous donne ce mois-ci : après avoir regardé les cartes et découvert le territoire sur lequel vous vous situez, je vous invite à écrire une reconnaissance du territoire qui vient du cœur. En tant qu’habitant sur ce territoire, quel est votre engagement?
¹ Le nom de l'Amérique vient-il d'Amerigo Vespucci? The Conversation
² kanyen’kéha : la langue des Kanien’kehá:ka[1] (peuple des silex), appelés Mohawks par les colons.