top of page

L’appropriation culturelle versus l’appréciation

À la fin du mois d’octobre, ce sera l’Halloween. C’est une bonne occasion pour mieux comprendre la différence entre l’appropriation culturelle et l’appréciation culturelle.


L’Encyclopédie canadienne définit l’appropriation culturelle comme :

« emprunter quelque chose à la culture de l’autre sans son consentement ou sans connaître sa valeur ou signification. Ceci peut inclure l’utilisation des savoirs traditionnels et des expressions culturelles comme les vêtements, la musique, la danse, les emblèmes, la cuisine, les symboles, les cérémonies, les formes d’art, etc. »

L’appropriation culturelle reflète une inégalité de pouvoir entre deux cultures : la culture dominante s’empare de la culture non dominante et l’exploite. Au Canada, l’appropriation culturelle s’enracine dans le colonialisme et l’oppression actuelle des peuples autochtones. Beaucoup de symboles et de motifs emblématiques des cultures autochtones ont été utilisés pour des produits manufacturés non autochtones, à des fins lucratives ou artistiques, et des images stéréotypées d’Autochtones ont été utilisées dans des logos d’équipes sportives, ou pour vendre des produits.


Beaucoup de ces représentations mythiques et stéréotypées existent encore aujourd’hui. Ce sont des stéréotypes coloniaux où les peuples autochtones sont considérés comme « exotiques » ou « antimodernes ». Ces images folkloriques sont utilisées de manière à perpétuer des attitudes négatives ou pour les romancer. Elles se retrouvent d’ailleurs dans l’industrie de la mode, en publicité, dans la littérature et dans le cinéma.

L’appropriation dissocie les peuples de leur histoire et de leur expérience vécue. Elle dissocie la signification sacrée des éléments empruntés ainsi que les récits et les histoires qui les accompagnent. Plusieurs sont inconscients du fait que de 1884 à 1951, la Loi sur les Indiens a empêché les communautés autochtones de célébrer leurs cérémonies traditionnelles telles que la danse du soleil, le potlatch et la cérémonie de purification (smudging). Les représentants du gouvernement et le clergé ont interdit les objets sacrés, les totems, les masques, les chapeaux de plumes, les pipes, les regalia et bien plus encore. Ce n'est qu'en 1951 qu'un amendement à la Loi sur les Indiens a supprimé les articles qui empêchaient ces cérémonies, coutumes et éléments sacrés. C’est donc très offensant quand la société dominante non autochtone banalise ces objets qui étaient bannis, il n’y a pas longtemps de cela. Un exemple flagrant est lorsqu’une personne non autochtone porte un chapeau de plumes. C’est un objet sacré qui est réservé aux chefs ou dans certains cas, offert à une personne d’importance dans une cérémonie. SVP, arrêtez de porter des chapeaux de plumes.

Image1.jpg

Victoria Secret a été hautement critiquée en 2012 lorsque les top-modèles ont porté des chapeaux de plumes lors d’un défilé. De 2010 à 2018, l’entreprise de mode a été accusée d’appropriation culturelle à cinq reprises.

Image2.jpg
Image3.png

En 2015, le Festival de musique Osheaga a banni les coiffes de plumes suite aux pressions du public.
Ce même été-là, il y eut outrage lorsqu’une femme a porté une coiffe de plumes au Winnipeg Folk Festival.

Malheureusement, il y a encore trop souvent des gens qui pensent que porter un « habit d’Autochtone » est acceptable. À chaque Halloween, des costumes provocants et inappropriés sont offerts dans les magasins. Party City et Spirit Halloween ont été fortement critiqués pour avoir vendu des costumes appelés « Reservation Royalty » et « Native American Princess ». La vente de ces costumes contribue à perpétuer des messages dégradants sur les peuples autochtones, et notamment les femmes autochtones, présentées comme des objets sexuels. En réalité, nous avons un réel problème sociétal au Canada où des milliers de femmes, de filles et de personnes bispirituelles autochtones sont disparues ou assassinées. SVP, arrêtez de porter des costumes de « Sexy Pocahontas* ».

L’adoption d’objets autochtones est tout aussi problématique. Cela inclut :

  • la vente d’objets et d’artisanat traditionnels par des personnes non autochtones, comme des pendants d’oreilles perlés ou des capteurs de rêves (Arrêtez d’acheter des produits soi-disant autochtones, mais qui sont estampillés « Made in China »!),

  • l’utilisation de la médecine traditionnelle sans avoir reçu les enseignements ou la permission de le faire.

Donc, comment pouvez-vous APPRÉCIER les différentes cultures autochtones sans en tirer avantage?

Tiré de l’Encyclopédie canadienne, Niigaan Sinclair dit que la différence entre l’appropriation et l’appréciation de la culture autochtone est que la première est « un vol s’appuyant sur le pouvoir et les privilèges » et que la seconde est un « engagement fondé sur la responsabilité et l’éthique ».

L’appréciation culturelle est un engagement significatif et informé qui inclut l’établissement de relations réciproques. Cela peut inclure la reconnaissance territoriale, le respect des coutumes et traditions, comprendre la signification des regalia et le soutien des arts autochtones par l’achat d’artisanat, de vêtements ou d’œuvres artistiques authentiques.

“Wearing Indigenous designs made by Indigenous people is what cultural appreciation looks like in action.” (Porter des créations autochtones faites par des peuples autochtones, voilà à quoi ressemble l'appréciation culturelle lorsqu’elle est mise en pratique.) – Gillawarra Arts

2020-12.jpg

Veste avec design autochtone de conception’Anne Mulaire.
Source : chronique Le chic d’ici du magazine Le Nénuphar.

Si vous êtes non autochtone, vous pouvez certainement porter des pendants d’oreilles perlés ou accrocher une œuvre d’art autochtone chez vous. Mais SVP, assurez-vous que ces objets ont été créés par une personne autochtone. N’hésitez pas à les appuyer. ACHETEZ de l’art, des vêtements, de la nourriture faits par des Autochtones. Voici une liste non exhaustive d’artisans autochtones :

Vêtements, bijoux
•  Anne Mulaire
•  Etchiboy
•  Fat Daug
•  Prairie Owl Beads
•  Lor Brand
•  Manitobah Mukluks

Musique
•  William Prince
•  Burnstick (avec Nadia Gaudet Burnstick)
•  Leonard Sumner
•  Sebastian Gaskin
•  Jeremy Dutcher
•  Tanya Tagaq
•  Iswké
•  Willows (Geneviève Toupin)
•  Elisapie

Télé/film
•  Bootlegger de Caroline Monet
•  APTN : Au pays des Mitchifs, Michif Country – produit par Manito Média
•  Wookey Films

Restaurants/Nourriture
•  La Belle Baguette
•  Feast Café Bistro
•  Tomahawk Chips

 

* Pour en apprendre davantage sur l’histoire peu connue de la vraie Pocahontas,
écoutez cet épisode du balado RéconciliACTION.

Mot de la rédaction : Janelle est triste d'annoncer que cet article est le dernier de la chronique. Elle a accepté un poste qui va mobiliser davantage son temps et ses énergies. Nous offrons toutes nos félicitations à Janelle et bonne chance dans son nouveau poste.

Liste de tous les articles.jpg
bottom of page