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Qui aurait pu prédire que le chemin de Gaudet deviendrait la première route reliant l’Est et l’Ouest canadien et que la construction de cette dernière contribuerait à déclencher la résistance de la Rivière-Rouge en 1869? 

Les textes et documents que nous présenterons dans cette chronique proviennent du site Web créé pour le projet commémoratif du sentier Dawson, Trésors du chemin Dawson. Ce projet met en valeur les noms de lieux traditionnels et l'héritage historique de la première route d'accès entièrement canadienne reliant l'est aux prairies de l'ouest. Nous y intégrerons des capsules présentant les artistes faisant partie de la tournée artistique ainsi que des pépites historiques, le tout déjà présent dans ce site Web. On y témoigne de la résilience de nos ancêtres qui ont vaillamment défendu leurs valeurs face à l’adversité et qui ont toujours su accueillir les visiteurs avec la chaleur et la générosité qui caractérisent les collectivités du chemin Dawson.

TABLE DES MATIÈRES

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Le sentier Dawson traverse les territoires des Traités n° 3 et n° 1, de Thunder Bay à Winnipeg, une partie des terres ancestrales des Nēhiyawak (connus aussi sous le nom Cris des plaines), des Nakoda (Assiniboines), des Anishinaabe (Saulteux ou Ojibwé), des Dakhóta (Sioux) et la patrie des Métis de la Rivière-Rouge. Beaucoup d’efforts ont été consacrés pour tenter de faire la lumière sur les événements liés au développement du chemin Dawson, où la vérité a parfois été enterrée intentionnellement.

L'origine du nom du chemin Dawson

Le chemin Dawson est ainsi nommé du nom de Simon J. Dawson qui, après avoir arpenté pour le compte du gouvernement la région comprise entre le lac Supérieur et la rivière Rouge, a recommandé en 1859 un tracé pour relier le lac des Bois à Winnipeg (Upper Fort Garry à l’époque). On peut en apprendre davantage sur la vision qu’avait Simon James Dawson dans le Dictionnaire biographique du Canada. 

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Simon J. Dawson : arpenteur, ingénieur civil, fonctionnaire et homme politique

« Simon Dawson (1818-1902) est reconnu pour avoir arpenté les terres pour l’expédition Hind de 1857-1858 (accompagné de Henry Youle Hind). Cette responsabilité a mené à la suggestion, proposition, puis construction du chemin Dawson en 1868-1871 qui est devenu la route la plus navigable entre ce qui est aujourd’hui l’Ontario et le Manitoba en prévision de la venue du chemin de fer. Pendant plusieurs années, il côtoya des équipes d’ouvriers canadiens-français et des pagayeurs autochtones, ce qui explique certaines des positions qu’il défendit par la suite dans des régions fort éloignées du Bas-Canada. Ça semble probable que ses affectations à des postes gouvernementaux soient attribuables à l’influence de son frère William McDonell Dawson, surintendant de la direction des bois et forêts au département des Terres de la couronne, futur député à l’Assemblée législative et très proche du groupe d’hommes d’affaires torontois qui préconisait alors l’expansion vers l’ouest.

Plus tard dans sa carrière politique, il a revendiqué pour la création d’une province pour cette région de l’Ontario, de la rivière French jusqu’au lac des Bois. Dawson était respecté par les Métis, les Premières Nations et les Canadiens français pour ses prises de position en faveur du bilinguisme dans les Territoires du Nord-Ouest, les droits de pêche des Autochtones et les droits des Autochtones en général.

Au début des années 1870, Dawson se fit connaître à l’échelle nationale en raison de sa participation aux négociations du traité avec les Saulteaux de la région du lac des Bois. Ce sont toutefois ses connaissances de la région et son expertise en construction qui lui apportèrent une notoriété éphémère. Il est vite devenu désillusionné par les décisions prises par des gouvernements éloignés. Aussi était-il choqué de voir le gouvernement orienter sa politique dans un sens contraire aux intérêts de la région. »

Historienne Elizabeth Arthur dans sa biographie de Simon J. Dawson, 1994

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Tronçon du chemin Dawson du Shewing Line of Route between Lake Superior and Red River Settlement par Simon J. Dawson, selon la lithographie et l’impression du Capitaine C. W. Wilson du ministère de la Guerre, 1870. La date, notée sur la carte, fait référence à l’arrivée du premier détachement de la force expéditionnaire dirigée par Wolseley et accompagnée par Dawson. Extrait de https://www.flickr.com/photos/manitobamaps/2089382823

Source : Site Web Trésors du chemin Dawson

« Au printemps 1859, j’ai su qu’un groupe d’explorateurs équipés par les habitants de la rivière Rouge, qui à l’époque s’intéressaient beaucoup à promouvoir le développement du pays, s’était buté dans sa tentative de se rendre au lac des Bois à cheval. En fait, ces explorateurs s’étaient perdus dans les marécages desquels ils eurent beaucoup de mal à sortir. Puisque l’impression que cette section du pays était impraticable pour des routes risquait d’être confirmée, je me suis empressé au lac des Bois, aidé par mes assistants les plus débrouillards, et je me suis rendu à son extrémité ouest où j’ai eu la chance d’obtenir les services d’un chef [Premières Nations] qui entreprit de nous montrer le terrain qui pourrait servir à traverser le pays. Laissant mes assistants poursuivre cette piste avec le chef, je me suis remis en route vers la colonie de la Rivière-Rouge sur la (rivière) Winnipeg où je n’ai pas attendu leur arrivée très longtemps. Ils ont rapporté que le chef les avait guidés sur une crête graveleuse avec peu de ruptures sur une longue distance traversant les parties marécageuses du pays et que des restes de campements autochtones montraient que la piste était beaucoup empruntée, et ce depuis longtemps. Un nombre d’hommes ont immédiatement été engagés dans la colonie et envoyés pour ouvrir la ligne qui avait été tracée pour qu’elle devienne passable avec des chevaux. Ainsi, sur cette ligne, notre groupe s’est rendu sans obstacles jusqu’au lac des Bois, à dos de cheval.

Cette ligne dorénavant ouverte a par la suite été utilisée pour la livraison de la poste à cheval et il ne faut que le minimum de connaissances en génie pour comprendre que le terrain, sur lequel on peut voyager à cheval, n’est pas trop marécageux pour être impraticable en tant que route. »

Simon Dawson, arpenteur et ingénieur du chemin Dawson, 1868

Chef Powassin montrant la route à Dawson

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Interprétation artistique du chef Powassin aidant Simon Dawson et son équipe d’arpenteurs coincés dans les  marécages à l’ouest du Lac des Bois en 1858. Artiste Robert Freynet, 2022

Note : Les sources des textes et images sont disponibles sur le site Web Trésors du chemin Dawson.

Capsule d'artiste

Leiah Bauer

Leiah Bauer est l'herboriste qui se cache derrière Apothecandy. Inspirée par la science, la nature et la magie, elle crée des objets beaux et utiles pour votre corps. Son savon artisanal au lait de chèvre est fabriqué à partir du lait de son propre troupeau. Il est soigneusement fabriqué à la main en petites quantités à l'aide d'herbes et de plantes cultivées et récoltées dans le sud-est du Manitoba.

Leiah utilise des matériaux naturels pour capturer un moment des saisons et évoquer un souvenir ou une émotion chez les personnes qui utilisent son savon. De l'odeur du début du printemps, lorsque le soleil réchauffe les bourgeons du peuplier baumier et que la résine dorée commence à couler, à la lumière déclinante de l'automne, lorsque la verge d'or et l'épilobe à feuilles étroites fleurissent. Elle suit les saisons et cultive de manière éthique les plantes qui capturent l'histoire de la forêt dans son savon en infusant des huiles ou en les séchant pour créer les couleurs des dessins. L'esthétique et les mélanges de senteurs sont soigneusement élaborés pour transporter l'utilisateur vers un souvenir ou un sentiment. La base de tous ses savons est constituée d'un magnifique lait de chèvre cru, trait à la main avec amour et provenant des chèvres avec lesquelles elle partage sa terre, un partenariat qui se déroule au fil des saisons, de la naissance à la mort naturelle. Elle est honorée de partager son monde avec ces créatures et de fabriquer des objets beaux et utiles avec les cadeaux qu'elles lui offrent. La fabrication du savon est une combinaison d'art et de science. De nombreux facteurs tels que la température, l'humidité, la teneur en matière grasse du lait, les plantes et les huiles utilisées jouent un rôle dans la composition du produit, ce qui signifie que chaque lot et chaque pièce est unique. 

Pépite historique

« Pendant 200 ans, la Compagnie de la Baie d’Hudson a la mainmise sur la vaste région nord-américaine que représente le bassin hydrographique de la baie d’Hudson. En 1868, en vertu de l’Acte de la Terre de Rupert, la Grande-Bretagne acquiert ce territoire et en transfère la propriété au nouveau Dominion du Canada. Cette transaction constitue le plus important achat de biens fonciers jamais réalisé au Canada; le territoire acquis comprend la majorité des terres qui forment aujourd’hui les provinces des Prairies, ainsi que des portions du nord du Québec, du nord de l’Ontario, des Territoires du Nord-Ouest et du Nunavut. Ainsi, le Canada repousse ses frontières de colonisation et la Compagnie obtient 300 000 livres* et 20 pour cent des terres arables. En 1870, le transfert devient officiel et le titre de propriété de la Terre de Rupert (et du Territoire du Nord-Ouest adjacent) est remis au Canada. Les Inuits, les Premières Nations et les Métis qui vivent dans cette vaste région ne sont consultés dans aucune de ces négociations. Les Métis de la rivière Rouge, qui sont les plus immédiatement touchés, prennent les armes, sous la conduite de Louis Riel. »

Benjamin Dolittle dans un blogue pour FourtyBee, 2020

*300 000 livres est équivalent à environ 1,5 million de dollars canadiens »

La vente de la Terre de Rupert

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Carte de la Terre de Rupert en 1869 sous le régime de la Compagnie de la Baie d’Hudson avant sa vente au Canada. Source : FourtyBee.com. 

« En 1859, Dawson a soumis un rapport proposant l’établissement d’une route à la fois terrestre et navigable jusqu’à la rivière Rouge. Le tronçon est de la route devait suivre les anciennes routes de canotage jusqu’à l’Angle nord-ouest. Dawson suggérait ensuite la construction d’un chemin de fer sur 91 milles et demi pour raccorder le lac des Bois à la rivière Rouge, évitant ainsi les rapides dangereux de la rivière Winnipeg. C’est sur ce même parcours de chemin de fer proposé que le chemin Dawson a fini par être construit. Quoique l’idée du chemin Dawson ait suscité énormément d’intérêt pour le Nord-Ouest, on était également très découragés. Le coût de la route proposée serait exorbitant et personne n’avait la certitude qu’on arriverait à la construire efficacement. Pendant neuf ans, le rapport est tombé dans l’oubli. Puis en 1868 [avec la vente imminente de la Terre de Rupert du Canada], on a embauché Dawson pour entrer en communication avec le pays de la rivière Rouge pour discuter de ce qui allait devenir plus tard la « route Dawson ». »

Nik Feilberg, agriculteur local et historien d’East Braintree, 1989

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Mais avant tout…

Avant d’être renommé chemin Dawson (voir l’article précédent), ce sentier était plutôt une piste d’hiver appelé Muskeeg carrying place (traduction libre : le passage à travers les tourbières) selon le récit de John Tanner¹, en raison de ses nombreux marécages et de la nécessité de faire plusieurs portages l’été. Ce passage mène à l’angle nord-ouest du lac des Bois au Crik de Harrison. Le mois dernier nous avons présenté la perspective colonisatrice sur cette histoire du chemin Dawson. La réalité est que les Autochtones utilisaient ce passage via un haut coteau sablonneux bien avant l’arrivée des Européens.

Lors d’un entretien avec Mireille Lamontagne, recherchiste et conservatrice de l’exposition du sentier, elle a confié ceci :

La carte ci-dessous représente les nombreux sentiers de l’Ouest qui préexistaient le chemin Dawson, sa construction à l’est de Saint-Boniface, créant ainsi le premier lien avec l’Est canadien à l’aide d’une route terrestre toutes saisons.

« […] dans le contexte de la vérité et de la réconciliation, nous sommes allés dénicher certains faits afin de mieux comprendre ce qui nous semblait un désir de cacher une partie de l’histoire. Nous trouvions étrange et assez anormal que dans tous les récits que nous avions au sujet de la résistance de la Rivière-Rouge, plusieurs ne mentionnassent pas que certains événements avaient eu lieu le long du sentier Dawson et que c'est là que tout a éclaté. À part quelques références ici et là, les renseignements à ce sujet proviennent surtout de sources primaires – des archives et des peuples autochtones qui y vivent, soit les Premières Nations installées le long du sentier Dawson ou les Métis de la Rivière-Rouge qui ont partagé les histoires de leur famille. »

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Lorsque Simon Dawson écrivit au Parlement en 1868, il raconta « avoir obtenu les services d’un chef [Premières Nations] » pour lui montrer le terrain qui deviendra par la suite le trajet de la route que l’on appelle aujourd’hui Dawson. Suite à des recherches en temps modernes auprès des aînés à l’Angle nord-ouest, nous connaissons maintenant les circonstances de cette rencontre et de ce chef.

« En 1857, le Canada envoie l’ingénieur Simon Dawson pour trouver une route entre le lac Supérieur et la colonie de la Rivière-Rouge (aujourd’hui Winnipeg) à travers les territoires Anishinaabe. En 1858, l’équipe de Dawson s’est retrouvée coincée dans un marécage près du lac des Bois (Kabapikotawangag)² où il eut « la chance » de rencontrer le chef Powassin qui leur a indiqué le chemin à suivre sur un coteau déjà utilisé depuis des temps immémoriaux. » Le chef Powassin était un homme très respecté, savant et guérisseur doué qui était reconnu pour ses voyages lointains afin d’aller aider les gens.

Cette rencontre fortuite mènera à la négociation du Traité n° 3 signé à la tête du sentier Dawson à l'Angle nord-ouest de Kabapikotawangag au Crik de Harrison en 1873.

Nous savons donc que le sentier Dawson occupe une très grande place dans l’histoire du Manitoba, mais encore faut-il le connaître. C’est ce que le site Web Trésors du chemin Dawson et le circuit du patrimoine du chemin Dawson nous permettent de faire. Voici la carte des lieux-dits du sentier Dawson, dont nous présenterons les balises au fil des mois :

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Le long de ce parcours, on apprend la signification du mot caribou, terme dérivé de l’algonquin, comment s’appelait en Anishinaabemowin la route des castors à la Coulée ainsi que maintes anecdotes inédites sur la vie des peuples habitant le long du sentier Dawson. 

¹ Les mémoires de John Tanner ont été publiés sous le titre de A narrative of the captivity and adventures of John Tanner, (U.S. interpreter at the Saut de Ste. Marie,) during thirty years residence among the Indians in the interior of North America, Edwin James, édit. (New York, 1830) Source : Dictionnaire biographique du Canada

² Kabapikotawangag : mot signifiant « lac des dunes et des bancs de sable » en anishinaabemowin (aussi connue comme langue ojibwée) qui a un sens très différent de « lac des Bois » tel que nommé dans le récit de La Vérendrye.

Capsule d'artiste

Robert Freynet

Robert Freynet, artiste visuel né à Winnipeg, tient un atelier à Sainte-Geneviève au Manitoba. Formé en France, M. Freynet est actif sur la scène artistique canadienne depuis 1975, avec de nombreuses peintures, murales publiques, illustrations et bandes dessinées.

Ses BD historiques incluent le livre primé Riel, patriote, ainsi que La Vérendrye, explorateur de l’Ouest canadien, Mission Rivière-Rouge et bientôt – À l’aube d’un pays.
 

M. Freynet a illustré des films documentaires pour l'Office national du film et Les Productions Rivard, et a été directeur artistique pour la création d'applications de bandes dessinées.

Instructeur en arts visuels, il a siégé comme juré pour les programmes artistiques du Conseil des arts du Canada et du Conseil des arts du Manitoba et pour les Prix du Gouverneur général. Membre fondateur de plusieurs organismes communautaires culturels, il a également siégé au conseil d'administration du Conseil des arts du Manitoba.

Plusieurs entrevues et documentaires sur sa vie et son œuvre ont été réalisés par divers médias et diffusés à la télévision, à la radio, dans la presse écrite et sur le Web.

Robert Freynet a reçu la Médaille du jubilé de diamant de la reine Elizabeth II en 2012 ainsi que la Médaille du jubilé de platine en 2023 pour sa contribution à la communauté, et aux arts et à l'histoire du Canada.
 

Pépite historique

« Vers six heures, nous sommes arrivés à la haute route qui traversait le bout de notre sentier – la haute route qui avait coûté à notre pays la somme de treize millions de dollars – le fameux chemin Dawson. Il était environ deux pieds plus haut que notre sentier cahoteux et y était séparé par une grande flaque de boue dans laquelle, après une embardée d’un côté puis d’un coup violent des chevaux, les roues de l’autre côté de la charrette se sont enfoncées. Une série de jurons de la bouche de notre sang-mêlé suivie d’un coup de son long fouet et d’un effort violent, le cheval le plus près s’est assis sur son arrière-train et nous étions coincés. La meilleure valise fut éjectée de la charrette, suivi de Jehu qui portait dans la boue notre plus grande couverture. M. C-, en chaussettes et assis au sommet de la charrette, demandait ses bottes qui se trouvaient quelque part en bas; quelqu’un d’autre cherchait frénétiquement une corde et une hache, qui ne se trouvaient nulle part; chacun avait une opinion différente sur la meilleure façon de nous extraire, mais tous s’entendaient sur une chose, notamment, la faute du conducteur, qui, la boue jusqu’aux genoux, relevaient les jambes de son pantalon et marmonnait quelque chose au sujet du détour. »

(traduction) Mary Agnes FitzGibbon, A Trip to Manitoba, 1874

Source: FitzGibbon, M. (s.d.). Chapter XIX: A Trip to Manitoba or « Roughing it on the Line ». Souvenirs of Lord and Lady Dufferin – From Winnipeg by Red River. Extrait datant du 3 juin 2020 de https://explorion.net/trip-manitoba/chapter-xix

Un voyage au Manitoba ou la vie dure en terres sauvages

Illustration de « Dawson » que l’on croit être de Mary Agnes FitzGibbon lorsqu’elle était journaliste pendant son voyage au Manitoba en 1876. Source inconnue.

Dans The Pioneer Years 1895-1914 de Barry Broadfoot, (p. 195), il est indiqué que Peter Broadfoot a dirigé ce petit convoi qui quittait la ville. Cette image nous aide à imaginer l’expérience de Mary Agnes FitzGibbon qui arrivait dans la colonie de la Rivière-Rouge. Archives et collections spéciales de l’Université du Manitoba, Cartes de visite de la Rivière-Rouge. Extrait datant du 4 juin 2020 de Libraries - Red River Settlement

Auteure canadienne et journaliste de voyage d’autrefois, Mary Agnes FitzGibbon a gardé un journal de ses expériences sur le sentier Dawson en 1876 intitulé A Trip to Manitoba or "Roughing it on the Line". Canadian Early Women Writers. Extrait datant du 6 juin 2020 du site Web de CWRC.

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Le texte ci-dessous représente le contenu de la borne d’orientation n° 8 du projet commémoratif du sentier Dawson

Grande-Pointe-des-Chênes

Les Anishinaabe se rassemblaient près des eaux d’amont de la rivière Seine en hiver et au printemps, à bonne distance de la rivière Rouge. L’abondance de la faune et flore dans la région a attiré les commerçants de fourrures au milieu des années 1700, et un hivernement métis dès les années 1830.

Un établissement permanent, Grande-Pointe-des-Chênes ou Pointe-des-Chênes, s’est développé lorsque des Métis et des Canadiens français de Saint-Boniface ont fui l’inondation de la rivière Rouge en 1852. Le chef Na-sa-kee-byness, ou Oiseau Volant vers le Bas, mieux connu sous son titre héréditaire Anishinaabe, Grandes Oreilles, a conclu le premier accord d’achat de terres avec les colons par l'intermédiaire de l’évêque Provencher, insistant pour qu’une entente formelle reflète l’expansion de leur groupe, car la surchasse était déjà un problème.

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Chef Anishinaabe, peut-être Na-sa-kee-byness (sans date). D’abord membre de la bande de la rivière aux Roseaux, il menait la bande de « Fort Garry » ou de « Oak Point », noms qui reflètent leurs campements saisonniers à Grande-Pointe-des-Chênes et à La Fourche, à Winnipeg. L’Église Unie du Canada

D’autres colons sont arrivés, fuyant l’inondation de la rivière Rouge en 1856. Peu après, Pointe-des-Chênes est devenue la première paroisse d'Assiniboia, avec un poste de traite, un hôtel, un magasin et une petite prison. Une croix est érigée en 1858 et, en 1861, l’évêque Taché la nomme mission de Saint-Alexandre. Elle est rebaptisée Sainte-Anne en 1867 par le père Lefloch après l’érection d'une église. À partir de 1868, de nombreux paroissiens travaillent comme ouvriers et transporteurs sur le sentier Dawson.

 

Jouer les uns contre les autres

 

On dit à la Compagnie de la Baie d’Hudson que des traités seront conclus avec les Premières Nations avant le transfert de la Terre de Rupert au Canada. La nation métisse veut être assurée que ses droits ne seront pas ignorés, mais le Canada utilise la Résistance de la Rivière-Rouge pour retarder les négociations de traités.

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Campement Anishinaabe sur la prairie dans les environs de la Rivière-Rouge en 1868.
Artiste : William Armstrong. Bibliothèque et Archives Canada 

En 1869, les Anishinaabe et les Métis du sentier Dawson, qui ont dû céder des terres en échange de nourriture avec les fripons John Schultz et John Snow, sont démunis. Les chefs métis de Sainte-Anne qui ont des liens étroits avec la bande de Fort Garry craignent que la Résistance mène à la guerre et choisissent une position plus conservatrice. La famine, en soi, aurait pu pencher la balance vers la guerre, mais les événements finiront par démontrer le pouvoir du leadership et des relations proches entre ces parents. 

Lorsque le ministre William McDougall s’est vu interdire l'entrée par les Métis en novembre 1869, Schultz et ses voyous se servent de menaces, de l’alcool, de la nourriture et invoquent le nom de la Reine afin d’entraîner les Dakhóta et Anishinaabe dans une guerre. Les Dakhóta se disent liés par un traité de paix et ne s'engagent pas. Les Anishinaabe à Portage-la-Prairie étaient troublés par des hordes de squatters et se préparaient à la violence. Le chef Mis-koo-kenew « Aigle rouge » (Henry Prince) et ses guerriers servent de gardes à Lower Fort Garry. Un espion canadien rapporta : « [Les Premières Nations] ... sont avec le gouvernement canadien, mais on ne peut leur faire confiance sans un traité... certains s’efforcent d’obtenir des subventions des deux côtés. Le chef Henry Prince, je le sais, a pris des subventions des deux côtés. »

On envoie le négociant Métis James McKay pour trouver un compromis, et un traité de paix en résulte le 14 juin 1869. Plus tard, six chefs, menés par Mis-koo-kenew et Na-sa-kee-byness, exigent au lieutenant-gouverneur Archibald une compensation pour avoir maintenu la paix. Leur neutralité durant ces événements a donné à la nation métisse une chance de négocier ses propres conditions avec le Canada, tout en démontrant son allégeance à la Couronne, facteurs importants menant vers le Traité no 1. 
 

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Scène du bord de la route avec trois maisons et un personnage, 1870, la plus ancienne peinture connue de Pointe-des-Chênes. Un guide métis prend une pause à l’ombre à côté de son cheval. Artiste : H. Richardson Hind. Bibliothèque municipale de Toronto, archives numériques

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Les commerçants anglophones l’appelaient Oak Point Settlement ou le prononçaient mal en disant Pointe-du-Chien. Oak Point Settlement (Sainte-Anne) est devenu le point central de la construction du sentier Dawson de 1868 à 1871. Université du Manitoba, archives et collections spéciales

Capsule d'artiste

Pierrette Sherwood

Pierrette est l'artiste propriétaire de Papillon Creations, qui propose des œuvres d'art, des objets rétro et des ateliers au public depuis sa résidence située le long de la route historique de Dawson. Elle est une artiste autodidacte qui a été attirée par l'art dès son plus jeune âge.


Son intérêt pour les matériaux récupérés et les métaux l'a amenée à suivre un cours de soudure au Red River College en 2007, puis un cours de métallurgie à la Mechosin International School of the Arts en 2010.

Elle est attirée par les vieux outils agricoles et les antiquités, transformant le métal rustique et les objets trouvés en sculpture, mosaïque et assemblage. L'œuvre de Pierrette a une essence brute, rehaussée par les textures et les patines des matériaux récupérés qu'elle met en valeur de manière créative dans ses pièces sculpturales.
 

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Elle est une bénévole active et la fondatrice du Sentier des arts et du patrimoine Dawson Trail. Son dévouement constant à cette initiative artistique et patrimoniale a été reconnu par la Médaille du jubilé de platine de la reine Élizabeth II en 2022.

Ses dernières œuvres explorent les thèmes de l'environnement, en utilisant le corbeau comme messager, et les influences de son héritage métis franco-canadien.
 

Pépite historique

Un pays d'une telle beauté...

Le paysage aux allures de parc de la future municipalité rurale de Taché était très attrayant pour tout un chacun. La terre était arable et l’eau abondante.

« En atteignant Winnipeg, nous avons tourné encore sur le chemin Dawson pour traverser un pays aux allures de parc tout contre la rivière Seine. Dans le township 10, rangée 4, nous avons trouvé une douzaine de familles établies qui étaient venues de l’Ontario et qui avaient pris des terres avant l’allocation de terres aux Métis qui couvre maintenant cette localité. Les fermes sont bien situées le long du chemin et seront de grande valeur, car elles sont à moins de 10 milles (environ 17 km) de la ville et uniques en matière de subsistance, d’eau et de fertilité. (…) Le chemin se poursuit jusqu’à Pointe-des-Chênes d’où l’on peut voir la rivière Seine, au travers du pays d’une telle beauté, inégalée pour ses avantages matériaux. »

Extrait traduit du Winnipeg Free Press daté du 30 novembre 1872

Des « batteux », ouvriers pour la moisson, arrivaient de l’est sur des trains spéciaux pour travailler dans les champs de l’Ouest. Barry Broadfoot, The Pioneer Years 1895-1914.

La rivière Seine au Manitoba en été. Le sentier Dawson suivait la rivière Seine de Sainte-Anne jusqu’à Winnipeg. Gracieuseté, photographe : Éric St-Onge, Sauvons notre Seine (Save Our Seine).

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Le texte ci-dessous représente le contenu de la borne d’orientation n° 7 du projet commémoratif du sentier Dawson

Mistamiscano / Coulée des Sources

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La « grande chaussée ou route des castors » allait de Sainte-Anne à La Coulée à l'époque du sentier Dawson. Artiste : Robert Freynet (2022) 

Mistamiscano ou Mist-amisk-amauw signifie « grande chaussée ou route des castors » en Anishinaabemowin (la langue ojibwée). C’était un campement saisonnier des bandes de Fort Garry et de la Rivière-aux-Roseaux à la jonction des bois et des prairies avant leur déplacement par la colonisation. 

On y retrouve une petite rivière alimentée en eau de source sur laquelle se trouvait un majestueux barrage de castor. Ainsi, et dès les années 1830, ce cours d’eau fut connu par les Métis sous le nom de « La coulée des Sources ». Sa source est le maskeg du Diable au sud de Mistamiscano. Plus tard, les colons ont pris l’habitude de l’appeler « La coulée des Ressources », car ils pouvaient y trouver toutes les ressources nécessaires pour gagner leur vie. Son abondance naturelle de bois, de tourbe, de sable et de gravier allait certainement alimenter de nombreuses industries au Manitoba du 19ᵉ au 20ᵉ siècle. 

À l’époque de la construction du sentier Dawson, les Anishinaabe et les Métis établissaient leurs campements le long de la route ou dans la forêt où l’on coupait du bois à l’est de Mistamiscano. Vers la fin des années 1800, une réserve routière métisse s’y est installée qu’ils appelaient désormais « Tuyau », en référence aux tuyaux de poêle qui servaient à réchauffer leurs tentes. 

« lls [Anishinaabe et Métis] avaient leurs habitations à la lisière de la forêt dans la région que nous appelons maintenant La Coulée et la vaste forêt qui s’étendait à l’est, au nord et au sud à partir de ce point était leur paradis de chasse. » — Feilberg, E. & Annell, L. (1989) 

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Des Anishinaabe de la bande de Fort Garry qui campaient dans la région en 1914.
Courtoisie : Norman J. Williamson 

La vie quotidienne à La Coulée avant que le Manitoba ne devienne une province.
Artiste : Robert Freynet (2022) 

Jean-Baptiste Desautels dit Lapointe et Julie Amyot avaient une ferme, un moulin à scie et un moulin à farine sur les lots de rivière n° 70 à 72. Leur scierie servait à préparer les rondins de bois pour la route du sentier. Société historique de Saint-Boniface.

Comme si ce territoire était canadien

Les fonds de secours recueillis pendant la peste acridienne en 1868 servirent d’excuse au gouvernement canadien pour la mise en œuvre d’un projet de secours par le travail à la Rivière-Rouge, alors encore un pays étranger au Canada. Il servira aussi de prétexte à la construction d’une route d’accès militaire à Fort Garry, son but ultime étant de faciliter l’annexion du Nord-Ouest avant les Américains.

Il s’agissait d’un projet de patronage de travaux publics impliquant le ministre William McDougall, John Snow, son patron désigné pour le projet, et Charles Mair, le payeur. Snow et Mair arrivèrent avec 19 tonnes de fournitures en 1868 et se sont rapidement associés au colporteur de whisky local et à l’un des fondateurs du Canada First Party, John Schultz, pour dévier les fonds de secours.

Schultz ouvre un magasin à Sainte-Anne où le coût des provisions est grossièrement gonflé. Les travailleurs de la route voulaient être payés en espèces et en vêtements, mais Snow les paie £3 par mois en bons sur des commandes au magasin de Schultz où un baril de farine coûte £3.12 shillings alors que le baril se vend £3 partout ailleurs.

La direction de la HBC (Hudson’s Bay Company) à Londres proteste d’abord contre ces manigances et du fait que le gouvernement canadien ait entrepris le projet « [...] de plein droit, comme si le territoire qu’il devait traverser était canadien ». Finalement, elle ne s’oppose pas à sa mise en œuvre, l’ironie étant que la HBC fît la même chose aux Premières Nations 200 ans plus tôt (Terre de Rupert).

Snow obtient la permission de Jean-Baptiste Desautels pour établir un camp de base pour la construction de la route à partir de sa ferme à La Coulée. Quarante ouvriers sont embauchés et les travaux commencent en novembre. Cependant, le ré-arpentage des terres, le marchandage d’alcool et l'embauche d’orangistes protestants avant le recrutement local provoquent rapidement de la friction avec les Métis. 
 

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La route de Snow. Université du Manitoba, archives et collections spéciales 

Capsule d'artiste

Mélanie Gamache

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Comme thérapie méditative, Mélanie, une artisane métisse manitobaine, perfectionna l’artisanat de perle métisse. Cette expérience lui a permis d’explorer plus profondément sa culture, son héritage puis la connexion entre l’artisanat de perle et la nature. Chaque morceau complété tient à exprimer sa gratitude envers ses ancêtres les Flower Beadwork People.

Pépite historique

La chasse au bison

Vers 1790, les voyageurs libres ont commencé à se transformer en chasseurs de bisons des plaines. Ils ont adopté la culture tribale des plaines dans laquelle le cheval occupait une place importante. Puis, ils ont ajouté leur nouvelle invention, la charrette de la rivière Rouge.

Ils ont également adopté la diète de base des plaines : le pemmican. Selon Robert Kennicott, naturaliste et herpétologiste américain, « Le monde extérieur s’imagine que le pemmican consiste de viande broyée et de graisse; … en raison de mon expérience sur le sujet, on m’autorise à dire qu’on y trouve souvent en bonne quantité des cheveux, des brindilles, de l’écorce, des aiguilles de sapin, des cailloux, du sable, etc. »
 

Source : Teillet, J. (2019). The North-West is Our Mother : The Story of Louis Riel’s People (p. 33).
Publié par Patrick Crean Editions, marque d’éditeur de HarperCollins Publishers Ltd.

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La chasse au bison sur les prairies du sud du Manitoba.
Source : Wikimedia Commons

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« Alors que les représentations textuelles du passé des 19e et 20e siècles vont généralement omettre les références aux peuples autochtones, la présence des Premières Nations dans la colonie a été abondamment documentée en représentations visuelles, particulièrement dans les collections remarquables de peintures sur la vie dans la région de la rivière Rouge par les artistes Peter Rindisbacher dans les années 1820 et Paul Kane dans les 1840. Bien avant la collection d’histoires orales dans les archives et conservées par les sociétés historiques, Rindisbacher et Kane ont tous deux enregistré la culture matérielle, l’économie et les modes de vie des cultures autochtones des plaines à l’aide de représentations visuelles et des écrits de Kane.
 
En plus des Premières Nations, les Métis étaient un peuple autochtone important documenté par ces observateurs et très présent dans toute l’histoire de la rivière Rouge. Généralement des descendants de voyageurs québécois et de femmes des Premières Nations, vers la fin du 18e siècle, les Métis avaient développé une culture distincte ainsi qu’une langue qu’on appelait le michif et avaient commencé à s’établir dans les régions de Pembina et de la rivière Rouge vers le début des années 1800. Avant de s’installer dans les environs de la rivière Rouge, les Métis étaient étroitement des associés de service avec les compagnies de traite de fourrures montréalaises, en particulier avec la Compagnie du Nord-Ouest (NWC). Après la fusion de la HBC et de la NWC en 1821, de nombreux Métis de la région ont continué à travailler pour la compagnie dans les brigades de fourrures et en chassant pour approvisionner les postes. »


Source : Dick, L. (2013, hiver). Red River’s Vernacular Historians. Manitoba History, no. 71 (p. 4). Manitoba Historical Society. Traduction : Lyle Dick, président de la Société historique du Canada, 2013​ 

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Le texte ci-dessous représente le contenu de la borne d’orientation n° 9 du projet commémoratif du sentier Dawson

Le dépôt et le magasin
de la Compagnie de la Baie d'Hudson

Les travailleurs routiers métis sous-payés se sont mis en grève en 1869 lors de la Résistance de la Rivière-Rouge. Le payeur Charles Mair ayant refusé de les payer pour leur temps d’inactivité, ils l’ont jeté dans la Seine avant de le chasser de la colonie. Ils en avaient assez de l’escroquerie consistant à être payés en bons pour des provisions largement surfacturées au magasin de Schultz. Il s’agit de la première grève industrielle organisée dans le Nord-Ouest. 

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La Compagnie de la Baie d’Hudson a exploité ce magasin sur le sentier Dawson de 1871 à 1879 pour répondre aux besoins spécifiques des colons. Il a été vendu à un employé, M. Stanger, qui l'a géré jusqu'en 1891. Le bâtiment est resté debout jusque dans les années 1980. Société historique de Saint-Boniface 

En 1871, la Compagnie de la Baie d’Hudson a eu un dépôt et un magasin à la jonction du sentier Dawson avec le chemin Finnigan (anciennement chemin Piney), jusque dans les années 1880. Cela a fait de Sainte-Anne une destination importante pour de nombreux expéditionnaires, scientifiques, diplomates et politiciens célèbres, ainsi que la première délégation de mennonites. Il fonctionnait comme un magasin général, un bureau de poste et un centre régional du courrier. Haut de trois étages, son rez-de-chaussée servait à la vente au détail, le second à l’hôtellerie, et un grenier où vivait le commerçant. Il y avait une forge, un appentis de cuisine et des écuries où l’on pouvait changer les chevaux.

Comme les colons, la Compagnie de la Baie d’Hudson s’est engagée dans la ruée vers les terres, les ressources et la vente au détail, son magasin de Sainte-Anne étant un exemple de l’abandon du commerce de la fourrure. Son seul but était de servir de point d’arrêt pour les colons sur le sentier Dawson.
 

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Ancien pont en arc du vieux chemin Piney (chemin Finnigan) sur la rivière Seine. C’est près d’ici que Charles Mair a été jeté dans la rivière par des travailleurs routiers métis en protestation contre la retenue d’une partie de leur salaire. Courtoisie : Gordon Goldsborough 

Peinture représentant des Métis de la colonie de la Rivière-Rouge avec Louis Riel lorsqu’ils ont mis les pieds sur la chaîne en opposition à l’arpentage de terres que les Canadiens entreprenaient dans le nord-ouest sans leur consentement ni leur connaissance. Artiste : Bonna Eq. Rouse (1985) 

John Snow a rendu furieux les résidents métis de Sainte-Anne en 1869 lorsqu’il a arpenté la route, ignorant les limites des propriétés existantes et le système de lots de rivière. Lui et ses hommes acquirent de vastes étendues de terres anishinaabe et sur lesquelles vivaient les Métis. 

Les temps étaient durs et Snow put facilement escroquer les gens afin qu’ils signent des ententes pour les terres en échange de nourriture et de whisky, papiers qu’il perdra plus tard comme par hasard lorsqu’il sera accusé d’avoir vendu de l’alcool pour des terres.

D’autres Canadiens sont arrivés cette saison-là pour arpenter les terres en vue de la colonisation. Lors de l’établissement de lignes de base, les arpenteurs se moquèrent des résidents en leur disant qu’ils seraient bientôt dépossédés de leurs terres. Les Métis ont protesté en mettant les pieds sur la chaîne de l’arpenteur chez Olivier Ducharme (lot 60). Ils préviennent le colonel Stoughton Dennis :

« ...de ne pas mettre ses pieds sur leurs terres s'il voulait garder sa tête sur ses épaules ».

 

Par suite d’un incident semblable à Saint-Vital, la Résistance de la Rivière-Rouge se déclenche. L’arpentage des terres du Dominion est brusquement interrompu jusqu’en 1871, après l’adoption de l’Acte du Manitoba, qui promet les revendications territoriales des Métis. La liste des demandes des Métis envoyées par Riel à McDougall, représentant de la Couronne, comprenait également des demandes d’assurance que le « titre indien » soit protégé pour les Premières Nations et que John Christian Schultz soit expulsé du territoire. 
 

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Le système de lots de rivière était la coutume du pays pour les Métis et les colons français. Sur cette carte, le système de lots de rivière et le système de quadrillage utilisés par les arpenteurs canadiens sont représentés. Sainte-Anne, Manitoba, 1922. Université du Manitoba, archives et collections spéciales

Capsule d'artiste

Dave Carty

Les peintures et dessins de Dave sont tous réalisés sur du carton d'illustration, un matériau de conservation sans acide qui résiste au temps. Les peintures sont réalisées à l'aide d'une peinture à l'eau appelée gouache, une peinture transparente ou opaque parfaite pour les illustrations. Actuellement, le sujet de l'œuvre d'art est centré sur le canoë et sa référence historique au développement du Canada tel que nous le connaissons. Un intérêt particulier est porté à l'emblématique canoë en écorce de bouleau qui est spécifique au Manitoba et au nord-ouest de l'Ontario. Les peuples indigènes de la région ont utilisé ce mode de transport pendant des milliers d'années. Lorsque les explorateurs européens sont arrivés, les premières personnes ont guidé ces explorateurs courageux à travers les vastes étendues sauvages de ce qu'on appelait

alors l'Amérique du Nord britannique. Très vite, le canoë en écorce de bouleau a été fabriqué pour et par ces premiers explorateurs. Ces hommes et ces femmes allaient bientôt devenir des commerçants de fourrures et contribuer au développement direct de la nation que nous appelons collectivement Canada aujourd'hui.

La représentation artistique de ce monde a été une entreprise de découverte historique et de recherche illustrative. Le canoë, en tant que forme fonctionnelle, était un objet de beauté et de grand savoir-faire. Son esthétique lui permet de s'intégrer parfaitement à l'environnement vierge du bouclier boréal d'hier et d'aujourd'hui. Les gens qui accompagnaient cette embarcation étaient un reflet coloré des moments historiques qu'ils représentaient. Ils étaient très fiers de leurs expéditions en milieu sauvage et de leurs canots. La décoration avec de la peinture et de l'écorce de bouleau était souvent appliquée pour témoigner de la rudesse de la terre qu'ils enduraient.

Les canoës sont encore largement utilisés aujourd'hui, mais de façon plus moderne, pour le sport et les loisirs. La conception et le développement du canoë en écorce de bouleau ont constitué une merveille de technologie et de fonctionnalité. Le canoë a joué un rôle clé dans la naissance et l'évolution de notre nation, le Canada. Ce rôle s'est joué en grande partie dans la région du sentier Dawson au Manitoba et dans la vallée de la rivière Rouge.

Pépite historique

Les charrettes métisses portant la charge pour l’expédition Wolseley

« Dès notre arrivée (à l’Angle nord-ouest) une caravane de bétail attelé et de charrettes de la rivière Rouge nous attendait pour transporter nos biens, etc., sur une distance terrestre de 100 milles  jusqu’au Fort Garry. Ce moyen de transport était nouveau pour beaucoup d’entre nous et les divers attelages indéfinissables avec leurs charretiers de sang-mêlé étaient pour nous fort intéressants, encore plus que Blackstone et sa bande.

Les charretiers à longs cheveux ont été questionnés pour toutes sortes de renseignements et leurs attelages examinés de près, mais aucune pièce de fer n’a été trouvée ni sur les charrettes ni sur les harnais. Très bientôt les charrettes ont été chargées avec nos bagages et envoyées devant la colonne. (…) Les grands mélèzes et épinettes morts de chaque côté étaient signe d’un récent feu de brousse important, les arbres étant brûlés jusqu’à la cime et les troncs dénudés se balançant dans le vent. Nous faisions 30 milles  par jour, distance jugée bonne, car le chemin était de sable blanc et nos pieds s’y enlisaient d’une profondeur de 6 pouces à chaque pas et chaque homme portait une arme à feu, ses accoutrements et quarante rondes de munition, les havresacs seulement ayant été placés dans les charrettes.

Bon nombre d’hommes avaient reçu des bottes à Collingwood, mais de deux à trois pointures trop grandes, plusieurs, dont celui qui écrit ces mots, portant des douze, et le lecteur peut s’imaginer la souffrance d’un pied de pointure 9 portant une 12 sur une route sablonneuse. Beaucoup de bottes ont été abandonnées ou larguées dans les charrettes, leurs propriétaires préférant remplir leurs bas de paille pour suivre la colonne. »


« Officier privé de la force, » ayant publié le récit de ses exploits dans le magazine Blackwood’s et découvert plus tard comme étant le Colonel Garnet Wolseley lui-même.

Source : Blackwood’s Edinburgh Magazine. (1871?) Récit sur l’expédition de la rivière Rouge par un officier de la force expéditionnaire [attribué au général et vicomte Wolseley].
 

« En 1870, le peintre de renommée William Armstrong accompagnant l’expédition de Wolseley à la colonie de la rivière Rouge, illustre l’effort incroyable de déplacer une force militaire dans le relief des tourbières et côteaux qu'on retrouvait autrefois le long de ce trajet. L’une de ses œuvres, Red River Expedition, Purgatory Landing a été reproduite en gravure sur bois pour la page couverture du Canadian Illustrated News du 9 juillet 1870 afin d’accompagner le récit sur la progression de l’expédition. » Source : Alchetron. (1870). William Armstrong, artiste canadien

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Le texte ci-dessous représente le contenu de la borne d’orientation n° 10 du projet commémoratif du sentier Dawson

La Grande Traverse

Ils appelaient le grand virage après Lorette « la mitaine de Dufresne » à cause de son paysage. Il était formé par un coteau appelé l’île-qui-Barre signifiant « qui crée un barrage » et le lac à Norman, auquel Louis Riel faisait référence en parlant de cet endroit. Ces points de repère n’existent plus aujourd’hui. 
 

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Scène montrant une prairie au Manitoba avec trois personnages, des chevaux et du bétail. Hind, William G.R., vers 1870. Toronto Public Library, Archives numériques 

Les chevaux, les bovins et les bisons broutaient cette région pour ses herbes luxuriantes. La Pointe au cheval, à l’élévateur à grains de Dufresne, a été nommée ainsi parce qu’un cheval s’y est retrouvé une année, entouré d’eau, et a survécu par ses propres moyens. Le Pied de la Traverse était situé non loin, à la rivière aux Petits-Poissons. C’est là que commençait La Grande Traverse à travers cette prairie basse de muskeg entre Dufresne et Sainte-Anne. La rivière Seine l’inondait souvent au printemps, et c’était un bourbier pour les voyageurs du sentier Dawson. 

Louis Riel, chef de la nation métisse (1875). Bibliothèque et Archives Canada 

Revendication territoriale non résolue de Riel

Louis Riel revendique une terre juste aux limites de la paroisse de Lorette en 1869. Elle n'a pas été incorporée dans l'arpentage des lots de rivière de 1877, même si George McPhillips, arpenteur du Dominion, en était conscient. Selon son carnet de notes :

 

L'arpenteur métis Roger Goulet a fait sa propre évaluation :

« Des billots croisés pour marquer la revendication des héritiers de feu Riel.

« Un certain nombre de billots empilés en forme de maison se trouvaient sur le lot en 1872 et quelques billots étaient encore là lors de l'arpentage de 1877. »

Riel était conscient que la possession de terre serait différente sous le Canada que la coutume du pays. Il a écrit une lettre à sa mère alors qu'il était en exil pour demander que son cousin, André Nault, aille labourer quelques acres afin qu'il n'y ait pas de confusion avant que le gouvernement ne commence à creuser un canal.

Le lot était situé quelque part au sud de l'élévateur à grains de Dufresne et du canal de dérivation de la rivière Seine. 

 

Mère de Riel, Julie (née Lagimodière), et son fils Alexandre (1863-1938) en 1871. Archives du Manitoba 

Ce à quoi ressemblait une revendication territoriale métisse. M. Marble (1860). Bibliothèque du Congrès

Capsule d'artiste

Megan Morin

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Megan Morin est une artiste et créatrice chez Wild Woods Pottery. Elle aime créer de l’art fonctionnel dans son atelier niché dans les chênes du sud-est du Manitoba. Inspirée par le bois qui se trouve sur son terrain, elle s’efforce de créer des objets de poterie en grès durables qui ont leur place dans la vie de tous les jours. 

Megan a fait partie de la tournée artistique du projet commémoratif du sentier Dawson durant deux ans et elle a hâte d’intégrer dans son travail les nouvelles idées qu’elle y a reçues.

Lorsqu’elle a commencé à créer de la poterie en 2019, ce n’était qu’un passe-temps. Mais cela s’est vite transformé en une passion qui est maintenant devenue son métier. L’argile en tant que médium artistique est remplie de potentiel et de possibilités.

Pépite historique

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Source:  Villa Youville Inc. (1976). Paroisse de Ste. Anne des Chênes 1876-1976 (p. 23). Publié par le Comité historique du Centenaire, Ste-Anne au Manitoba. Extrait le 3 juin 2020.

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Le texte ci-dessous représente le contenu de la borne d’orientation n° 5 du projet commémoratif du sentier Dawson

Coteau des Chênes / Coteau à Cheval

Cette région était convoitée pour son petit gibier et son bois par les Anishinaabe et par les Métis qui hivernaient dans cette région dès les années 1840. Le père Jean-Baptiste Thibault, vicaire de Mgr Provencher, a célébré une première messe pour les résidents en 1847. 

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Un cavalier traverse Richer sur le sentier Dawson.
Artiste : Robert Freynet (2022)

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Historiquement importants pour la chasse, la coupe de bois, le piégeage, le transport et autres, les chevaux revêtent une importance culturelle et spirituelle pour les Premières Nations et les Métis en tant que compagnons, guides et enseignants. Artiste : Robert Freynet (2022)

Caractérisé par ses bosquets de chênes et un haut coteau idéal pour l'équitation, on l’a naturellement appelé Coteau des Chênes en français michif. Le Coteau à Cheval est le point culminant du coteau sur lequel l’église de l’Enfant-Jésus fût construite en 1910 et qui sert aujourd’hui comme Musée du sentier Dawson. 

Le père Thibault était revenu durant les hivers 1861 et 1862 pour passer du temps dans les camps de bûcherons et pour recueillir le chêne et l’orme nécessaires à la construction de la troisième cathédrale de Saint-Boniface. Il avait fait construire à proximité de grands fours pour fabriquer la chaux du mortier à partir de la pierre de calcaire locale. Dans le « Vieux Hourd », on fabriquait du charbon de bois, qui brûle plus fort que le bois, améliorant ainsi la production de chaux nécessaire à la réalisation des hautes fondations en maçonnerie de la cathédrale de Saint-Boniface et de l’église de l’Enfant-Jésus. 

En 1901, après l’achèvement de sa première église, le village est nommé Thibaultville par ses habitants métis et canadiens-français à la douce mémoire du père Thibault. Elle fut déclarée une paroisse après l’ouverture d’une nouvelle chapelle en 1904 et renommée Richer en 1905 en hommage à Isaïe Richer, maître de poste de Sainte-Anne et bienfaiteur du village. 
 

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Bûcheron métis abattant un arbre en hiver au Manitoba, 1870. Artiste : William G.R. Hind. Bibliothèque municipale de Toronto, archives numériques.

Une tradition de coupe de bois

Dès 1816, le bois était rare à la Rivière-Rouge (aujourd’hui Winnipeg). Voyant d’immenses étendues de forêt à l’est, les habitants ont abattu le long de la Seine jusqu’à Sainte-Anne, pour finalement atteindre Richer. Plusieurs hommes de la région travaillaient à la coupe et au flottage du bois.

Le bois a servi à construire le chemin bosselé en rondins du sentier Dawson (1868 jusqu’aux années 1880) et les chemins de fer qui l’ont suivi. L’avènement de la machine à vapeur a vu la demande pour le bois augmenter de façon spectaculaire. Alors que des milliers d’immigrants affluaient au Manitoba (entre 1870 et 1920), l’exploitation forestière est devenue sa principale industrie. 

Des camps de bûcherons bourdonnaient de Richer aux rivières Whitemouth et Winnipeg jusqu’au lac des Bois, et aussi loin au sud que Red Lake, au Minnesota. Un tiers était destiné à la construction. La majorité était utilisée pour le chauffage des maisons, et le reste servait à fabriquer des meubles et de la vannerie pour lesquels cette région est connue.

Le grand incendie de 1897 a détruit le reste des forêts anciennes. L’économie du bois a conduit à une déforestation quasi totale au 20ᵉ siècle et à l’effondrement de l’industrie dans les années 1940. Aujourd’hui, la forêt se renouvelle et offre un refuge aux humains comme aux animaux, un symbole de la résilience de la nature, et de la nécessité permanente de la protéger. 

 

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Homme de la région non identifié avec les chevaux de Jean-Paul Lansard traînant du bois de corde d’un camp de bûcherons près de Richer, Manitoba, vers 1959. Courtoisie : Annette (Lansard) Bergen

Capsule d'artiste

Nico Narváez

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Une délicate feuille forgée à la main à partir d’un ancien crampon de chemin de fer. Une impression sur linoléum d’un charmant, mais maladroit poulet. Une scène miniature d’un cerf dans la forêt créée à partir de branches, de métal et de laine. Une délicate peinture détaillée de tamias bavardant comme des politiciens.

Ce ne sont là que quelques-uns des nombreux et charmants exemples de l’art de Nico Narváez, un artiste multidisciplinaire nicaraguayen-canadien dont les œuvres s’inspirent du monde naturel. Ses pièces uniques combinent la forge, le travail du bois, la peinture acrylique, le feutrage à l’aiguille, la gravure et l’illustration pour découvrir l’esprit magique de la terre et des créatures qui l’habitent.

Ne se contentant jamais d’un seul médium artistique, Nico partage son temps entre ses multiples talents. Le matin, vous le trouverez peut-être en train de marteler le fer dans sa forge, les sons de sonnerie correspondant aux cris d’oiseaux autour de lui. L’après-midi, il peut être occupé dans son atelier, au deuxième étage d’une cabane en ballots de paille, à ajouter des détails à une impression, une peinture ou une illustration à l’encre inspirée de sa promenade dans la forêt la veille. Le soir, il peut s’asseoir près du feu et, à l’aide de minuscules aiguilles, créer la forme d’une des poules pondeuses de sa famille à partir de la laine teinte à la main d’un berger de la région.

Nico sait qu’il est un artiste depuis l’enfance, un carnet de croquis toujours à portée de la main en grandissant à Jinotepe, au Nicaragua. Après plusieurs années d’école d’art dans sa ville natale, Nico a déménagé au Canada en 2009, élargissant ses nombreux talents artistiques grâce à des études supérieures à l’Université d’art et de design Emily Carr et au Guilford College. En plus de ses talents de créateur d’art, Nico se consacre à l’éducation des autres, au bénévolat dans les écoles locales et offre des cours d’art en personne et en ligne. Depuis qu’il a emménagé dans une maison en ballots de paille sur un terrain de 48 acres près de Sainte-Geneviève en 2021, la pratique artistique de Nico s’est épanouie au fur et à mesure que son lien avec la famille, la nature et la communauté s’est développé.

La pratique artistique de Nico est en constante évolution, mais dans chacune de ses œuvres, vous trouverez un reflet de son bel esprit et une expression de la beauté et de l’émerveillement de la nature qui nous entoure et qui est en nous.

Pépite historique

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« Tableau illustrant l'opposition de Louis Riel à la construction d'une route sur les terres des Métis sans leur consentement. Louis Riel pose son pied sur la chaîne d’arpentage, cette opposition marqua le début de la résistance métisse. » Deux de ces actes de résistance eurent lieu; l’une d’entre elles à Sainte-Anne sur la propriété d’Olivier Ducharme (lot 8 Sainte-Anne, côté sud de la rivière Seine) puis l’autre à Saint-Vital / St-Norbert sur la propriété d’André Nault. Peinture de l’artiste Bonna Eq. Rouse /85.
Source : Combet, D. et Toussaint, I. (2007). Louis Riel, l’inoubliable chef des Métis. Encyclopédie du patrimoine culturel de l’Amérique française. Source : Louis Riel, l’inoubliable chef des Métis, Encyclopédie du patrimoine culturel de l’Amérique française

« Lorsqu’une équipe d’arpentage canadienne débarque dans la région de la Rivière-Rouge à l’automne 1869, ses résidents deviennent inquiets des répercussions d’un transfert éventuel de terres sur leur mode de vie indépendant. Louis Riel, l’un des seuls Métis qui parle anglais, convainc les arpenteurs d’abandonner leur mission et se met à organiser ses voisins pour faire opposition à la nomination de William McDougall au poste de lieutenant-gouverneur responsable de la colonie de la Rivière-Rouge. Riel prend l’offensive, saisit le Fort Garry, fort sur la rivière Rouge appartenant à la Compagnie de la Baie d’Hudson, puis forme un gouvernement provisoire avec lui-même à sa tête. En mars 1870, une cour provisoire traduit Thomas Scott, le membre le plus raciste et le plus récalcitrant d’un groupe qui a tenté de reprendre le Fort Garry du gouvernement provisoire de Riel devant le tribunal militaire, le condamne à mort, puis l’exécute. Les nouvelles de l’exécution de Scott enragent les Canadiens anglais de l’Ontario, bon nombre d’entre eux réclamant la tête de Riel. En juin 1870, des négociateurs canadiens arrivent à une entente avec le gouvernement Riel pour établir une nouvelle province qui serait appelée le Manitoba. On y garantit aux colons le droit de garder leurs terres et en plus, 1,4 million d’acres additionnels seront réservés pour les Métis. Or, lorsque Riel apprend qu’il ne recevra pas l’amnistie promise dans les négociations, il s’enfuit au territoire du Dakota aux États-Unis. »
Source : Douglas Linder, site Web du cas Joel Dufresne

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Lcol. John Stoughton Dennis, arpenteur en chef du Canada. Bibliothèque et Archives Canada/MIKAN 3214798. « Rigide et formel, capricieux et officieux, arrogant et pointilleux, John Stoughton Dennis arborait fièrement des favoris flottants et une moustache magnifique dans la colonie de la Rivière-Rouge en 1869, semant le chaos et laissant des ruines derrière lui. C’est peut-être une image exagérée, mais elle est généralement acceptée ».
Extrait traduit de la MHS Manitoba History : The Red River Rebellion and J.S. Dennis, « Lieutenant and Conservator of the Peace » Manitoba History, No 3, 1982.

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Groupe d’arpenteurs dans les environs de la colonie de la Rivière-Rouge. Dans l’image on voit deux théodolites sur trépieds et des hommes tenant des jalons. Possiblement des arpenteurs du dominion. Des assistants habillés de façon plus décontractée sont assis, les jambes croisées, à l’extrême droite. Photographe non identifié. Source : Université du Manitoba, Archives et collections spéciales, Red River Cartes-de-visite. Extrait le 24 juin 2020 de Libraries - Land Survey Party

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Ferme de prairie typique sur un lot riverain dans des paroisses métisses et canadiennes-françaises de la colonie de la Rivière-Rouge. Source : Canada : Ministère de l’Agriculture. (1880). La province du Manitoba et le Territoire du Nord-Ouest : Information pour les immigrants. Bibliothèque de l’Université Queen’s. Extrait le 29 juin 2020 de Wikimedia Commons.

« Malheureusement pour le Canada, la cession formelle des terres n’a pas été conclue rapidement. Il semblerait que ce n’était pas opportun pour le ministre canadien des Finances de débourser immédiatement 300 000 livres; le gouvernement anglais, à titre d’administrateur des deux parties, n’a pu proclamer le territoire sous l’égide canadienne au préalable d’un tel paiement et en outre, il était douteux que les mesures adoptées par le gouvernement du dominion pour l’occupation et l’administration du district de Selkirk soient légitimes au cours de l’été 1869. Malgré ceci, les arpenteurs canadiens se sont rendus au Fort Garry et étaient activement engagés sous la directive du Département des terres à Ottawa. Il est difficile d’estimer, et même d’exagérer, les préjugés courants contre le Canada, exacerbés par cette étape. Un autre parti a proposé de construire une route du Fort Garry au lac des Bois. L’attitude de ces représentants gouvernementaux et de leurs employés était extrêmement déraisonnable. Il est possible que toutes les autres causes de mécontentement n’eussent pas réussi à générer un mouvement pour l’expulsion de M. McDougall si les idioties de ces subordonnés canadiens, entre juillet et octobre, n’avaient pas exaspéré les habitants. Tout probablement, les partisans zélés de la Canadian Connection [parti Canada First, parfois appelé le mouvement Canada West] ne dénombraient pas plus d’une centaine [dans la colonie de la Rivière-Rouge], et plusieurs colons canadiens, qui vivaient depuis des années à Selkirk, étaient devenus plus odieux de nature que les représentants du gouvernement.

 

Comme mentionné plus tôt, les convictions politiques des habitants penchaient vers une colonie indépendante anglaise dès la cession, désirée par tous, de l’autorité de la Compagnie de la Baie d’Hudson; or si l’annexion proposée avec le Canada avait pris en compte, de façon raisonnable, les souhaits du peuple et leur garantissait des droits, on aurait vu une capitulation générale sans pour autant une acceptation de bon cœur. Ce fut une erreur de croire que l’insurrection était accidentelle. Lorsqu’on a demandé la présence de Louis Riel, le jeune français [Métis] à la tête de la rébellion, devant les conseillers et les magistrats d’Assiniboia et qu’on lui a demandé de cesser ses actions, il n’a pas simplement justifié la résistance, mais a presque obtenu l’approbation du conseil par rapport à ses mesures. Il s’est adressé ouvertement au peuple devant la cathédrale de Saint-Boniface après la messe dominicale, demandant le soutien de la foule pour expulser le groupe de McDougall du pays. Puisque c’est la coutume de la population française d’aller sur les plaines de bison pour la chasse en octobre sous stricte discipline militaire, il fut facile d’organiser leurs rangs armés dès leur retour d’expédition pour prendre possession des Forts Pembina et Garry. »

James Wickes Taylor, consul américain à Winnipeg
dans une correspondance expliquant la situation à Selkirk
qui précéda les événements du 2 novembre 1869
[la convention de la Rivière-Rouge et la déclaration du gouvernement provisoire]

Source : Bowfield, H. (1968). The James Wickes Taylor Correspondance 1859-1870 (p. 119-120). Volume III: Manitoba Record Society Publications. General Editor : W.D. Smith. Imprimé par D.W. Friesen & Sons ltd : Altona, MB. Extrait le 22 juin 2020 de la Manitoba Historical Society

Le lecteur remarquera que « Oak Point » et une partie des « environs de la Rivière-Rouge » étaient établis et revendiqués par les Métis canadiens-français. Le colonel Dennis, dès son arrivée à la Rivière-Rouge, n’a pas manqué de remarquer immédiatement des signes de mécontentement qu’il a transmis au gouvernement canadien dans une lettre datée du 21 août 1869, qui contient l’extrait suivant (traduit de l’anglais) :

« Monsieur – j’ai l’honneur de vous signaler qu’en compagnie du Dr Schultz, je suis arrivé dans la colonie hier, vers les 14 heures… je constate un mécontentement considérable dans la population autochtone par rapport aux arpentages et aux établissements se produisant avant l’annulation des titres indiens… je suis satisfait que le gouvernement aura d’abord à entreprendre l’annulation du titre indien. Cette question doit être considérée de la plus haute importance. (…) Je me dois de réitérer ma conviction que nous n’avons aucun temps à perdre. »

Lcol Stoughton Dennis

Monseigneur Taché dans son journal « Encore l’amnistie », 1875 : 

[Taché fait valoir sa position que la question des droits et des titres de propriété des Métis et des premiers Canadiens français à la Rivière-Rouge à Sainte-Anne n’a jamais été réglée par le gouvernement canadien malgré qu’elle eût été soulevée par le Lcol Stoughton Dennis auprès de William McDougall, ministre responsable des Travaux publics, le 21 août 1869 dès son arrivée à la Rivière-Rouge pour commencer l’arpentage. Malgré les avertissements répétés par plusieurs individus à Ottawa au sujet des troubles qui sévissaient à la Rivière-Rouge, aucune mesure positive n’a été prise. Au lieu, une force militaire a été envoyée pour étouffer la rébellion. Ces notes sont dans les Réflexions de Taché de 1875 sur les « dépêches concernant la commutation de la sentence de Lépine », la Dépêche de Lord Dufferin du 10 décembre 1874 et sur la réponse du Lord Carnarvon datée du 7 janvier 1875]

Source : Taché, A.A. (1875). « Encore l’amnistie (The Amnesty Again, or Charges Refuted) » par Monseigneur Taché, archevêque de Saint-Boniface (p. 28). History of the Canadian Northwest, Western Americana, frontier history of the trans-Mississippi West, 1550-1900. Imprimé à la « Standard Office, 1871 ». Harvard University. Extrait le 22 juin 2020

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Le texte ci-dessous représente le contenu de la borne d’orientation n° 6 du projet commémoratif du sentier Dawson

Coteau Pelé

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Deux résidents métis dans un chariot croisent deux prêtres catholiques dans une automobile à Coteau Pelé sur le chemin Dawson, vers la fin des années 1920. Société historique de Saint-Boniface. 

Les crêtes sablonneuses, appelées « coteaux » en langue michif, qui s’étendent du nord-ouest au sud-est dans tout le Sud manitobain sont les vestiges des plages du lac Agassiz formées il y a 10 000 à 3 000 ans.

John Snow a fait de celle-ci, Coteau Pelé, la base d’opérations pour la construction du sentier Dawson de 1868 à 1871, une période charnière dans l’histoire du Manitoba. C’était une source importante de gravier pour la base de la route, selon Aurèle Proulx, le plus âgé des résidents. 

« Le coteau s’élevait autrefois de six à neuf mètres au-dessus de sa hauteur actuelle ». 
 

Équipement d’extraction de gravier abandonné sur le Coteau Pelé. Courtoisie Pierrette Sherwood (2020)

Les coteaux comme celui-ci s’avéraient propices pour les déplacements, le commerce, la chasse et le repérage par les Premières Nations depuis des millénaires. 

Ce coteau est également connu sous le nom de Coteau de Harrison, du nom d’une famille métisse avoisinante. Il en fut de même pour le Coteau Thurston à l’est d’ici, nommé pour un M. Thurston qui géra plus tard un magasin général sur le sentier. 

LE PLONGEON DE JOHN SNOW

John Snow, le surintendant sournois de la route, a construit un grand bâtiment pour les émigrants qu’il a appelé « Redpath », d’après le Montréalais John Redpath qu’il admirait pour sa fortune établie par le commerce de la canne à sucre cultivée par des esclaves. Snow traitait les travailleurs de façon terrible, avait des illusions de grandeur et s'imaginait que Redpath serait un jour une grande ville.

À l’automne 1869, en pleine Résistance de la rivière Rouge, quatre Teamsters travaillant sur le sentier Dawson se rendent au siège social de Snow pour réclamer le salaire retenu pour les journées d’inactivité liées à deux arrêts de travail. Les Teamsters n’aimaient pas que Snow les paie en provisions comme il le faisait avec les travailleurs anichinabés et métis. Les Teamsters l’ont battu et « plongé » dans le ruisseau à La Coulée. S’il n’y avait pas eu les deux frères métis robustes du nom de Harrison pour le sauver, il aurait sûrement péri. 

Snow se précipita à Fort Garry pour s’assurer que Thomas Scott¹, W. J. Allen, George Fortney et Francis Mogridge soient accusés de voies de fait. Scott et Fortney sont reconnus coupables. 

Snow tente de retourner à Redpath, mais la communauté s’y oppose. Le chef métis Augustin Nolin s’empare de lui, l’emmène à Fort Garry et l’accuse de plusieurs crimes, bien qu’il ne reçoive qu’une amende pour avoir vendu de l’alcool aux Premières Nations en échange de terres. Il a ensuite été chassé de la colonie pour ne plus jamais y revenir. 

Le « plongeon » de John Snow. Artiste : Robert Freynet (2022).

¹ Thomas Scott sera exécuté plus tard à Fort Garry sous d’autres accusations.

Capsule d'artiste

Doreen Peloquin

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Doreen a deux passions : la fabrication de papier et de courtepointes.

Sous le nom de Papier Doreen, elle crée du papier texturé avec des graines, des fleurs et des feuilles. Ce papier est utilisé pour des cartes de souhaits et de la papeterie.

Sous le nom de Sew What!, Doreen fabrique des tapis de table en courtepointe aux formes fantaisistes. Elle confectionne également des tabliers aux couleurs vives pour enfants et adultes. 
 

Pépite historique

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Plan de route suivi par le Corps expéditionnaire de la rivière Rouge du lac Supérieur à Fort Garry. Source : Dawson Trail, Planning and Construction, Engineers Geoscientists Manitoba. 

« À l’automne de 1867, un nuage de sauterelles était descendu sur la rivière Rouge et lorsque leurs œufs ont éclos le printemps suivant, ces insectes ont complètement dépouillé le pays, menaçant ainsi la région entière, la colonie, les Autochtones et tous les autres, de famine. Des fonds de secours ont été amassés au Canada, à Londres et aux États-Unis, et le gouvernement canadien profita de la situation pour mettre sur pied un projet de création d’emploi comme prétexte pour construire une route d’accès militaire entre le Fort Garry et le lac des Bois en vue de faciliter l’annexion des territoires de la baie d’Hudson.

Le chemin était un des projets de travaux publics de McDougall empreint de népotisme, mais lorsque Snow, nommé pour diriger le projet, est arrivé à la rivière Rouge, lui-même, John Schultz et un troisième Canadien, Charles Mair, ont formé un partenariat en vue de mener une escroquerie. »
 

« Dès le début, le projet fut confronté à toutes sortes de problèmes. Le terrain sur lequel on devait construire le chemin appartenait à la Compagnie de la Baie d’Hudson. Le gouverneur McDougall aurait dû avertir la compagnie et lui demander la permission de commencer la construction du chemin. Il ne fit ni l’un ni l’autre.

John Snow, le contremaître responsable de la construction du chemin, s’est vite fait des ennemis en changeant les limites fixées auparavant par Roger Goulet, arpenteur officiel du conseil Assiniboine. Il embaucha de la main-d’œuvre dans la région, surtout des Métis, pour la somme de 15 $ par mois, mais pas pour de l’argent comptant. Leurs gages consistaient en bons pouvant être échangés au magasin d’arpentage d’Oak Point (Sainte-Anne) où la marchandise se vendait plus cher qu’à fort Garry et duquel le Dr John Schultz aurait été en partie propriétaire selon l’opinion générale. »
 

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Sauterelles pendant l’épidémie de 1868 qui a ravagé la rivière Rouge au Manitoba. Glenbow : NA-2111-1. 23 juillet 1874. 

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Le texte ci-dessous représente le contenu de la borne d’orientation n° 11 du projet commémoratif du sentier Dawson

Petite-Pointe-des-Chênes

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La Maison McDougall (sans date), l’une des aires de repos du sentier Dawson. Barkwell, L. (2018). Historical Métis Settlements in Manitoba and Geographical Place Names. Louis Riel Institute 

Petite-Pointe-des-Chênes est l’endroit où les brigades métisses laissaient paître leurs chevaux et leurs bœufs sur les rives luxuriantes de la Seine.

Lorette était connue sous le nom de Petite-Pointe-des-Chênes par ses premiers habitants métis. Ils sont arrivés dans les années 1860, descendants de voyageurs et de chasseurs de bisons. Ils vivaient de la traite des fourrures et de la coupe de bois. Ils étaient connus pour leur expertise dans la construction des ponts en rondins du chemin.

Notre-Dame-de-Lorette est mentionnée dans les registres paroissiaux de Saint-Boniface en 1874, rebaptisée Lorette par Mgr Taché en l’honneur d’un prêtre français qui avait donné des fonds pour la cathédrale de Saint-Boniface. Ce changement de nom coïncide avec l’arrivée de Canadiens français du Québec et des États-Unis entre 1868 et 1882. 

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La première église de la municipalité de Taché est construite en 1879 sur le sentier Dawson. La Prairie Lagimodière fait don d’une cloche à l’église. Son fils Elzéar Lagimodière a construit l’autel. La deuxième église existe toujours aujourd’hui et a été construite en 1894. Société historique de Saint-Boniface.

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Rosalie Gauthier, née Germain (1834-1924), première maîtresse d’école de la municipalité de Taché et de la paroisse de Sainte-Anne. Société historique de Saint-Boniface. 

Maîtresse d'école bien-aimée de Lorette

La première école de la municipalité de Taché a été dirigée par l’enseignante Rosalie Gauthier à partir de 1862. Née au Québec en 1834, elle et son mari Jean-Baptiste ont traversé les plaines depuis Saint Paul, au Minnesota, avec le premier de leurs quatorze enfants en 1853.

En 1923, elle se souvenait que « notre maison ressemblait toujours à une école ». Elle raconta que c’était grâce aux femmes de la colonie qui l’ont aidée lorsque ses bébés sont arrivés qu’elle a pu continuer à enseigner à leurs enfants. Elle enseignait la lecture et l’écriture aux enfants pendant la journée et aux couples mariés le soir. C’est dans leur maison que se déroulent les premières réunions municipales. Jean-Baptiste en était le secrétaire.

Aujourd’hui, une croix se dresse à l’endroit où se trouvait autrefois la maison des Gauthier, la première école, le premier siège municipal, la première chapelle et le premier hôtel de Lorette. 

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La première école de Lorette, utilisée plus tard comme entrepôt de semences par la famille Turcotte. Il n’est pas certain qu’il s’agisse de la maison des Gauthier. Société historique de Saint-Boniface. 

Capsule d'artiste

Karen Jonsson

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Alors que Karen passait ses étés d'enfant à explorer les rives du lac Winnipeg, à ramasser des pierres et à déterrer l'argile qui se trouvait en dessous, une alchimiste était née.

Découvrir les couleurs brillantes des pierres et regarder ses petites créations en argile résister à la chaleur du feu de camp a été le terrain d'entraînement de la potière qu'elle est devenue aujourd’hui.

Dans son atelier de campagne, Karen fabrique des poteries décoratives et fonctionnelles pour la maison et le jardin, telles que des pots de fleurs, des bains d'oiseaux, de grands pots de jardin, des plats de service, des tasses, des bols, des chandeliers, etc. Sa poterie artistique est un cadeau idéal pour toute occasion.
 

Pépite historique

Femme crie-méchif avec sa charrette de la rivière Rouge. Photo du Galt Museum & Archives on the Commons sur flickr P19640164000… 1885 24,5 x 19,5 cm. Épreuve en noir et blanc. Femme crie non identifiée debout près de son cheval attelé à une charrette de la rivière Rouge. Hutte de bois à l’arrière-plan. Écrit au verso : « Charrette de la rivière Rouge et Washie Joe ». Extrait le 1ᵉʳ juillet 2020 de flickr.com

« Les femmes métisses joueront un rôle central dans le commerce de la fourrure. En effet, les commerçants haut placés les épousaient en raison de leurs liens avec les communautés autochtones et métisses. Certaines d’entre elles, d’un parent métis ou anglais, se marient à de hauts fonctionnaires et intègrent ainsi « l’aristocratie de la rivière Rouge ». Les Métisses francophones, quant à elles, épousent le plus souvent des travailleurs des sociétés commerciales; des voyageurs canadiens (français), par exemple. Le rôle de ces femmes s’est avéré crucial, car elles fournissaient légumes, baies, poisson et gibier aux postes de traite. Elles ont fabriqué et vendu également des objets confectionnés à la main comme des courtepointes et des ceintures fléchées. »

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« Femme métisse non identifiée. Selon les archives du photographe, cette femme « de sang-mêlé » était domestique au service du lieutenant-colonel Brown Chamberlin, commandant du 60e Bataillon de Missisquoi durant les invasions des fenians. À l'époque, la plupart des femmes se faisaient photographier vêtues de leurs plus beaux atours; celle-ci porte plutôt un châle tissé, symbole de son appartenance à la communauté métisse. » Source : Bibliothèque et Archives Canada/Topley Studio fonds/e011156893. Portrait d’une femme métisse arborant un châle de laine, Ottawa, Ontario, janvier 1886. Extrait le 29 juin 2020 de Virtual exhibition - Hiding in Plain Sight - Library and Archives Canada.

« Les femmes métisses ne cousaient pas seulement pour vêtir leur famille, mais aussi à l’intention des postes de traite ainsi que pour les nombreux voyageurs de passage dans l'Ouest. Ces femmes étaient indispensables au bon fonctionnement de la traite des fourrures : elles étaient, certes, des compagnes pour les hommes, mais aussi des ouvrières qui transformaient la viande en pemmican et les peaux en vêtements. En fait, elles étaient de véritables couturières, car elles confectionnaient les gants, les chapeaux, les jambières, les mocassins et les manteaux que les hommes portaient aux postes de traite ou tout simplement dans leurs communautés. Les Métisses accompagnaient aussi certaines expéditions comme par exemple, celle de sir John Franklin dans l'Arctique, pour laver, coudre ou rapiécer les vêtements.

Leur travail était aussi très prisé par les voyageurs qui passaient dans l'Ouest canadien, car le style des vêtements s'inspirait à la fois des traditions autochtones et européennes. Parfois, la demande était si forte que ces hommes de passage avaient du mal à obtenir leurs produits à temps. Les noms de quelques-unes de ces femmes restent d'ailleurs célèbres dans certains écrits du fait de la qualité de leur travail, notamment ceux de Charlotte Sauvé, de Nancy Labombarde (née Kipling) et de Marie Rose Delorme Smith. Alors que la plupart des vêtements étaient portés, comme les capots bleus (qu'on ne retrouve d'ailleurs pas dans les musées), certains manteaux de cuir étaient confectionnés exclusivement pour être ensuite placés dans des musées. Après 1870, les femmes préfèrent travailler avec des tissus importés plutôt qu'avec le cuir. En outre, il n'est pas rare qu'elles répondent aux besoins et à l'esthétisme de leurs commanditaires. Quoique surpris au premier abord, certains de ces visiteurs se laissent tenter par la mode environnante et finissent par l'adopter. C'est le cas notamment de George Winship qui, dans les années 1867, disait ne pas aimer le style de la rivière Rouge, mais qui s'en entichera finalement. »
 

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Manteau en peau de daim de style métis de la rivière Rouge (ayant appartenu à Louis Riel) et jambières (mitasses) ornées de broderie de perles à motifs floraux. Un manteau semblable est en exposition au Musée Dawson Trail Museum de Richer au Manitoba. Source : First People of Canada. (2007). Canada’s First Peoples: The Métis. Goldi Productions Ltd.

« Les femmes métisses prenaient le cuir et les fourrures du pays et faisaient des vêtements avec ces tissus autochtones à partir des styles de vêtements européens plutôt que de garder la coutume des grandes robes flottantes ou des couvertures immenses. L’ameublement et les ustensiles métis, tout comme leurs vêtements, étaient un mélange des styles autochtone et européen. Dans les postes de traite, elles pouvaient se procurer marmites et poêles de fonte, bouilloire de cuivre, assiettes en fer-blanc, tasses, coutellerie et couvertures. Pour leurs autres nécessités, elles se les fournissaient elles-mêmes à partir de matériaux trouvés dans la nature.

Les multiples usages des animaux indigènes étaient essentiels au mode de vie des Métis. Les peaux de bison et de gibier étaient coupées et cousues pour fabriquer des contenants, des pots et des sacs d’entreposage. Des paniers et d’autres contenants étaient fabriqués à partir d’écorce de bouleau et cousus avec des racines d’épinette. Les os de lapins et d’autres petits animaux étaient vidés, nettoyés puis bouchés aux deux extrémités pour contenir des aiguilles. L’estomac de petits animaux, lorsque nettoyé et séché, faisait  d’excellents sacs étanches. La babiche était communément utilisée pour coudre. Longue et filandreuse lorsque séchée et séparée, elle constituait un fil pratiquement impossible à casser. On obtenait aussi de la colle en faisant bouillir les sabots et les cornes d’animaux.

Les Métis fabriquaient des assiettes à partir de l’écorce de bouleau et façonnaient des massues ou des marteaux de bois, de pierre ou de roche en les broyant patiemment contre une autre pierre. Avec une massue, on pouvait broyer de la viande de bison et des baies sauvages sur une pierre creuse pour en faire du pemmican. Les peaux de bison servaient de couvertures et de tapis, et lorsqu’on avait des retailles de tissu, on pouvait fabriquer une courtepointe en rassemblant tous les petits morceaux en drap, en le cousant en forme de sac puis en le remplissant de plumes ou de duvet. Tout comme leurs sœurs (femmes des Premières Nations des plaines), les femmes métisses ajoutaient des motifs colorés sur des articles de tous les jours. Parfois, c’était pour des raisons spirituelles, mais souvent c’était simplement par amour du décor. »

Métis Family Services, 2020

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Le texte ci-dessous représente le contenu de la borne d’orientation n° 4 du projet commémoratif du sentier Dawson

Coulée de Saint-Onge

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Fermier métis et chasseur de bisons à la Coulée de Saint-Onge, Manitoba,
fin des années 1870. Artiste : Robert Freynet (2022)

La Coulée de Saint-Onge, ou St. Onge’s Creek, doit son nom à une famille métisse qui s’est établie ici et qui s’appelait Saint-Onge, parfois orthographié « Saintonge ». Le ruisseau provient des marécages situés à trois quarts de mille (1,21 km) au sud d’ici, à savoir la tourbière de la Tête-ouverte, entre ici et Marchand. Au nord du sentier Dawson, le ruisseau rejoint la rivière Brokenhead. La communauté de Coulée de Saint-Onge a été construite autour d’un pont en rondins de bois et d’un atelier de réparation de sabots sur le sentier Dawson. C’était le premier camp des brigades de charrettes métisses après la Pointe-des-Chênes (Sainte-Anne) en s’en allant vers le lac des Bois. Les crêtes sablonneuses qui divisent les tourbières ou muskegs de la région sont le grand Coteau des Chênes, à l’ouest, et le Coteau à Robert, à l’est, qui servait également de route vers « la mine », un autre ruisseau du côté nord du sentier Dawson. La « Coulée de la mine » tire son nom d’une pellicule huileuse ou d’une substance minérale qui flotte naturellement à la surface de l’eau à cet endroit. À trois milles (3,83 km) au sud-ouest d’ici se trouve le lac à Bossé nommé en l’honneur de la famille Bossé qui y vivait parmi d’autres familles métisses. Il était connu pour son eau douce et ses petits poissons ressemblant à des saumons. C’est pourquoi on l’appelle en anglais Salmon Lake. Dans les années 1950, le coteau environnant a été utilisé pour extraire du gravier et en faire la base des deux premières voies de l’autoroute transcanadienne. 

Joseph Cashawa sauvant la famille Godard en 1897 en la mettant à l’abri au lac à Bossé avoisinant. Artiste : Robert Freynet

Cashawa - héros du grand feu de 1897

Le grand incendie de 1897 frappa la région le 2 octobre, détruisant ainsi ce qui restait de la forêt ancienne qui avait brûlé en 1863. Le feu avait commencé dans la prairie, loin au sud, et brûla à travers La Broquerie, Thibaultville (Richer) et la Coulée de Saint-Onge. Les hommes étaient partis travailler quand le feu frappa. Mme Godard courut au champ pour emmener les animaux à l’étable et travailla toute la journée pour faire un coupe-feu autour de leur champ d’avoine, mais le feu était si violent qu’il ne pouvait être arrêté. Elle fit descendre ses six enfants dans la cave de la maison pour les mettre en sécurité. Un homme Anishinaabe nommé Cashawa, originaire de Fort Alexander, aujourd’hui la Première Nation Sagkeeng, et vivant à Sainte-Anne, guidait deux hommes belges le long du sentier Dawson lorsqu’il les aperçut à distance. Il s’est précipité pour les sortir, arrivant juste à temps avant que le toit ne s’effondre. Il a pris le bébé sous son bras et les conduisit au lac à Bossé à travers la fumée et les flammes, alors que la maison, leur écurie, leurs chevaux et leurs harnais furent enveloppés par les flammes. Joseph Cashawa recevra une médaille de bravoure pour cet acte de courage qui lui a presque coûté la vue. Avant cela, il fut guide pour le missionnaire père Giroux qui devint une influence de Saint-Anne à Rainy River et qui sera nommé prêtre missionnaire à Saint-Alexandre en 1868. Joseph Cashawa était décrit comme un homme de foi et de bravoure. 
 

Capsule d'artiste

Bella Savoie Kraska

Bella est née à Lorette, au Manitoba. Après avoir terminé ses études secondaires, elle a étudié l’art commercial à Tec Voc. 

Alors qu’elle travaillait au service de la publicité chez Eaton, elle a suivi des cours de dessin et de sculpture au Art Symposium, où elle a développé un sens de la forme et du design.

 

Sa connaissance de la couleur et de la texture, combinée à son expérience en techniques marchandes, allait devenir particulièrement précieuse lorsqu’elle a ouvert la Boutique Flavie, sa propre boutique de mode exclusive, qu’elle a dirigée pendant plus de 20 ans. 

À sa retraite, Bella a suivi des cours d’aquarelle avec plusieurs professeurs de renom, à Winnipeg, en Espagne et au Mexique. En fin de compte, l’acrylique est devenu son médium de prédilection, bien que l’aquarelle ait sa place de temps en temps. 

Le grand amour de Bella pour la nature l’amène à marcher dans la zone très boisée située près de sa maison à Lorette. Elle croit que nous sommes tous nés créatifs (Maya Angelou). 
 

Pépite historique

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Sarah McQuade (née Whiteford) et son époux Henry McQuade Sr. vers les années 1870. Source : Heather, D. (1968). Prairie Grove 1872-1968 (p. 493). Archives de l’UM. Manitoba Local Histories. Extrait de http://hdl.handle.net/10719/3101128

« Arrivées en femmes adultes avec des enfants pour aider à fonder des fermes dans le nouvel Ouest, Mme Henry McQuade et Mme Mark Graham vivent maintenant à Winnipeg (1923). Mme Graham est arrivée sur le chemin Dawson, la route la plus difficile. Quant à Mme McQuade, elle fit la route de façon plus coutumière en passant par Duluth jusqu’à Moorhead, puis en descendant la rivière Rouge dans un bateau d’arpenteur. La famille McQuade a installé ses tentes sur la rue Water où elle passa son premier été. M. McQuade prit alors une concession à Prairie Grove au prix de 10 dollars, qu’il vendit trente-six ans plus tard pour la somme de 10 000 $. Pendant ces trente-six ans, Mme McQuade donna naissance à neuf enfants et aucun médecin n’est venu chez elle. Le maître des postes pendant toutes ces années était un fermier canadien-français du Québec nommé Desaultels. »

Winnipeg – Winnipeg Digital Public History. (2020). « Settlers arriving in camp» (Les colons arrivant au camp) Manitoba (avant 1909). «Past Forward», the Rob McInnes Postcard Collection. Extrait le 4 juin 2020 de http://pastforward.winnipeg.ca/digital/collection/robmcinnes/id/6588/rec/11

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