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Quand j’ai rencontré Patricia, ma curiosité a tout de suite été piquée. J’avais entendu plusieurs témoignages assez tristes d’enfant de militaires, de missionnaires ou de diplomates qui avaient subi contre leur gré de constants déménagements dans leur enfance et leur adolescence. La plupart déploraient l’incapacité de rester assez longtemps à un endroit pour s’y faire des amis ou pire, le harcèlement vécu à l’école, le lot des nouveaux élèves et des « étrangers ». La plupart éprouvaient beaucoup de ressentiment envers ce rythme de vie et ne rêvaient que de stabilité pour eux-mêmes. 

Or, Patricia me semblait une personne épanouie, heureuse de me parler de son enfance et de son adolescence dans divers pays, et surtout, elle avait emboîté la carrière de ses parents en orientant ses études vers les sciences politiques, les relations internationales et la politique étrangère. Elle venait d’être sélectionnée pour représenter le Canada à l’Assemblée des jeunes au mois d’août, à New York. Elle fera ainsi partie d’une délégation de jeunes Canadiens qui s’unira aux représentants de plus de 100 pays pour former un réseau international de jeunes leaders et d'acteurs du changement. Voici donc Patricia Kumbakisaka, qui a gracieusement accepté de répondre à nos questions. – Jacinthe Blais
 

Les premières années

D’où viennent vos parents?

Mes parents sont tous deux originaires de la République démocratique du Congo qu’ils ont quittée en 1984 pour agir à titre de représentants diplomatiques de leur pays qui, à l’époque, s’appelait le Zaïre. Du Congo, ils sont allés à Bucarest en Roumanie et j’y suis née quelques années plus tard. Mon grand frère et ma grande sœur, eux, sont nés à Kinshasa, au Congo. Quand la famille a déménagé en Roumanie, ils étaient tout jeunes et lorsque je suis née, ils avaient 10 et 12 ans.

 

Où avez-vous passé les premières années de votre vie?

Quand j’avais trois ans, nous avons déménagé à Athènes, en Grèce, et c’est là où j’ai vraiment grandi. Nous y avons vécu pendant sept ans et j'y ai fait mon école primaire, de la maternelle jusqu’à la moitié de la 5ᵉ année. Mes parents avaient décidé de me placer dans une école publique grecque au lieu d’une école où vont généralement les enfants de diplomates, parce qu’ils voulaient que je puisse (ainsi que mon frère et ma sœur) comprendre la culture du pays. Le mandat de mes parents étant de vivre plus de cinq ans en Grèce, cela valait la peine d’apprendre la langue du pays. C’était une très bonne idée et je suis contente de leur décision d’avoir choisi une école grecque au lieu d’une école française ou anglaise. Ce fut vraiment une expérience formidable pour moi d’apprendre la culture, la langue, voir comment le peuple vit… j’y ai vécu les meilleures années de mon enfance. C’est pour cela que la Grèce occupe une place très spéciale dans mon cœur. Bien sûr, la Roumanie aussi, car c’est mon pays de naissance, mais je me sens plus connectée avec la Grèce parce que c’est là où j’ai vraiment grandi. Tous mes souvenirs d’enfance viennent de là. 

 

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Patricia avec quelques-unes de ses amies à l’école primaire grecque.

 

Avez-vous souffert de marginalisation dans cette école grecque?

Non, franchement, non. En plus, j’étais la seule noire à l’école primaire, donc, tout le monde se souvient de moi! Mais je n’ai jamais vécu d’expérience de racisme ou de discrimination. Bien sûr, parce qu’ils n’avaient jamais vu de personne de peau noire, les gens me regardaient beaucoup! J’avais beaucoup d’amis, les professeurs étaient gentils, mais assurément, les gens me regardaient par curiosité et je me souviens de ce que mes parents m’avaient dit, avant mon premier jour d’école : « Tu sais que tu seras probablement la seule noire et les gens vont te regarder. Mais que ça ne te gêne pas, s’ils regardent, ce n’est pas dans le mauvais sens, c’est parce qu’ils ne sont pas habitués à voir des gens d’autres couleurs. » En ce temps-là, il n’y avait pas vraiment beaucoup de diversité en Grèce à part les touristes. Les étrangers de race différente qui y vivaient, à part les diplomates et les militaires, étaient peu nombreux. De nos jours, la situation est totalement différente. 

 

Vos parents voyageaient-ils beaucoup?

Oui, ils se sont rendus dans d’autres pays à l’occasion de fonctions diplomatiques, pour assister à des conférences, participer à des rencontres, etc. souvent dans des pays balkaniques. Même avant ma naissance, avant la Roumanie, ils sont allés en Russie et en Bulgarie pendant quelques mois. Une autre fois, mon père s’est rendu en Autriche seul. 

 

Enfant, vous est-il arrivé de vouloir accompagner vos parents à ces fonctions?

Oui. Et d’ailleurs, je les ai souvent accompagnés lorsqu’il y avait des réceptions de diplomates qui avaient lieu à Athènes. Par exemple, mes parents ont rencontré l’ancien premier ministre de la Grèce Konstantínos Mitsotákis (moi aussi, mais j’étais vraiment trop jeune pour m’en souvenir) et le premier ministre actuel, son fils, Kyriákos Mitsotákis. Donc, je les accompagnais dans des galas, des réceptions et j’ai rencontré beaucoup de hauts fonctionnaires, des diplomates… et lorsque ceux-ci amenaient leurs enfants, j’ai pu créer des liens avec eux. Malheureusement, je ne pouvais pas poursuivre ces relations en dehors de ces événements, parce que presque tous ces enfants allaient dans une école anglaise ou française, personne d’autre que moi ne fréquentait une école grecque. 

 

Le mois prochain : Langues parlées

 

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