La Liberté
ENTREVUE AVEC SOPHIE GAULIN, directrice générale et rédactrice en chef
Le pied dans la porte
Suite à un premier séjour au Manitoba en 2004, je suis revenue m’y établir pour de bon deux ans plus tard. J’y avais trouvé beaucoup de paix et les gens accueillants et gentils. Ayant passé une grande partie de mon enfance et de mon adolescence en bâteau avec mon père, en mer, je retrouvais ici les grands ciels ouverts.
Je souhaitais changer de métier et, dans ma démarche de recherche d’emploi, j’ai rencontré Mariette Mulaire du Conseil de développement économique des municipalités bilingues du Manitoba (CDEM). Je lui dit que le journalisme me passionnait et elle m’a mise en contact avec Sylviane Lanthier, la directrice de La Liberté. Celle-ci ne recrutait pas vraiment, mais après deux heures d’entrevue, elle m’a donné un boulot. Mon seul but était de mettre le pied dans la porte, parce que c’est un monde qui me fascinait.
Ma tâche préférée
Être rédactrice en chef, c’est ce que j’aime le plus. Je suis une passionnée de contenu et j’aime pouvoir donner la parole aux gens, écouter leurs histoires. Je trouve le travail de journaliste stimulant, et l’adréline que ça me procure est très positive. Ça amène une forte créativité.
J’aime créer des projets, en imaginer les détails, les suivre et être satisfaite du résultat. Par exemple, j’ai eu l’idée de faire une série de balados sur la diversité… eh bien tu n’as pas idée à quel point je suis fière du travail de nos journalistes et de l’équipe technique. Ils ont fait un travail d’équipe phénoménal, et ce genre de produit où les gens se livrent et ouvrent les portes et l’esprit des autres, c’est ce qui me passionne.
Première série de balados intitulée Autres regards
2. La diversité culturelle : l'interculturalisme
3. La diversité culturelle : la transmission culturelle
4. La diversité sexuelle et de genre : le genre non-binaire
Pourquoi surtout des « étrangers » à La Liberté?
J’aime qu’on me pose la question directement, parce qu’on le sent que c’est une grande interrogation chez plusieurs personnes. Un des plus gros problèmes, c’est l’absence de programme de journalisme en français dans tout l’Ouest et le Nord du Canada. Et, pour attirer les jeunes formés au Québec et dans l’Est du pays, La Liberté est en compétition avec Radio-Canada et tous les autres médias francophones du Canada en entier.
De plus, les gens d’ici ne répondent pas à nos offres d’emploi, même si l'on n’exige pas d’être journaliste de formation. Nous devons donc annoncer sur les sites Web dédiés aux gens qui veulent immigrer au Canada, et eux y répondent en grand nombre. Une fois qu’ils sont au Manitoba, ils le voient comme moi je l’ai vu, c’est-à-dire comme une belle terre d’accueil, avec du soleil tout le temps.
ENTREVUE AVEC MARC MARION, président du CA de Presse-Ouest
Le grand défi de La Liberté et des idées de solutions
Un de nos grands défis est de trouver des journalistes, de la main-d’œuvre francophone. Une main-d’œuvre non seulement capable de travailler en français, mais de bien écrire en français. Nous trouvons bien des candidats à l’aise de s’exprimer oralement en français, mais qui ne le sont pas du tout lorsqu’il s’agit d’écrire. Y a-t-il un manque de confiance? Est-ce uniquement un problème de formation? Nous avons souvent tenté de démarrer des programmes en français avec l’Université de Saint-Boniface, mais pour cela, il faut qu’il y ait un intérêt.
Nous sommes actuellement en train d’explorer l’idée de la création d’un fonds d’études avec Francofonds qui contribuerait à des bourses dédiées à des étudiants locaux souhaitant étudier en journalisme, comme cela existe dans d’autres domaines comme le droit ou la médecine. Le principe est le suivant : une partie des études est payée et en contrepartie la personne dédie de trois à cinq ans dans une région donnée. Nous voulons donc encourager des jeunes intéressés au journalisme à étudier ailleurs et à revenir nous faire profiter de leur formation en subventionnant les coûts.
Pourtant, malgré toute notre bonne volonté, il demeure quasi impossible de retenir nos bons journalistes, face à la concurrence déloyale du géant Radio-Canada qui ne se gêne jamais pour venir leur offrir des conditions mirobolantes, ou en tout cas bien meilleures que ce que La Liberté est en mesure de fournir, pour les attirer chez eux. Je trouve que c’est une grande injustice parce que les organismes locaux sont vitaux, ils font partie de notre société.
TÉMOIGNAGES
[...] tout en reflétant qui nous sommes [...] ce journal nous montre aussi ce que nous pourrions être [...]
- Bertrand Nayet
Photo : Marcel Druwé
Photo : Marta Guerrero
QUELQUES RENSEIGNEMENTS¹
-
La Liberté paraît tous les mercredis dans un format papier et numérique.
-
Elle a été fondée en 1913 par Mᵍʳ Langevin, évêque de Saint-Boniface.
-
Elle appartient à Presse-Ouest ltée depuis 1970.
-
Elle est devenue un organisme à but non lucratif et une organisation journalistique qualifiée en 2021.
-
Les coordonnées du journal :
- site Web : https://www.la-liberte.ca/
- édition numérique : http://numerique.la-liberte.ca/la-liberte
- page Facebook : https://www.facebook.com/LaLiberteManitoba